Mon coup de coeur pour «Mustang»

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Il était 22h10, nous arrivions en trombe devant le cinéma. Dernière séance de la journée où nous avions une chance de rentrer. Notre groupe de 10 personnes se heurte à une queue d’une trentaine de personnes. Le film allait commencer. Quel était son titre ? Son sujet ? Ou son réalisateur ? Nous n’en savions rien, mais nous savions que ce film turc avait fait sensation, il FALLAIT qu’on le voit. Soudain désespoir ! La salle est pleine, terminé, il n’y a plus rien à voir. On nous invite gentiment à quitter le hall. Nous ne voulions pas lâcher l’affaire, non, nous trainions à sortir en espérant un miracle de dernière minute. Je reste non loin de l’entrée, quand soudain, un grand vigile s’exclame «Il reste une place !». Je me retourne vers mon groupe, qui m’encourage avec de grands signes «Vas-y !». Je me précipite, je brandis mon badge à la sécurité et je m’élance vers la porte. J’arrive alors à cette place miracle … au fond de la salle… à coté des toilettes… avec un bout de l’écran caché par le plafond très bas… Mais j’étais très heureuse, enfin mon premier film à Cannes !

1h30 passe sans que je m’en rende compte, les lumières se rallument et je me retrouve scotchée à mon siège, bouche bée, les yeux moites, et le coeur serré. L’histoire de ces 5 soeurs vivant dans une Turquie rétrograde m’a profondément bouleversée. Elles veulent vivre, aimer, jouer, aller voir un match de foot, séduire, mais leur joie de vivre se heurte aux moeurs et aux traditions. Progressivement, leur maison devient leur propre prison. Nous suivons Lale, la benjamine, qui malgré son jeune âge a une âme de rebelle.

J’ai pleuré, j’ai ri avec ces filles, j’ai eu peur pour elles. La réalisatrice Franco-Turque Deniz Gamze Ergüven marque très fort pour son premier long métrage. Ce film vous transporte, c’est une belle remise en question de la place de la femme en Turquie.  Courrez-y !

Clémence PUTEGNAT

La -bouleversante- Vie en grand, Mathieu Vadepied

Le réalisateur Mathieu Vadepied a clôturé la Semaine de la Critique avec La Vie en grand.  Une histoire bouleversante, touchante, mais jamais pathétique !

11287343_10205406178166940_1572700558_nLe film suit le quotidien du jeune Adama dans la banlieue parisienne. Cet élève qui semble prometteur  est pourtant en échec scolaire. Sa mère ne sait pas lire et son père a dû les laisser tous les deux pour vivre avec sa première femme ; la polygamie étant interdite en France. Le manque d’argent se fait sentir et la détresse de sa mère semble difficilement supportable pour le jeune garçon…

Mathieu Vadepied a réussi son challenge et il ne nous déçoit pas ! Le film suit son cours sans tomber dans le pathos. Balamine Guirrasy qui joue le rôle de Adama est surprenant, de même que le petit Ali Bidanessy alias Mamadou ! Ils sont une source d’air frais dans un univers parfois oppressant. Les moments difficiles sont souvent teintés d’un sourire de ces deux jeunes héros qui ne perdent jamais de temps à se plaindre !

La Vie en grand est un retour à la dure réalité de la vie des cités françaises en 2015. Il nous rappelle que des choses simples peuvent nous rendre heureux, mais que le proverbe « l’argent ne fait pas le bonheur » reste bel et bien une grosse

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© Alexandra Drieghe / Cannes 2015

Alexandra DRIEGHE

Quand Clap8 part à Cannes : Flash-back d’une journée pas comme les autres.

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6h45 : Rendez-vous sous le panneau d’affichage de la Gare de Lyon à Paris. Les membres de l’équipe Clap 8, armés leurs petits yeux,  leurs sourires endormis et leurs grosses valises arrivent pour le grand départ.

