Le Bleu du Caftan, une leçon d’amour à l’état pur !

« N’ai jamais peur d’aimer » cette réplique de Mina résume toute la force du film et la beauté de l’amour. 

Si vous êtes à la quête d’un film passionnant, émouvant et poignant, Le Bleu du Caftan est celui que vous recherchez. Tout au long de ces deux heures, le spectateur suit Halime et Mina, un couple qui tient une boutique de Caftans au Maroc et qui sera rejoint par Youssef, un jeune apprenti qui partage la même passion pour la couture.

Durant le début de la projection, la réalisatrice Maryam Touzani insiste sur le fait que ce film représente l’amour de la transmission, le pouvoir de la loyauté et de l’amour pur. C’est exactement ces émotions que nous ressentons tout au long du film. En effet, Halime cache son homosexualité au monde extérieur mais est protégé par sa femme Mina, qui elle, est atteinte d’une maladie. 

Des multiples questions apparaissent tout au long du film, comment une femme peut-elle aimer un homme qui lui n’est attiré que par les hommes? Comment parler d’un amour pur puisque l’un joue un rôle ? C’est ce qui fait la beauté de ce film, la fidélité et la loyauté du couple nous émeut du début jusqu’à la fin. Un amour sincère qui, malgré ce que l’on peut prédire, est plus fort que tout. 

Outre l’histoire bouleversante et le jeu des acteurs, le film est une aventure artistique en lui-même. Les décors traditionnels, la culture marocaine et la musique posent le contexte du film et apportent une forte chaleur au film et à l’histoire. 

Le Bleu du Caftan, est un film rempli de tolérance, d’amour et d’émotion.

L’ACID présente sa sélection !

Par Pénélope Picard et Sara Nadjem

 

Rencontre avec Ina Seghezzi pour présenter la sélection Acid Cannes 2022.

Ina Seghezzi est une documentariste dont les courts et les longs-métrages sont régulièrement sélectionnés dans des festivals internationaux (Cinéma du Réel, FIDBA, FIFDH, Doc Outlook Nyon, Festival international du cinéma d’Alger…). Adhérente de l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion, elle était membre du groupe des cinéastes sélectionneurs de l’Acid Cannes cette année. Nous lui avons posé quelques questions pour connaître les dessous de la sélection.

Bonjour Ina, vous êtes membre du groupe qui a bâti  la sélection cannoise de l’Acid cette année, pouvez-vous nous expliquer comment est composée cette “équipe” ?

Bonjour ! Ce sont 15 cinéastes qui sont chargés de choisir les films. Nous sommes des adhérents de l’association Acid, choisis à tour de rôle, année après année. Parmi eux, nombreux sont les cinéastes dont les films ont été sélectionnés lors des années précédentes. Effectivement, tous les cinéastes sélectionnés signent une charte et sont invités à  intégrer  l’association et devenir adhérent de l’Acid.

Comment se déroule la sélection ?

Plus de 400 films ont été inscrits chaque année entre début janvier et fin mars. Une présélection est effectuée au fur et à mesure par des sous-groupes dès la réception des films pour réduire le panel. Les films présélectionnés sont visionnés par tout le monde. Puis vient la délibération début avril qui mène à ce choix de 9 films !

Avez-vous des critères de sélection précis ?

La particularité de la sélection ACID est qu’elle n’a pas de direction artistique à la tête du comité de programmation. Les 15 cinéastes programmateurs sont à égalité et le choix des films se fait dans un esprit de soutien aux films, afin de donner une visibilité à des films indépendants qui nous enthousiasment et que nous accompagnons  par la suite lors de leur sortie en salles. Pour qu’un film puisse être sélectionné, il faut qu’un certain  nombre de cinéastes se portent garant pour soutenir le film. Le choix se fait donc par coup de cœur pour un film, uniquement sur des critères cinématographiques. Les choix sont chaque année sujets à de longues discussions car évidemment il y a bien plus que 9 films que nous aurions envie de sélectionner.

Certaines règles doivent tout de même être respectées. Tous les films doivent faire l’objet d’une première française. Il arrive que des films aient été sélectionnés et projetés dans d’autres festivals, ailleurs dans le monde, la première mondiale n’est pas une condition sine qua non. Un des éléments cruciaux est que la sélection à l’Acid puisse aider à ce que le film trouve un distributeur. L’équipe permanente de l’Acid fait un grand travail en direction des distributeurs et aussi des exploitants pour les inciter à voir les films à Cannes.

