LOZNITSA – KROTKAYA

Après une belle montée des marches, Clap 8 assiste à l’avant première mondiale du film Ukrainien Une femme Douce, réalisé par Sergei Loznitsa.
Ce film conte l’histoire d’une femme russe qui se voit retourner un colis qu’elle avait envoyé à son mari emprisonné. Cette femme est déterminée à traverser le pays afin d’apporter ce paquet, rempli de produits de première nécessité, à son époux. Une traversée qui n’est pas sans embuches car elle confronte notre protagoniste à la misère qui se glisse dans les moindres facettes du quotidien.
Cette femme, froide, distante mais malgré tout attachante fait preuve d’un courage sans faille en résistant aux rejets de l’administration, aux menaces des soldats, aux avances des proxénètes ainsi qu’aux fouilles policières. Elle ne rencontre pas une seule personne de confiance car dans cette ville au business pénitencier, tout n’est que complot.
C’est derrière ces scènes longues aux détails multiples que l’on sent une très forte envie de dénonciation de la part du réalisateur. La corruption, les viols, la prostitution, la cruauté et les emprisonnements politiques, tout cela est montré de façon très brutale. Sergei Loznitsa dévoile au grand écran, une réalité des pays de l’est très peu connue du monde politique actuel. Il compare la Russie à une prison et dote tous ses protagonistes d’une audace impressionnante.
D’un œil cinéphile, ce long métrage de 2H30 peut impatienter les férus d’intrigue. Des personnages gênants aux dialogues sans fin s’opposent à l’absence de parole de l’héroïne, ce qui peut perdre les spectateurs. C’est sans doute ce qui a divisé le public car à la fin de la diffusion au Grand Théâtre des Lumières, où étaient présent les acteurs, deux foules opposaient applaudissements et hululements.
On vous laisse appréciez…. ou pas. C’est à vous de juger !

 

Kenza Hamnoune

La route qui mène aux marches !

J’ai toujours associé le Festival de Cannes au prestige des célébrités qui montent chaque année ces marches.

Il n’est donc pas étonnant que ce que j’ai voulu mettre dans ma valise est sans surprise une paire de talons. Le genre que seul le Festival aurait pu me pousser à acheter. J’y ai ajouté une paire de spartiates au cas où, n’ayant pas encore validé mon permis talons. Deux robes de soirée, et j’étais fin prête.

Coup de chance…

Pour obtenir une invitation à monter les marches, le Festival a prévu un système de tirage au sort. Imaginez un APB de la Croisette. Nous savions déjà dès notre arrivée que les séances de Gala étaient plus dures à obtenir. C’est pourquoi, après avoir été prévenue que plusieurs personnes de l’équipe avaient eu une réponse positive à leurs vœux, j’ai été déçue de ne pas trouver de carrés verts dans mon espace personnel. C’était désespérément orange : loin du rouge écarlate des marches.

J’étais encore surprise quand un homme m’a remis une invitation. Good time, à 22h30.

Préparation

Après deux films, je m’étais réservée un moment pour me reposer et prendre vraiment le temps de me préparer. Le coup de fer à repasser n’a pas survécu au voyage. Ma robe noire était froissée. Mes talons se sont révélés trop haut ; pas grave, je vais faire le chemin en spartiates. Le vernis sur mes mains a refusé de sécher : j’ai choisi de tout retirer. Mes cheveux ont refusé d’être hydratés, la robe remontait. Et quelles cernes ! Il était 21h10 quand je suis sortie. En retard, bien entendu.

Fermeture de l’accès à 21h45

Consciente d’être en retard, je marche vite puis je cours, ma pochette dans une main, ma paire de talons dans l’autre. Je ne ressemble à rien, je suis stressée. Il faut que je trouve un endroit où enfiler mes talons une fois le palais visible, en pleine rue. Autant ridicule qu’une femme en robe de soirée courant avec sa paire de talons dans les mains. Mais moins, qu’une femme qui rate une montée des marches.

Une fois en talons je suis grandie d’assurance. Il est 21h25 et je suis à l’heure. Au moment de passer, les agents de sécurité demandent à une dame devant moi « vous comptez aller à la plage ? » et je me réjouis d’avoir autant pris cette mission au sérieux.