7h19 : Ça y est, le train bouge. Cette fois c’est pour de vrai, on part au Festival de Cannes. Chacun vit le voyage à sa façon, fin de nuit pour certains et premières images vidéos pour d’autres. Peu à peu les voix s’élèvent et les esprits s’agitent… Monsieur Maixent nous réserve une surprise… qu’elle est-elle ? Les idées fusent : Pour Rebecca c’est sûr on va rencontrer Ryan Gosling ! Laura préfèrerait Gaspard Ulliel… Une licorne lance soudainement Caroline… On a le droit de rêver !

Monsieur Zaraya reste muet, le mystère demeure entier.

12h23 : Arrivée en Gare de Cannes. On y est, accueillis par un guide de choix : Monsieur Maixent nous attend, le teint hâlé, sourire aux lèvres. Il fait beau, il fait chaud, on dégaine les lunettes de soleil. L’équipe de Clap 8 envahie les rues de Cannes ! Avant d’échouer dans le hall d’entrée de l’Hôtel.

13h05 : C’est LE moment. Après l’avoir imaginé pendant des mois, en avoir parlé pendant des heures… Nous avons le Graal. Cette petite chose à la valeur inestimable : Notre badge. Chacun le porte fièrement. C’est officiel, nous sommes accrédités.

14h00 : Quoi de mieux pour inaugurer ce séjour qu’un déjeuner les pieds dans l’eau sur fond d’ambiance de Ukulélé ? L’équipe se met dans le bain (… enfin, un petit bain de pieds ! Parce qu’elle est fraiche la mer!)

18h00 : Un seul mot d’ordre : Rendez-vous devant le McDonalds. Intrigués, impatients, trépignants… On va enfin savoir !

La surprise ? Oh trois fois rien, un apéritif sur un voilier, avec le directeur d’une agence de presse spécialisée dans le cinéma et quelques journalistes ça vous dit ?

On va pas faire les difficiles… Aller ! D’accord !

L’équipe de Clap 8 est chaleureusement accueillie pas Jean-François Gaye (à la tête de l’agence DarkStar). Les discussions vont de bon train, et les photos aussi ! Découverte d’un métier et d’un univers.. d’une future vocation ?

Tandis que le soleil se couche sur le vieux Cannes, ce moment divin, touche à sa fin…

20h00 : C’est tout sourire et des premiers souvenirs plein la tête que la jolie troupe se dirige vers le Restaurant le Pizzicato ! Bonne ambiance et bonne humeur mènent la danse avec comme partenaires pizza, tartares, pâtes, salades… De la haute voltige !

22h00 : L’équipe se disperse, certains se faufilent dans les salles, d’autres profitent de la projection plein air de Terminator sur la Croisette, ou dégustent leur première glace Cannoise…

Plus tard dans la nuit : Après une journée ensoleillée, bien remplie, et riche en émotions, l’équipe rentre enivrée de bonheur et d’euphorie jusqu’à l’hôtel… Pendant que certains épousent les lits, d’autres terminent le montage de la première vidéo… à l’image de la journée : Inoubliable.

Ça commence bien ! Rendez-vous demain !

Marie DONDON

«Mon Roi» : les coulisses du tournage racontées par la stagiaire régie

Après avoir remporté le prix du jury à Cannes en 2011 avec «Polisse», la talentueuse réalisatrice Maïwenn revient avec son nouveau film en compétition officielle «Mon Roi». Clap8 vous en raconte le tournage à travers les yeux de Jade Debeugny, 21 ans, étudiante en cinéma et stagiaire au sein de l’équipe régie du film. En plus de nous faire partager son expérience et nous livrer les anecdotes de tournage, Jade nous parle de ce métier du cinéma moins connu du grand public : celui des régisseurs, aussi surnommés «les mamans du tournage».



11208931_10205454358810762_541739490_nQu’as-tu-fait en tant que régisseuse sur le tournage de Maïwenn ?