La sélection est constituée de  documentaires et de fictions, représentées presque à égalité, avec une petite majorité de fictions. De même, sur les 9 films sélectionnés, 6 au moins doivent être français. Il n’y a pas de critère concernant les premiers films, les réalisateurs peuvent avoir réalisé plusieurs films auparavant.

Vous recevez beaucoup de films étrangers ?

Nous recevons de plus en plus de films étrangers, bien  plus que la moitié, depuis quelques années un grand nombre de pays comme la Chine et le Japon, mais aussi l’Amérique du Sud par exemple. Le choix de ces films est difficile, la qualité des films est élevée et il n’y a, comme je l’ai déjà mentionné, que 3 places pour eux dans la sélection.

Le fait que nous soyons tous des cinéastes en activité avec nos différents regards, apporte une vraie diversité au sein de la sélection.

Une fois la sélection faite, comment sont mis en avant les films durant le festival de Cannes ?

Lors du festival de Cannes, chaque journée est dédiée à un film. Il y a une projection le matin et une le soir. Elles sont ouvertes à tous et accompagnées d’un débat, en présence de l’équipe du film. Nous accueillons beaucoup d’exploitants lors de ces projections afin qu’ils puissent déjà se positionner pour une future sortie du film.

Et après ?

Il y a une reprise de la sélection cannoise dans les cinémas partenaires de l’Acid en France. Ça commence dès septembre au cinéma Le louxor à Paris ! Durant ces projections, les cinéastes sont présents pour accompagner le film et débattre avec le public. Pendant et après Cannes, l’Acid accompagne les films dans les différentes étapes de diffusion, c’est-à-dire la recherche de distributeur, la promotion, la programmation et l’accompagnement dans les salles de cinéma partenaires, les festivals et autres lieux culturels partenaires dans le monde.

Merci Ina !

Merci à vous, et n’hésitez pas à aller visionner les films Acid lors du festival ou au moment de leur sortie en salle !

 

La sélection Acid Cannes 2022

  • 99 moon de Jan Gassmann
  • Atlantic bar de Fanny Molins
  • La colline de Denis Gheerbrant et Lina Trismova
  • Grand Paris de Martin Jauvat
  • How to save a dead friend de Marusya Syroechkovskaya
  • Jacky Caillou de Lucas Delangle
  • Magdala de Damien Manivel
  • Polaris d’Ainara Vera
  • Yamabuki de Juichiro Yamasaki

 

Focus sur les Jeunes Ambassadeur.e.s

L’Acid a à cœur d’inclure les jeunes spectateurs dans sa mission de diffusion du cinéma indépendant. C’est pour cela qu’elle s’est entourée de Jeunes Ambassadeurs, des cinéphiles portant un regard nouveau sur les œuvres et la manière de les visionner. Ils sont conviés à des séances spéciales et des rencontres professionnelles au sein desquelles de nombreux cinéastes de l’Acid interviennent. Les JA ont pour rôle de communiquer sur les films de la sélection en organisant des événements et en rédigeant des critiques.

Chaque nouvel.le ambassadeur.e est le.a bienvenu.e donc n’hésitez pas à les rejoindre !

Le Festival de Cannes engagé pour un avenir durable

Le nouveau rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) publié de 4 avril 2022 est formel : l’humanité doit réduire drastiquement sa dépendance aux énergies fossiles et limiter le réchauffement climatique le plus rapidement possible. La sonnette d’alarme est tirée, il convient maintenant d’agir ! 

Une étude d’Ecoprod publiée en 2020, a révélé que le secteur de l’audiovisuel et du cinéma en France rejetait 1,7 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année.

Ecoprod est une Association Loi 1901, à but non-lucratif et reconnue d’intérêt général, qui a vocation à assurer la mobilisation des professionnels du secteur audiovisuel dans la transition écologique du secteur.

Alors, premier événement culturel mondial, il était impossible pour le Festival de Cannes de passer à côté des problèmes environnementaux menaçant notre monde. 