Les marches rouges

Ma mission était de rattraper des stars, je ne les verrai que de loin. Notre parcours nous raccourcit le tapis rouge, de toute façon les célébrités arrivent après notre entrée. Nous avons une interdiction formelle : les selfies. Il est tentant de refuser d’avancer. Impossible, car les hôtesses n’hésitent pas à vous réprimander. Néanmoins tout le monde veut sa photo : surtout moi. J’y parviens sans trébucher, sans tomber, ce qui était ma peur.

Mon ascension aura duré moins de trois minutes : déjà je suis à l’intérieur.

L’excitation, le stress et la joie retombent pour faire place à une pointe de déception : c’est donc cela, les marches ?

Ecrit par Fanta Loial

photo : Charlotte Ulles

120 battements par minute : La véritable révélation de ce Festival de Cannes

Si “The Square” a remporté la Palme d’Or, il y a un autre film qui a marqué les esprits dans cette sélection officielle terne et sans saveur : “120 battements par minute” de Robin Campillo, qui s’est vu décerné le Grand Prix du Jury ainsi que la Queer Palm. Puissant et éloquent, 120 BPM raconte l’histoire de Nathan qui s’engage au sein de l’association Act Up Paris, créé dix ans après le groupe américain et connu pour ses actions coup de poing afin d’éveiller les consciences sur l’épidémie du sida au début des années 90. Il y rencontrera des gens différents et émouvants et parmi eux, Sean, un jeune séropositif qui va bouleverser sa vie.

Une réalisation maîtrisée et un casting impeccable

Robin Campillo nous livre un petit bijou cinématographique qui joue tant sur la rythmique de la musique que sur les pulsations du cœur. La caméra suit cette jeune génération broyée par l’épidémie du sida, vivant dans la peur et criant à l’aide. À une époque où l’homophobie fait rage et où l’indifférence générale est absolue face à cette maladie, c’est la fureur de vivre de ces jeunes militants qui ressort plus lumineuse que jamais dans une atmosphère pourtant si sombre et mortifère.

Le réalisateur réussit à nous impliquer dans leur combat et à nous atteindre en plein cœur sans tomber dans le pathos et les clichés larmoyants. Nos émotions les plus profondes et les plus primaires ressortent naturellement grâce à des plans maîtrisés et des moments de vérité saisissants : des scènes de sexe aux débats houleux en passant par les opérations militantes à coup de jets de faux sang et les explications médicales résolument pédagogiques. Le film, qui dure pourtant 2h20, passe à une vitesse folle avec des transitions éclatantes jouant sur le flou et la lumière électrique, à l’image des vies de nos protagonistes : un avenir incertain mais une énergie débordante.

Le seul nom connu au casting est celui d’Adèle Haenel, qui tient ici un rôle secondaire juste, soutenant parfaitement l’intrigue – l’actrice laissant volontiers la place aux autres comédiens de briller. Les deux acteurs principaux, Nahuel Perez Biscayart et Arnaud Valois, quant à eux, crèvent l’écran avec leurs personnalités si différentes mais si complémentaires. Bien sûr, l’association ainsi portée à l’écran met en lumière d’autres membres intéressants qui font d’Act Up Paris une famille unie dans la lutte contre la maladie, accueillant et s’occupant des minorités touchées par le sida à l’époque : les gays, les lesbiennes, les trans, les prostitués, les toxicos mais aussi les détenus.

 

La vérité humaine de plein fouet 

Évidemment, toute famille connaît ses moments de ruptures et celle d’Act Up Paris n’y échappe pas, se déchirant sur certains sujets houleux. Robin Campillo était lui-même un membre d’Act Up et a révélé en conférence de presse qu’il avait lui aussi habillé le cadavre d’un ami mort du sida. Le réalisateur projetait depuis un moment de faire ce film et on ne peut que le remercier de l’avoir enfin mis en boîte. “120 battements par minute” est une œuvre résolument organique qui nous met une énorme claque en pleine figure.

Pourquoi le titre “120 battement par minute” ? Parce que c’est un film qui nous transporte, qui nous transperce et accélère notre rythme cardiaque en nous bouleversant par un témoignage criant de vérité sur notre société passée et actuelle. Parce qu’on est touchés en plein cœur par le rythme effréné de ces militants d’Act Up vivant à 100 à l’heure, malgré la maladie, pour faire entendre leur cause et sensibiliser la population sur le sida. Parce que cela correspond au nombre de beats par minute de la musique house des années 80-90 qui a bercé toute une génération de fêtards et la communauté homosexuelle vivant comme des oiseaux de nuit – « Smalltown Boy » de Bronski Beat résonnant comme un hymne à la vie dans le film.

