Une Compétition Officielle de grande qualité : le pari de Thierry Frémaux

Un besoin de redéfinir le cinéma et le métier de cinéaste, une envie profonde de se recentrer sur les oeuvres et leurs qualités cinématographiques, c’est ce qui ressort de la conférence de Presse du Festival de Cannes 2022, ce jeudi 14 avril au UGC Normandie. Après une Palme d’Or controversée pour Titane l’année dernière, le Festival cherche à remettre tout le monde d’accord sur la qualité de sa Sélection. 

La salle remplie en grande partie de journalistes et de photographes a écouté pendant presque une heure Thierry Frémaux révéler les films présents en Sélection Officielle (Compétition Officielle, Un Certain Regard, Cannes Premières, Séances Spéciales, Séances de Minuit, Hors Compétition). Voici un focus sur la Compétition Officielle et sur ses films prometteurs d’une grande qualité cinématographique.

Quatre cinéastes déjà récompensés

Cette année, la Compétition Officielle retrouve quatre réalisateurs déjà lauréats d’une Palme d’Or. 

Les frères Dardenne reviennent cette année présenter un nouveau film à la croisette. Tori et Lokita est l’histoire de deux jeunes exilés africains et des difficultés qu’ils traversent arrivés en Belgique. Connus pour leur cinéma social et leur style naturaliste, les réalisateurs belges ont déjà remporté deux Palmes d’Or pour Rosetta (1999) et L’Enfant (2005). 

Le réalisateur roumain, Christian Mungiu, est lui aussi un habitué des marches. Il avait déjà reçu la Palme d’Or pour son film 4 mois, 3 semaines, 2 jours, en 2007, le prix du meilleur scénario pour Au delà des collines en 2012 et le prix de la mise en scène pour Baccalauréat en 2015. Cette année, il présente RMN, qui montre les effets des politiques européennes sur les populations à travers la vie d’un petit village roumain.

Ruben Östlund avait marqué les esprits avec sa Palme d’Or pour The Square (2017). Il y dévoilait déjà son humour acerbe sur les comportements humains. Il revient avec Triangle of Sadness, une comédie sarcastico-politique, on l’où retrouvera très certainement ses fameux plans-séquences structurés dont il a l’habitude. 

Enfin, le dernier réalisateur de la Compétition a avoir déjà eu une Palme d’Or est le japonais Hirokazu Kore-Eda pour Une affaire de famille (2018). Son nouveau film Broker est un road moovie tourné en Corée avec au casting la star incontournable de Parasite (2019) Song Kang-ho. 

Des cinéastes français présents en Compétition

Du côté du cinéma français, Valeria Bruni Tedeschi présentera Les Amandiers dans lequel elle revient sur sa jeunesse dans une troupe de comédiens. Elle avait déjà exploré ce thème dans son film Actrices (2007) qui avait remporté le prix spécial du jury Un Certain Regard. Habitué du festival de Cannes, Arnaud Depleschin montrera Frères et soeurs avec au casting Marion Cotillard et Melvil Poupaud. Il revient sur un de ses thèmes de prédilection, la famille, à laquelle il avait consacré ses films L’Aimée (2006) et Contes de Noël (2008). L’incontournable réalisatrice française Claire Denis est également à l’affiche de cette 75ème édition du Festival de Cannes avec Stars at noon que Thierry Frémaux a présenté comme “un film d’attente, d’ambiance, à la lisière du polar diplomatique”. 

Enfin, le cinéma français sera également représenté par sa jeunesse prometteuse. Après avoir remporté la Caméra d’Or pour son premier long-métrage Jeune Femme (2017), Léonor Seraille s’invite à la Compétition Officielle pour son deuxième film Un petit frère

Des films très attendus sur la croisette

Dans les films incontournables de cette Sélection, il y aura le très attendu Decision to leave de Park Chan Wook. Le cinéaste est abonné à la Compétition Officielle, il a frolé plusieurs fois la Palme d’Or notamment avec Old Boy en 2004 et Mademoiselle en 2016. Un autre coutumier de la Compétition Officielle et du jury de Cannes, c’est l’américain James Gray. Armageddon Time est une chronique d’enfance qui prend place dans le milieu des années 80, dans le quartier du Queens à New-York et au sein duquel Les Trump père et fils jouent un rôle important. 

On retrouve également Les Huits Montagnes co-réalisé par Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch adapté du roman Les huit montagne de Paolo Cognetti. Le nouveau film de Felix Van Groeningen est très attendu, après les succès de La merditude des choses (2009) et Alabama Monroe (2012) même si My Beautiful Boy (2018) avec Thimothée Chalamet et Steeve Carell avait eu du mal à trouver son public. 

Le nouveau David Cronenberg, Crimes of the future, est également sélectionné en Compétition Officielle avec un casting remarquable : Viggo Mortensen, Lea Seydoux, Kristen Stewart. Ce film de science-fiction s’inscrit dans la lignée des films de Cronenberg sur le rapport au corps humains et à la technologie. Ici, les êtres humains sont capables de modifier leur composition biologique et ont la capacité de se métamorphoser. 

Le réalisateur belge Lukas Dhont avait participé à la Cinéfondation, il a ensuite remporté la caméra d’or pour le renversant Girl (2018). Son nouveau film Close suscite donc toute notre curiosité. 

Le public cannois aura également la chance de retrouver Ali Abbasi qui après Border (2018), présentera Holy Spider mais aussi Tarik Saleh et Boy from Heaven son polar politico-religieux se déroulant en Egypte. Le réalisateur de La loi de Téhéran (2019), Saeed Roustaee revient avec le film Leila’s Brothers ainsi que Mario Martone que Thierry Frémaux a présenté comme un membre de l’École de Naples avec les réalisateurs Mateo Garrone et Paolo Sorrentino. C’est la première fois qu’il est en compétition et c’est pour un film nommé Nostalgia. Le Festival a également annoncé récemment la présence du réalisateur espagnol Albert Serra et son film Pacifiction, Benoît Magimel y joue un haut commissaire, représentant de l’État francais à Tahiti où la colère monte. Enfin, on pourra retrouver le réalisateur russe Kirill Serebrennikov, qui a quitté son pays pour s’installer à Berlin. Il était déjà présent l’année dernière en Compétition Officielle avec La fièvre de Petrov (2021), cette année il présente La femme de Tchaïkovski

Une surprise venue de Pologne

La belle surprise de cette sélection, c’est la présence de Jerzy Skolimowski. Le réalisateur polonais de 83 ans, à travers un âne, pose la question “Le langage cinématographique peut-il donner une voix aux êtres silencieux et les plus vulnérables de notre société ?”. Hi-han est le dernier film de la compétition officielle. 

 

Pénélope Picard