©Festival de Cannes
©Festival de Cannes

Dès son édition 2021, le Festival a mis en place des actions environnementales concrètes. Avec pour ambition de repenser intégralement sa manière de produire, RÉDUIRE et AGIR sont devenus les maîtres-mots du Festival. Les problématiques prioritaires qu’il souhaite traiter concernent les émissions carbone et la gestion des déchets. Ainsi, les transports, les impressions papier, le tapis rouge et la moquette, ou encore la restauration ont été passés au crible pour trouver des solutions durables ou des alternatives. De nombreuses actions ont déjà été mises en place.

La suppression totale des bouteilles d’eau en plastique à la quinzaine des réalisateurs, est un énorme pas en avant qui permet de réduire considérablement la production de déchets plastiques. Effectivement, les chiffres étaient faramineux, avec plus de 22 000 bouteilles en plastiques distribuées en 2019. Dorénavant des fontaines à eau sont mises à disposition dans les différents espaces du Festival. Alors veillez à ne pas oublier votre gourde !

De plus, à l’heure où tout se digitalise, le Festival de Cannes se met à la dématérialisation, ce qui lui permet de baisser de 79% le poids de ses impressions. Certes, le programme officiel du Festival de Cannes version papier va nous manquer, mais il n’y a pas de petits sacrifices lorsqu’il faut sauver la planète !

Les partenaires officiels se sont aussi impliqués en décidant d’accompagner le festival dans sa démarche. Entre autres, le festival devrait ainsi être équipé d’une flotte de véhicules 100% électriques ou hybrides pour sa 75e édition.

Enfin, une contribution environnementale a été mise en place en 2021 auprès de tous les accrédités. Cette somme de vingt euros HT, à régler immédiatement après avoir demandé une accréditation, a pour but de compenser les émissions imputables au voyage et à l’hébergement des accrédités. Cette disposition inédite a permis au Festival de Cannes de récolter 515 189 euros HT en 2021. Une somme qui fut entièrement reversée à six projets environnementaux (locaux, nationaux et internationaux). Toutefois, si l’on admire cette initiative, savoir à l’avance dans quels types de projets notre argent sera investi, éviterait d’avoir l’impression que l’accréditation est devenue payante, alors qu’il n’en est rien. 

La cause est noble, et l’enjeu est majeur pour notre avenir. L’initiative du Festival de Cannes est vitale et c’est le fruit de cet effort collectif qui permettra de faire perdurer durablement le Festival ! En espérant que la grande notoriété de l’événement fasse écho à d’autres festivals et crée davantage de mobilisation dans l’industrie audiovisuelle.

Nouveau Prix French Touch du Jury pour la 61e édition de la Semaine de la Critique

Le « Prix French Touch du Jury » complète cette année les six autres distinctions remises par la section. Le Jury composé de Valeria Golino (Présidente), Joanna Kulig, Benjamin Biolay et Édgar Ramirez récompensera l’originalité et la prise de risques des cinéastes émergents de cette 61e édition de la Semaine de la Critique.

© La French Touch

Ce nouveau prix doit son nom au mouvement French Touch dont la philosophie selon Ardavan Safaee, ambassadeur de la French Touch, est de « promouvoir nos talents et nos sociétés dans le monde entier » ainsi que présenter la France « comme terreau de financement, un pays qui fédère tous les talents ». La French Touch s’associe donc cette année à la Semaine de la Critique pour soutenir les jeunes talents de la sélection.

La sélection 

Compétition 

Longs Métrages

  • Aftersun de Charlotte Wells (1er film)   
  • Alma Viva de Cristèle Alves Meira (1er film)
  • Dalva d’Emmanuelle Nicot (1er film)
  • La Jauría d’Andrés Ramírez Pulido (1er film)
  • Nos cérémonies de Simon Rieth (1er film)
  • Tasavor (Imagine) d’Ali Behrad (1er film)
  • Metsurin tarina (The Woodcutter Story) de Mikko Myllylahti (1er film)