Alors pourquoi le jury du Festival de Cannes n’a pas donné la Palme d’or à ce film qui détonne dans cette sélection plutôt morose ? C’est une bonne question surtout quand on apprend dernièrement que Pedro Almodovar voulait lui décerner la précieuse récompense. Il a été très touché par “120 battements par minute” et a insisté sur l’importance de ce film : “Campillo raconte l’histoire de vrais héros qui sauvent de nombreuses vies”. Visiblement, le président du jury n’a pas su convaincre les autres membres. Et c’est bien dommage. Un tel film est nécessaire et fait terriblement écho au contexte politique actuel : de l’acharnement de la Manif pour Tous en France à la mise à mort des homosexuels en Tchétchénie, le chemin vers la tolérance et l’égalité est encore malheureusement parsemé d’embûches.

“120 battements par minute” sort au cinéma le 23 août 2017. Courez-y.

 

Écrit par Mégane Choquet

 

The Square – Une Palme d’or confuse

Il y a Christian, conservateur d’un musée d’art contemporain à Stockholm, et puis il y a les autres. Ces personnages secondaires qui vont et viennent en alimentant subtilement la descente aux enfers de cet homme à l’apparence bien trop respectable.

Un film de 2h20 qui en laissera perplexe plus d’un. Une heure et demie de séquences digne d’un chef d’oeuvre cinématographique suivi d’une sortie de route impardonnable du réalisateur qui nous perd à tout jamais au plus profond de l’ennui.

Habitués à pleurer devant les films palmés à Cannes, The Square, bourré d’humour noir nous fait rire aux éclats. Et quel plaisir de rire enfin ! Toute la première partie fait la critique poignante de l’art moderne, pour le plus grand bien de tous. Malheureusement, le personnage de Christian entraîne dans sa chute le ton satirique du film et laisse place à une heure de séquences de contemplation, lentes, dénudées d’intrigue et d’intérêt. A se demander si le réalisateur ne finit pas par faire sombrer son propre film dans ce qu’il dénonçait avec férocité jusque là.

Pourtant, The Square n’est pas seulement un film, et s’apparente à une sorte de tableau. Chaque plan finement travaillé est d’une esthétique irréprochable, subtile et surréaliste à laquelle il est difficile de rester indifférent. Et c’est certainement la meilleure raison pour laquelle ce film vaut le coup d’être vu sur grand écran.

Une Palme d’or peut être mérité, mais qui n’a pas fini de diviser. Et lorsque Ruben Östlund est venu chercher son prestigieux trophée, il a dit avoir voulu faire durer encore plus longtemps le film. Heureusement, nous avons échappé au pire.

 

Clémentine Imperial-Legrand

Interview Pierre Vavasseur – Journaliste et critique cinéma au Parisien

Samedi, 18h sur la terrasse de l’hôtel Croisette Beach. Entre deux projections, l’équipe Clap8 a rencontré Pierre Vavasseur, journaliste et critique cinéma pour Le Parisien – Aujourd’hui en France. Un journaliste passionné et fidèle depuis 30 ans au Festival de cinéma qu’il défini comme « le plus proche du rêve ».

C : Que faites-vous à Cannes ? Quel est votre rôle dans le journal Le Parisien ?

P : Je viens à Cannes depuis 30 ans. Ce que prouve ma carte soirée presse (montre sa carte noire, qui donne accès à tous les événements de Cannes).

Je fais tout ce qu’on fait quand on est à Cannes : je vois des films, je les commente, je fais des interviews, des critiques, je rencontre les acteurs et actrices. J’essaie de rendre compte chaque jour de l’actualité de Cannes dans le journal Le Parisien-Aujourd’hui en France. C’est un journal qui s’intéresse à tout et qui vise tous les publics. On est quatre à le faire.

 

Qu’est-ce qu’une bonne critique de cinéma ?

Bonne question ! Une bonne critique de cinéma, c’est une critique qui vient du cœur. Ce n’est pas une critique qui essaie de dire ce que les autres ont dit ou vont dire. Une bonne critique c’est écouter et faire parler son cœur…ce qui n’est pas toujours facile.