« La régie a des tâches vraiment très variées  : aider à trouver des décors, les réserver, gérer le budget accordé, communiquer avec la cantine du tournage, c’est tellement de choses différentes ! Pendant la préparation j’aidais beaucoup à rassembler le matériel pour les différentes équipes. J’ai aussi fait les courses les plus ENORMES de ma vie ! J’ai eu la chance d’être régisseuse plateau c’était vraiment bien. Tu es là pour aider toutes les équipes, c’est vraiment un truc de logistique où il faut qu’on facilite les choses pour tout le monde.

Comment t’es-tu retrouvée à travailler sur le tournage de Maïwenn ?

Ah ! Avec beaucoup de chance ! Une amie de ma mère a rencontré le régisseur général, Marc Cohen, il faisait du repérage sur son lieu de travail pour trouver un décor. Elle a eu l’initiative de demander s’il prenait des stagiaires. Donc à partir de là, j’ai pris le mail et je l’ai un peu harcelé je dois avouer… Honnêtement il faut apprendre à harceler les gens, parce que ça veut dire que tu en veux vraiment. J’ai réussi à avoir un entretien avec lui et un régisseur adjoint, ça s’est super bien passé. C’est sûr, j’ai eu une part de chance mais il faut enfoncer la porte une fois que l’on est devant.

ob_9917e1_ce-fmvsumaaljmqDe quoi parle le film «Mon Roi»?

Le film raconte l’histoire d’amour torturée entre deux personnages, Tony qui est jouée par Emmanuelle Bercot et Georgio qui est joué par Vincent Cassel. Ils vont vivre une histoire un peu douloureuse et un peu en montagne russe, parce que Georgio c’est quand même… un beau «  connard  »  et elle a vraiment du mal à se détacher de l’emprise qu’il a sur elle.

C’est quoi le plus important pour être régisseur ?

Avoir un permis, c’est difficile de bosser sans. Moi en tant que stagiaire je n’étais pas censée conduire. Il faut aussi beaucoup d’énergie, car c’est très fatigant, on fait de très longues journées, on arrive toujours les premiers et on part toujours les derniers.

Est-ce que tu penses que régisseur c’est un tremplin pour accéder à d’autres métiers dans le cinéma ou cela peut être un choix de carrière ?

Oui, bien sûr que régisseur est un choix de carrière à part entière, car c’est super sympa, en tout cas moi j’adore! Mais il est vrai que beaucoup de gens passent par la régie avant de faire autre chose. Pour débuter c’est bien, parce qu’on te confie des tâches sur lesquelles tu prends la main rapidement, et en plus c’est un super poste d’observation. Tu es en contact avec absolument toutes les équipes. Après oui il y a des régisseurs qui le restent toute leur vie, parce que c’est super sympa. J’ai appris que tu peux facilement passer d’un poste à l’autre. Rien ne m’empêchera d’être régisseuse professionnelle puis d’avoir six mois pour réaliser un projet à moi et être sur un autre projet comme assistante réalisatrice.

Comment s’est déroulé le tournage ?

On a tourné dans tout Paris ! Il y avait vraiment énormément de décors, on changeait de lieux tous les un à deux jours (excepté un où l’on est resté 15 jours).  Parfois même on faisait deux décors par jours. Je n’étais pas chargée de cette organisation mais je sais que pour mes supérieurs ça a été super sportif. Le tournage a duré 10 semaines environ. Il y a eu un peu de tournage dans le Sud de la France, et on a fait 2 jours à Deauville aussi.

Comment était l’ambiance sur le tournage ?