Courts métrages

  • Canker de Lin Tu
  • Las criaturas que se derriten bajo el sol (Les créatures qui fondent au soleil) de Diego Cespedes
  • Cuerdas (Chords) de Estibaliz Urresola Solaguren
  • Dang Wo Wang Xiang Ni De Shi Hou (Will You Look At Me / Regarde-moi) de Shuli Huang
  • Ice Merchants de João Gonzalez
  • It’s Nice In Here de Robert-Jonathan Koeyers
  • Nisam je stigao voljeti (I Didn’t Make It To Love Her) de Anna Fernandez De Paco
  • Sur le trône de Xerxès de Evi Kalogiropoulou
  • Raie Manta de Anton Bialas
  • Swan dans le centre de Iris Chassaigne

Séances spéciales

Film d’ouverture

  • When You Finish Saving The World de Jesse Eisenberg

Longs métrages

  • Gouttes d’Or de Clément Cogitore
  • Tout le monde aime Jeanne de Céline Devaux

Courts métrages

  • Amo de Emmanuel Gras
  • Hideous de Yann Gonzalez
  • Scale de Joseph Pierce

Film de clôture

  • Da-eum-so-hee (Next Sohee) de Jung July

Un Certain Regard 2022 : Une sélection riche !

Pour cette 75e édition, c’est le film Tirailleurs qui inaugurera la section Un Certain Regard. Ce long-métrage est un hommage aux tirailleurs sénégalais, combattants de la Première Guerre mondiale. 

Marie-Clémence David © 2022 – Unité – Korokoro – Gaumont – France 3

Mathieu Vadepied mettra en scène Omar Sy dans le rôle d’un père qui s’engage dans l’armée française en 1917 pour retrouver son fils qui y a été intégré de force, donnant la réplique à Alassane Diong et Jonas Bloquet.

Un second hommage sera rendu parmi les films sélectionnés, à Gaspard Ulliel qui interprétera son ultime rôle au côté de Vicky Krieps. Réalisé par Emily Atef, Plus que jamais sera sa dernière participation sur grand écran que pourront découvrir festivaliers et cinéphiles cette année.

Riche en diversité

Pour cette nouvelle édition, ce sera notamment l’occasion d’accueillir les 8 premiers films de 10 réalisateurs dont Les Pires de Lise Akoka et Romane Guerret, Metronom de Alexandru Belc, Plan 75 de Chie Hayakawa, War Poney de Riley Keough et Gina Gammell, Bachennya Metelyka de Maksim Nakonechnyi, Harka de Lotfy Nathan, Rodéo de Lola Quivoron, Joyland de Saim Sadiq.

Une programmation diversifiée et multiculturelle où seront mis à l’honneur la France, la Roumanie, le Japon, Les Etats-Unis, l’Ukraine, la Tunisie et le Pakistan.

Riche en retrouvailles

La croisette aura le plaisir de retrouver Davy Chou avec Retour à Séoul, Ariel Escalante Meza qui accompagnera Domingo y la Niebla (Domingo et la brume), Hlynur Pàlmason pour son film Vanskabte Land et Agnieszka Smoczynska avec The Silent Twins. Tous les quatre sélectionnés lors de la Semaine de la Critique les années précédentes, feront cette année partie de la section Un Certain Regard.

Deux autres réalisatrices présenteront pour cette 75e édition,  Maha Haj avec son film Mediterranean fever et Maryam Touzani pour son film Le Bleu du Caftan, toutes les deux déjà sélectionnées dans la section un Certain regard en 2016 et en 2019.

Riche en rencontres

Les festivaliers auront l’honneur d’accueillir quatre formidables réalisateurs qui n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de réalisation. Parmi eux seront présents Emin Alper avec son film Kurak Günler, Kristoffer Borgli avec Sick Of Myself, Marie Kreutzer et son film Corsage et enfin Thomas M Wright qui présentera The Stranger pour cette 75e section Un Certain Regard.

Festival de Cannes : Vincent Lindon, un français à la tête du jury 

Par Jeanne METZINGER

Après de nombreuses rumeurs et spéculations, c’est l’acteur français, Vincent Lindon, qui a été choisi comme président du jury de la 75ème édition du Festival de Cannes. Ce dernier se déroulera du 17 mai au 28 mai 2022. Il aura pour tâche, lui et son jury, de décerner la prochaine palme d’or.

© Getty /BFI -JOHN PHILLIPS

Son visage vous est sûrement familier. Acteur pour le film Titane de Julia Ducournau, palmé d’or l’année dernière ou encore dans Rodin et La haine, Vincent Lindon succèdera à Spike Lee comme président du jury du 75 ème festival de Cannes. Il est le second français à obtenir ce titre, après Isabelle Huppert (2009). 