Cannes étant un tel désordre, une somme d’énergie toujours remuée. Et comme vous êtes fatigués vous ne vous souvenez pas tout le temps des films que vous avez vu. Une bonne critique de cinéma c’est : résumer pour le lecteur un effet de bonheur ou un effet de colère. Parce que à Cannes on n’est jamais dans la demi-mesure. Et il faut que le lecteur le sente dans les mots.

 

C’est donc forcément subjectif ?

C’est ça l’art ! Et le journalisme est un art. Il faut que quand le lecteur lise le texte, quelque chose vienne vous toucher et vous traverse le cœur. L’idée c’est d’être sincère.

Je lis entre huit et neuf livres par semaine, je vois une dizaine de films par semaine. On passe notre temps dans les univers imaginaires des autres -la vie de famille n’existe pas trop dans ce métier.

Mais ce qui compte le plus, c’est de rester spectateur…dans le cinéma bien sûr.

C’est  à dire garder ses bonheurs et essayer de les traduire avec les mots. Vous pouvez faire un article de 800 signes et y mettre deux heures, car chaque mot compte si on veut convaincre.

Comment se déroule une journée au Festival de Cannes pour vous ?

Alors cette année déjà, à cause des mesures de sécurité il faut venir une heure plus tôt. Je me couche à 4 heures du matin et me lève à 6 heures. Tous les matins je prends une pause et check les journaux des confrères.

Je pars sur la Croisette  et m’assois au premier rang des films. En sortant de la projection, j’appelle le journal et donne mon avis, on fait le point sur les papiers. Je vais ensuite écrire ma chronique, toujours au même endroit et fait toujours le même nombre de signes j’y tient : 1875 signes. (rires)

A 19h30, on part à la montée de marches,  on brief les photographes. Puis après vient le moment de soirées. Pourquoi aller dans les soirées ? – Où on n’est pas forcément invités, en fonction de nos retours positifs ou négatifs sur les films. On va dans les soirées pour récupérer les échos. Et puis à Cannes, on ne dort jamais. Mais c’est une fatigue formidable ! Et après vous êtes dans le stress parce qu’il faut s’adapter tout le temps. Pourvu que Robert de Niro n’arrive pas sur la croisette en hélicoptère !

 

Quel a été votre film préféré au Festival de Cannes ?

L’humanité de Bruno Dumont. C’est une question difficile parce que à Cannes  on voit beaucoup de choses curieuses. Et ce film là, on n’était pas nombreux à l’avoir aimé. Et c’est plutôt un film pour Libération, pas pour Le Parisien.

J’ai directement appelé le journal en disant que c’était formidable, on a fait la Une totale. On a été le seul journal à faire la Une avec ce film.

 

Et au contraire, le film que vous avez le moins aimé au Festival ?

Irréversible avec Monica Bellucci. Parce que j’ai trouvé que c’était une arnaque. Ca commence par un viol et on remonte l’intrigue. Si on remonte le film dans l’ordre normal de l’action, ca fait un film sans intérêt qui finit par un viol. Je continue à penser que Gaspard Noé a arnaqué les gens en commençant par la fin. Je m’en souviens, c’était en 2002 et j’étais même membre du jury Un certain regard (rires).

 

Si vous pouviez définir le Festival de Cannes en un mot…

C’est la question que je pose aux acteurs. Pour ma part, je dirais « une banalité ». Cannes c’est une autre planète, c’est à dire que tout d’un coup ici tout peut se passer. Il y a quelque chose à Cannes qui est de l’ordre de la bulle…c’est une bunalité. Seulement trois événements ont crevé Cannes : Mai 68, Human Bomb à Neuilly et l’affaire DSK.

 

Quel est votre meilleur souvenir au Festival de Cannes ?

J’en ai beaucoup et ce sont toutes des anecdotes qui font que Cannes est une autre planète : les choses s’organisent autrement à Cannes. Par exemple, la personne que vous n’avez jamais voulu rencontrer à tel point que vous la fuyez, vous pouvez tomber dessus à 4h du matin, et ça c’est la magie de Cannes ! Ici, on est dans une autre dimension pendant 13 jours et vous n’êtes plus vous même.

Il faut savoir qu’à Cannes, le matin on marche à côté de la mer parce que ça n’engage en rien, mais le soir on marche à côté des palaces.

Mais Cannes, je dirais que c’est surtout des rencontres.

 

Chaque année, vous venez toujours avec la même excitation ?

Toujours, et je serai très vexé si le journal m’annonce que je ne vais pas au Festival. On rentre dans un rêve ici. Et j’ai une totale liberté. C’est un paradis incroyable.

