Coup de coeur, Elle de Paul Verhoeven

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Mon coup de cœur de ce festival : Elle

Spectateurs du viol

Le cinéaste Néerlandais Paul Verhoeven revient avec un film en compétition officielle adapté du roman de Philippe Dijan Oh… (Gallimard, Prix Interallié en 2012), et ce vingt quatre ans après le très critiqué Basic Instinct (1992).

Ce polar qui a été chaleureusement accueilli par la presse est envoutant tant par son casting que le sujet noir qu’il traite. Isabelle Huppert joue à merveille le rôle d’une femme bourgeoise divorcée, à la tête d’une entreprise qui va se retrouver victime d’un viol commis par un inconnu encagoulé à son domicile. L’intrigue tourne autour de la quête de l’identité de cet agresseur mais va surtout révéler le rôle de cette femme, Michelle, qui refuse de se soumettre.

Ce film est inquiétant par la perversité qu’il traite et la froideur du personnage que joue cette femme. Michelle est cette femme au passé sulfureux que rien ne semble atteindre, et qui se bat contre les éléments avec une froideur acerbe. Michèle est imprévisible, et elle incarne à merveille le rôle d’une femme combative qui ne réagit jamais comme on pourrait l’attendre.

Un regard sur la sexualité

Verhoeven questionne sans arrêt l’identité sexuelle des personnages, soumis à des pulsions mécaniques. Michelle est au dessus ça, elle dirige sa société de jeux vidéo de manière autoritaire, règne sur son ex-mari écrivain et se bat pour faire réagir son fils immature et soumis. On frôle parfois les clichés mais sans jamais tomber dans le piège.

On découvre une certaine justesse dans le jeu de Virginie Effira et Laurent Laffite qui incarnent le rôle des voisins de Michelle habitant dans une banlieue cossue ou encore de Charles Berling qui joue l’ex-mari bohème. Il faut oublier les erreurs de parcours de certains acteurs pour se concentrer sur leur rôle joué dans ce film qui est juste et bien dirigé. Enfin, ce film, sur fond dramatique réussit à insérer une part de comique causé par l’absurdité de certaines situations. La salle s’est prise au jeu, et, aussi incroyable que cela puisse paraître à Cannes : le rire était omniprésent dans la salle!

Ce film sans morale apparente questionne sans arrêt notre rapport au regard autour du viol… Avec un tel rôle il se pourrait qu’Isabelle Huppert soit pressentie pour le prix d’impétration féminine. Affaire à suivre…

Le film sort en salle le 25 mai 2016, raison de plus de s’y rendre… 

Film français de Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert, Anne Consigny, Laurent Lafitte (2 h 10).

Thomas Colliac