Vincent Lindon, un habitué du festival de Cannes.

Il a déjà présenté neuf films sur place. Il déclara « C’est un immense honneur et une très grande fierté de me voir confier au milieu du tumulte des multiples événements que nous traversons dans le monde, la splendide et lourde tâche de présider le jury du 75e Festival international du film de Cannes. » dans un communiqué annoncé le 26 avril 2022. 

Le secret autour de sa nomination a entretenu le mystère. D’ordinaire le président du jury est connu au début de l’année suivi de la composition du reste du jury quelques semaines avant le début du festival. Cette longue attente est due à la reprise post-covid de l’évènement mais également à la situation internationale très tendue (guerre en Ukraine). 

Pour répondre à sa fonction, le français sera accompagné par 8 jurés. Un jury paritaire composé de nombreux talents venus du monde entier. Du côté des femmes nous avons : Deepika Padukone (actrice et productrice indienne), Jasmine Trinca (actrice et réalisatrice italienne), Rebecca Hall ( actrice et réalisatrice britannique) et enfin l’actrice suédoise Noomi Rapace. Du côté des hommes nous pouvons retrouver : le français Lady Ly (réalisateur connu pour le film Les Misérables), Asghar Farhadi (scénariste, producteur et réalisateur iranien),  Jeff Nichols (réalisateur et scénariste américain) et pour finir Joachim Trier  (réalisateur et scénariste norvégien). 

© Getty / Stephane Cardinale – Corbis

«Avec mon jury, nous nous efforcerons de prendre soin au mieux des films de l’avenir, qui portent tous un même espoir secret, de courage, de loyauté et de liberté ; dont la mission est d’émouvoir le plus grand nombre de femmes et d’hommes en leur parlant de leurs blessures et de leurs joies communes. La culture aide l’âme humaine à s’élever et à espérer pour demain» (AFP), a souligné Vincent Lindon. Cette année, il y aura donc du beau monde à cette édition du Festival de Cannes. Ce jury cinq étoiles aura pour objectif de décerner la palme d’or et de nombreuses autres récompenses aux 21 films en compétition.

Qui succèdera à Titane de Julia Ducournau ? Pour le savoir, il va falloir attendre le samedi 28 mai 2022. 

Les nouveaux partenaires média du Festival de Cannes : France Télévisions, Brut & Tik Tok

 

Par Jade Chauveau et Lisa Sada

 

Vous n’êtes pas sans savoir que cette année, le Festival de Cannes fête sa 75ème édition. Pour l’occasion, de nombreux changements ont eu lieu, en commençant par les nouveaux partenaires officiels de l’événement. Si l’alliance entre le Festival et Canal + a duré presque 30 ans, de nouveaux médias font cette année leur entrée dans le premier festival de cinéma du monde. 

 

Un des objectifs du Festival cette année : attirer un public plus jeune

 

La principale volonté du festival, c’est l’idée de le rendre plus accessible à la génération des 15-24 ans. Pour ce faire, ce sont le média Brut et l’application Tik Tok qui ont été choisis.

Si ce choix pourrait en surprendre plus d’un, le Festival n’aurait pas pu viser mieux pour toucher les plus jeunes. L’application mobile chinoise créée en 2016 a vu son nombre d’utilisateurs exploser depuis le premier confinement de mars 2020, et compte aujourd’hui plus d’1 milliard de fidèles. Application de Vidéos courtes présentant danses, challenges et autres, Tik Tok est un endroit où chacun est libre d’exprimer sa créativité facilement. Pour l’occasion, l’application a même décidé d’organiser une compétition mondiale de films au format court, le Tik Tok Short Film. 

 

Brut à l’honneur

 

Cette année, le Festival de Cannes met à l’honneur des pionniers médiatiques puisque la couverture sera assurée par le service public aussi bien que par le service privé, permettant ainsi de d’élargir la diffusion à destination d’un public large et diversifié. 