 

Quel film pressentez-vous pour la Palme d’or ?

Je vais vous faire sourire, mais généralement je vois tous les films mais souvent j’en loupe toujours un. Et celui que je loupe c’est celui qui a la Palme !

Ma palme cette année, c’est le film de Naomi Kawase « Vers la lumière ». C’est l’histoire d’une technicienne en audio description, elle traduit les images pour les non voyants. Elle fait la rencontre d’un homme, photographe, qui perd peu à peu la vue et en parallèle se voit confronté à sa mere qui perd les pédales et adore aller voir la lumière du soleil couchant. C’est un film d’une grande poésie avec un sujet très original.

Je trouve que cette année la sélection n’est pas la meilleure mais ce film est pour moi la Palme d’or.

 

Interview réalisée par Camille Marechal, Kenza Hamnoune et Clémentine Abadie

 

 

Critique de The Beguilded : Prix de la mise en scène

« Haha », « Oh! », « Ahh ». Ce ne sont pas les réactions qui manquent dans la salle du Soixantième pour la projection du dernier film de Sofia Coppola.

La réalisatrice est venue présenter le jeudi 25 mai son dernier et septième long métrage à Cannes. Et c’était sans doute l’un des plus attendus de la compétition. Peut-être trop attendu car il n’a pas eu le succès escompté auprès des critiques.

 

La réalisatrice new-yorkaise a proposé une adaptation du roman « The beguilded » ou « Les Proies » en français, de Thomas Cullinan.

L’histoire : Alors que l’Amérique est en pleine guerre de sécession, une jeune fille découvre un soldat blessé dans la forêt et décide de le ramener dans son pensionnat afin qu’elle et les autres pensionnaires puissent le remettre sur pied.

La demeure étant situé dans le sud profond des Etats-Unis, elle prennent le risque de l’héberger alors qu’il fait parti du camp adverse.

L’arrivée de cet homme est un changement radical dans la routine isolée de ces 7 jeunes femmes puritaines. Une présence qui va éveiller les sens des pensionnaires et créer du tumulte dans un atmosphère trop calme.

Tout l’intrigue se déroule dans ou autour de la demeure et dans une durée assez courte. Il faut donc selon moi apprécier ce film à la manière d’un huis clos : par les dialogues, les interactions entre les personnages et l’ambiance angoissante créée par l’enferment.

 

Un casting à la Virgin Suicides

Un long-métrage très esthétique où l’on voit que chaque détail est travaillé. Des dialogues ironiques aux plans très esthétiques. Projeté dans un format pas très large, qui est non sans rappeler le fameux carré de Dolan. Un détail qui donne une toute autre dimension au film et qui permet de faire ressortir les caractères de chacun des personnages. Et tous les personnages sont intéressants.

Pour incarner la petite bande de blondinettes très sage à l’extérieur mais assez vicieuses à l’intérieur, Sofia a fait encore une fois appel à  sa protégée Kristen Dunst mais aussi Nicole Kidman et Elle Faning.  Clin d’œil à son ancien film ou marque de fabrique de la réalisatrice : Coppola recrée un casting qui ne peut être qu’un copier coller de la fratrie de Virgin Suicides. Colin Farell quant à lui joue le rôle du soldat blessé qui suscite les désirs et il le fait plutôt bien.

 

Deuxième adaptation du roman éponyme

Une première adaptation avait déjà été réalité par Don Siegel en 1971 avec Clint Eastwood dans le seul rôle masculin. Une version qui donnait davantage le point de vue et les pensées de ce personnage.

Dans la sienne Coppola propose la vision de ces sept femmes à l’allure parfaites mais pleines de failles de ce thriller qui ne manque pas pour autant d’humour. Justement dosé, il faut apprécier la dimension esthétique et le choix de la mise en scène plus que l’intrigue qui ne sert que de point de départ pour la réalisatrice. Une mise en scène qui a d’ailleurs été saluée par le jury qui lui a accordé le Prix de la mise en scène.

 

Camille Marechal

 

 

 

 

D’après une histoire vraie : Un film qui sonne faux

En ayant découvert qu’une adaptation du dernier livre de Delphine de Vigan avait (déjà) été réalisée et en plus projeté à Cannes, quelle ne fut pas mon excitation !

C’est un roman bien ficelé où l’auteur embarque ses lecteurs dans une supercherie possible grâce à des procédés littéraires bien particulier.

Car oui, Delphine de Vigan se joue de nous dans son dernier livre. Et si vous aviez eu le malheur de lire son précédent livre Rien ne s’oppose à la nuit, vous tombez bien vite dans le panneau.

Mais c’est ça qui est intéressant dans ce livre. Faire croire grâce à un titre évocateur, des éléments bien réels de sa vie privée et un point de départ simple, qu’elle nous livre sa vie.

Suite à l’écriture de son dernier roman, et le succès brusque et inopiné de celui-ci, Delphine est perdue et brisée. Car dans ce roman, elle a livré à toute son histoire, son histoire vraie : notamment la vie chaotique de sa mère bipolaire.

C’est dans ce moment vague et brumeux de sa vie que L. apparaît. Une admiratrice ? L. est un personnage mystérieux qui s’immisce lentement et insidieusement dans la vie de l’auteur. Jusqu’à avoir une totale emprise sur elle.

C’est donc Polanski qui s’est chargé de l’adaptation au cinéma.  En choisissant dans les rôles principaux Emmanuelle Seignier et Eva Green. Jusqu’ici, pourquoi pas !

Mais lorsque l’on découvre le rendu final à l’écran, on se rend compte que c’était une bien belle erreur. Ironie du sort ou non : tout sonne faux dans ce film.

A commencer par le jeu des actrices, qui est surfait et manque affreusement de naturel.

Un duo qui ne fonctionne pas car on ne retrouve pas la fragilité du caractère de Delphine et l’assurance contrôlée du rôle de L.

Quant à l’adaptation en elle-même : j’irais même jusqu’à dire que c’est un raté.

Sans parler des incohérences dû à l’adaptation du livre au film : le personnage qui s’appelle L. dans le livre est appelé « Elle » dans le film (diminutif de Elisabeth). Des scènes à la limite de la parodie : notamment quand Delphine tombe dans l’escalier et se casse la jambe.

Ce qui était initialement un roman sur une relation toxique entre deux femmes qui dégénère petit à petit se transforme en thriller dramatique réalisé à la manière d’un téléfilm sur NT1.  L’histoire manque de subtilité et l’intrigue est amenée bien trop rapidement sans avoir posé le décor.

A en croire que ce n’était peut-être pas le bon Roman pour Polanski…

 

Camille Marechal

Rencontre inopinée !

Critique – La novia del desierto

 

La rencontre fortuite, d’une mouette et d’un pare-brise, d’un homme et d’une femme, d’un destin et de la vie.  Dans ce film les émotions éclosent peu à peu, à l’image de Teresa le personnage principal. Alors, l’attachement se fait sentir, autant entre les protagonistes, que les spectateurs pour ces derniers.

A travers des cadres splendides, Teresa et El Gringo vont être tendrement poussés à faire un bout de chemin ensemble, en nous y octroyant une place.

Les réalisatrices, Cécilia Atán et Valeria Pivato, nous plongent dans cette histoire notamment à travers différents jeux de miroirs qui traduisent parfaitement la relation naissante des personnages. Cette âme que l’on possède et dont on n’a pas toujours conscience. Celle que Teresa va petit à petit s’approprier.

Ce premier film, sélectionné dans la section Un certain regard du festival de Cannes, est un drame, léger, qui malgré quelques lacunes au niveau narratif, ravitaille son discours par quelques aspects techniques appréciables. Ainsi, les deux réalisatrices argentines se sont également parfois appropriées le hors champ, élément du cadre que l’on oublie trop souvent.

Comme notre expérience au festival, l’histoire est belle, le timing est parfait, les cadres sont splendides, aussi, les émotions ne peuvent être qu’au rendez-vous.

La novia del desierto, la fiancé du désert, n’a pas été primé lors de la soirée de clôture de la section, cependant il semblerait que le film est fait l’unanimité auprès des étudiants de Clap 8.

Con esas primeras películas como ese, pienso que el festival es de lejos un desierto cinematográfico.

 

Ecrit par Marion Assenat

 

 

Las hijas de Abril !

Las hijas de Abril, film en compétition dans la catégorie « Un certain regard ». Nous entrons dans la salle Debussy, sans avant goût de ce que nous allons voir. Nous connaissions seulement le nom de Michel Franco né à Mexico. C’est dans Daniel Y Ana (2009) ou bien plus récemment dans Chronic (2015) qu’il est possible de découvrir ses talents de réalisateur.