C’est donc avec le média Brut que le Festival a décidé de prendre pour premier partenaire officiel. Le média réalise chaque mois plus de 1000 vidéos autour de 5 thèmes majeurs : la responsabilité du pouvoir, la lutte contre les discriminations, le féminisme, la défense de l’environnement et le journalisme de solutions qui propose des alternatives “pour changer le monde” selon Laurent Lucas, directeur éditorial de Brut. Cela permet ainsi d’accéder à la déconstruction de boîtes noires grâce à une participation active.

Brut est l’exemple d’un média indépendant qui, à la différence des médias traditionnels imposant un fil conducteur, revendique l’absence volontaire de ligne éditoriale. Pour ses créateurs, Renaud Le Van Kim et Guillaume Lacroix, le “panel médiatique français manquait d’offres de vidéos sociales qui traitaient de questions d’actualité, de société sur les réseaux sociaux numériques”. 

Comptant plus de 500 millions de spectateurs dans plus de 100 pays, majoritairement parmi les 18-34 ans, le partenaire du Festival de Cannes se lance le pari de donner au Festival une visibilité pour tous, et ce à travers le monde.

 

Le média pure player couvrira les cérémonies d’ouverture, de clôture, le tapis rouge, ainsi que les photocall et les conférences de presse. Un dispositif tout nouveau, le “Creator Program », permettra de relier les jeunes générations au cinéma engagé, tandis que des contenus exclusifs autour de l’événement et de ses talents seront proposés. On retrouvera Augustin Trapenard, figure de la couverture du Festival. 

 

Clap de fin du partenariat avec Canal + 

 

Pour finir en beauté, le Festival a aussi choisi France Télévisions pour partenaire officiel. L’objectif étant de rendre l’événement accessible au plus grand nombre de personnes, Le premier groupe audiovisuel de France en termes d’audiences proposera sur sa chaîne Culturebox des émissions animées par Daphné Bürki, mais aussi des soirées diffusées en direct sur France 2. 

 

Une Compétition Officielle de grande qualité : le pari de Thierry Frémaux

Un besoin de redéfinir le cinéma et le métier de cinéaste, une envie profonde de se recentrer sur les oeuvres et leurs qualités cinématographiques, c’est ce qui ressort de la conférence de Presse du Festival de Cannes 2022, ce jeudi 14 avril au UGC Normandie. Après une Palme d’Or controversée pour Titane l’année dernière, le Festival cherche à remettre tout le monde d’accord sur la qualité de sa Sélection. 

La salle remplie en grande partie de journalistes et de photographes a écouté pendant presque une heure Thierry Frémaux révéler les films présents en Sélection Officielle (Compétition Officielle, Un Certain Regard, Cannes Premières, Séances Spéciales, Séances de Minuit, Hors Compétition). Voici un focus sur la Compétition Officielle et sur ses films prometteurs d’une grande qualité cinématographique.

Quatre cinéastes déjà récompensés

Cette année, la Compétition Officielle retrouve quatre réalisateurs déjà lauréats d’une Palme d’Or. 

Les frères Dardenne reviennent cette année présenter un nouveau film à la croisette. Tori et Lokita est l’histoire de deux jeunes exilés africains et des difficultés qu’ils traversent arrivés en Belgique. Connus pour leur cinéma social et leur style naturaliste, les réalisateurs belges ont déjà remporté deux Palmes d’Or pour Rosetta (1999) et L’Enfant (2005). 

Le réalisateur roumain, Christian Mungiu, est lui aussi un habitué des marches. Il avait déjà reçu la Palme d’Or pour son film 4 mois, 3 semaines, 2 jours, en 2007, le prix du meilleur scénario pour Au delà des collines en 2012 et le prix de la mise en scène pour Baccalauréat en 2015. Cette année, il présente RMN, qui montre les effets des politiques européennes sur les populations à travers la vie d’un petit village roumain.

Ruben Östlund avait marqué les esprits avec sa Palme d’Or pour The Square (2017). Il y dévoilait déjà son humour acerbe sur les comportements humains. Il revient avec Triangle of Sadness, une comédie sarcastico-politique, on l’où retrouvera très certainement ses fameux plans-séquences structurés dont il a l’habitude. 

Enfin, le dernier réalisateur de la Compétition a avoir déjà eu une Palme d’Or est le japonais Hirokazu Kore-Eda pour Une affaire de famille (2018). Son nouveau film Broker est un road moovie tourné en Corée avec au casting la star incontournable de Parasite (2019) Song Kang-ho. 