 

Un titre mais aucun apriori…

 

Synopsis du programme officiel du Festival de Cannes 2017.

« Valeria a 17 ans et est enceinte.

Elle vit à Puerto Vallarta avec Clara, sa sœur de 34 ans.

Valeria ne voulait pas que leur mère, souvent absente, soit au courant de sa grossesse mais, à cause du coût et de la responsabilité qu’un enfant représente, Clara décide de l’appeler.

Abri s’installe, apparemment désireuse d’aider ses filles, mais avant l’arrivée du bébé son comportement change et les réticences de Valeria à lui demander de l’aide se justifient de plus en plus ».

 

Confortablement installées à quelques mètres de l’écran dans la grande salle dédiée aux films du « certain regard », c’est plongé dans l’obscurité que nous entrons dans l’univers d’un film bercé par les paroles des acteurs, les cris d’un bébé et la musique uniquement intra diégétique. Un film sans musique, voilà qui est étonnant ! Et pourtant, le choix du réalisateur semble plutôt évident : le jeu des acteurs à lui seul peut nous transmettre l’émotion nécessaire s’il n’est perturbé par aucune musique qui retiendrait notre attention.

Dès les premières minutes, nous sommes absorbées par la gêne : des cris, une femme nue, une conversation téléphonique, des regards. Impossible de deviner où nous mettons les pieds. Amateurs de film dramatique, c’est au fur et à mesure seulement que nous arrivons à comprendre la suite des événements. Ce film parvient à nous tenir en haleine de bout en bout grâce aux rebondissements possibles que peut nous offrir la fin du film.

Au delà de l’histoire bouleversante, une multitude de plans séquence viennent alimenter l’histoire, en particulier à travers des travellings et des panoramiques. Nous connaissons désormais la maison dans tous ses recoins ainsi que tous les autres décors !

La dernière scène reste la plus bouleversante, elle clôture parfaitement et marque les esprits. Tout est dans le regard de l’acteur, dans sa manière de sourire. Et de notre côté, nous sourions aussi. Habituez-vous au silence reposant et observez chaque mimique. L’histoire vous paraîtra d’autant plus belle.

 

Ecrit par Sofia Clavel et Charlotte Ulles

 

 

« Rodin » de Jacques DOILLON

Source image: http://www.allocine.fr/film/fichefilm-243982/photos/detail/?cmediafile=21393076 Copyright Shanna Besson

Loin du biopic sur un énième artiste torturé, terré seul dans son atelier, Jacques DOILLON propose d’explorer, avec sa dernière œuvre « Rodin », une autre facette du sculpteur français Auguste Rodin.

Le réalisateur apporte dans son ouvre un contraste entre l’artiste rustre obsédé par l’idée de donner vie à la glaise et l’homme tendre passionné par les femmes. Enfin… disons plutôt par une femme en particulier. D’abord son élève puis sa muse et sa maîtresse, Camille Claudel est le grand amour de Rodin. Enlisé dans 10 années de passions déchirantes, le couple incarné au grand écran par Vincent LINDON et IzÏa HIGELIN ne cesse de se séparer. La jeune femme ne supporte pas d’être confrontée à la notoriété de son amant, qui selon elle empêche son propre travail d’être reconnu à sa juste valeur.

Même si cette réalisation nous permet de découvrir davantage la jeune IzÏa HIGELIN et de confirmer, une nouvelle fois, le jeu d’acteur de Vincent LINDON, césar du meilleur acteur en 2016 pour son rôle dans « La Loi du Marché » de Stéphane Brizé, plusieurs critiques sont à souligner.

Un rythme lent qui donne une certaine longueur au film et empêche le spectateur de s’impliquer réellement dans l’oeuvre. Un discours parfois inaudible de Vincent LINDON qui joue l’artiste grommelant. Puis enfin, une scène de dispute entre Camille Claudel (IzÏa HIGELIN) et Rose Beuret ( Séverine CANEELE) mal interprétée selon moi.

Présenté à Cannes le mercredi 24 mai dernier, le même jour que sa sortie en salle, l’oeuvre de DOUILLON divise la critique. Celle-ci ne l’a pas encensé, cependant « Rodin » fait tout de même partie des 20 films en lice pour la Palme d’Or du Festival de Cannes 2017. Pour ma part, je dirais que cette réalisation mérite d’être vue.

 

Soline CARBILLET