Des cinéastes français présents en Compétition

Du côté du cinéma français, Valeria Bruni Tedeschi présentera Les Amandiers dans lequel elle revient sur sa jeunesse dans une troupe de comédiens. Elle avait déjà exploré ce thème dans son film Actrices (2007) qui avait remporté le prix spécial du jury Un Certain Regard. Habitué du festival de Cannes, Arnaud Depleschin montrera Frères et soeurs avec au casting Marion Cotillard et Melvil Poupaud. Il revient sur un de ses thèmes de prédilection, la famille, à laquelle il avait consacré ses films L’Aimée (2006) et Contes de Noël (2008). L’incontournable réalisatrice française Claire Denis est également à l’affiche de cette 75ème édition du Festival de Cannes avec Stars at noon que Thierry Frémaux a présenté comme “un film d’attente, d’ambiance, à la lisière du polar diplomatique”. 

Enfin, le cinéma français sera également représenté par sa jeunesse prometteuse. Après avoir remporté la Caméra d’Or pour son premier long-métrage Jeune Femme (2017), Léonor Seraille s’invite à la Compétition Officielle pour son deuxième film Un petit frère

Des films très attendus sur la croisette

Dans les films incontournables de cette Sélection, il y aura le très attendu Decision to leave de Park Chan Wook. Le cinéaste est abonné à la Compétition Officielle, il a frolé plusieurs fois la Palme d’Or notamment avec Old Boy en 2004 et Mademoiselle en 2016. Un autre coutumier de la Compétition Officielle et du jury de Cannes, c’est l’américain James Gray. Armageddon Time est une chronique d’enfance qui prend place dans le milieu des années 80, dans le quartier du Queens à New-York et au sein duquel Les Trump père et fils jouent un rôle important. 

On retrouve également Les Huits Montagnes co-réalisé par Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch adapté du roman Les huit montagne de Paolo Cognetti. Le nouveau film de Felix Van Groeningen est très attendu, après les succès de La merditude des choses (2009) et Alabama Monroe (2012) même si My Beautiful Boy (2018) avec Thimothée Chalamet et Steeve Carell avait eu du mal à trouver son public. 

Le nouveau David Cronenberg, Crimes of the future, est également sélectionné en Compétition Officielle avec un casting remarquable : Viggo Mortensen, Lea Seydoux, Kristen Stewart. Ce film de science-fiction s’inscrit dans la lignée des films de Cronenberg sur le rapport au corps humains et à la technologie. Ici, les êtres humains sont capables de modifier leur composition biologique et ont la capacité de se métamorphoser. 

Le réalisateur belge Lukas Dhont avait participé à la Cinéfondation, il a ensuite remporté la caméra d’or pour le renversant Girl (2018). Son nouveau film Close suscite donc toute notre curiosité. 

Le public cannois aura également la chance de retrouver Ali Abbasi qui après Border (2018), présentera Holy Spider mais aussi Tarik Saleh et Boy from Heaven son polar politico-religieux se déroulant en Egypte. Le réalisateur de La loi de Téhéran (2019), Saeed Roustaee revient avec le film Leila’s Brothers ainsi que Mario Martone que Thierry Frémaux a présenté comme un membre de l’École de Naples avec les réalisateurs Mateo Garrone et Paolo Sorrentino. C’est la première fois qu’il est en compétition et c’est pour un film nommé Nostalgia. Le Festival a également annoncé récemment la présence du réalisateur espagnol Albert Serra et son film Pacifiction, Benoît Magimel y joue un haut commissaire, représentant de l’État francais à Tahiti où la colère monte. Enfin, on pourra retrouver le réalisateur russe Kirill Serebrennikov, qui a quitté son pays pour s’installer à Berlin. Il était déjà présent l’année dernière en Compétition Officielle avec La fièvre de Petrov (2021), cette année il présente La femme de Tchaïkovski

Une surprise venue de Pologne

La belle surprise de cette sélection, c’est la présence de Jerzy Skolimowski. Le réalisateur polonais de 83 ans, à travers un âne, pose la question “Le langage cinématographique peut-il donner une voix aux êtres silencieux et les plus vulnérables de notre société ?”. Hi-han est le dernier film de la compétition officielle. 

 

Pénélope Picard