Moi j’ai adoré mais c’est vraiment mon point de vue en tant que stagiaire. J’ai adoré tout d’abord mon équipe régie, j’ai eu beaucoup de travail mais j’étais quand même hyper chouchoutée. Ils m’ont bien entourée. L’ambiance ne pouvait pas être détendue, parce que c’était hyper «speed» au niveau du timing. Il faut toujours faire 10 000 choses ! D’un autre coté, c’était détendu dans le sens où il n’y avait pas de chichi entre nous, on se tutoyait, on était naturels. Après je n’avais pas un poste à responsabilités, j’ai donc été épargnée par énormément de stress.

Tu as eu la chance d’être sur le plateau et de voir Maïwenn tourner, comment qualifierais-tu sa manière de travailler ?

Maïwenn fonctionne beaucoup avec l’improvisation, ce que j’adore personnellement.     J’ai ainsi découvert ce type de mise en scène. J’attends de voir le résultat, mais je trouve que ça donne beaucoup de naturel au jeu des comédiens. Maïwenn intervient pendant les prises, elle va beaucoup parler à ses comédiens, et la prise peut être considérée comme bonne alors qu’elle avait parlé pendant (je n’imagine pas le travail du son en post-production !).

Camille Cottin (alias «La Connasse» de Canal+)  et  Norman Thavaud (de Norman fait des vidéos) jouent dans le film, tu ne trouves pas que c’est un peu surprenant pour un film qui n’annonce pas un scénario humoristique ?

Le thème est difficile mais il y aussi des scènes drôles, et j’espère que ça va bien rendre à l’écran. Camille Cottin a un rôle mais  je ne suis pas certaine qu’il soit comique, elle joue l’assistante de Georgio. Le film «Polisse» n’était pas très gai non plus, Maïwenn avait tout de même réussi à mettre des moments drôles. Je pense que là aussi elle a tenu à mettre des moments d’humours.

As- tu des anecdotes de tournages ?

Vincent Cassel se déplaçait entre les scènes sur son segway (véhicule avec deux grandes roues, sur lequel on est debout sur une plateforme), il l’avait eu sur un autre tournage. Parfois je devais le transporter, Vincent me l’a même fait essayer.

Qu’as-tu tiré de cette expérience ?

Depuis le bac je me disais que je voulais faire du cinéma. Travailler sur un tournage professionnel c’est dur, fatiguant. Parfois je faisais des choses pas hyper valorisantes, et les journées étaient longues. Cependant, j’ai tellement adoré que ça a été la confirmation suprême que je voulais travailler sur des tournages plus tard. C’était un épanouissement total pendant 4 mois. J’occupais un poste où tu es obligé de voir les choses très concrètement, mais j’ai quand même eu le droit à des petits moments magiques de cinéma. On a toujours fait attention à ce que j’assiste par exemple à la cascade, à la fausse pluie, à des trucs qui donnent un peu des étoiles dans les yeux. C’est un peu bidon de dire ça, tout le monde le dit, mais  c’est tellement une deuxième famille. Tu t’attaches beaucoup aux gens. Je pense que j’ai vécu ce tournage avec plus d’émerveillement que mes chefs qui sont expérimentés, c’était une expérience géniale.  »

Clémence PUTEGNAT

Une palme d’or dont on se passerait bien

Auréolé de mystère et précédé d’une réputation plus que flatteuse, The Son of Saul de Laszlo Nemes se présente comme le film de tous les défis. Un réalisateur hongrois en compétition officielle dès son premier film, c’est une première dans l’histoire du festival : attention film-événement donc. Un sujet plus que lourd, et qui à la suite de Shoah de Claude Lanzmann pose la question de ce qui, dans la solution finale, peut être ou non représenté. Il faut reconnaître à Laszlo Nemes le courage de répondre à sa façon à cette question, et de reprendre le débat là où, en somme, Steven Spielberg l’avait laissé avec La Liste de Schindler.  Mais justement, c’est sa réponse qui pose problème. Car, s’il est convaincant sur certains aspects, il l’est beaucoup moins sur d’autres.

Son of Saul - Festival de Cannes - Clap8

Saul fait partie des fameux Sonderkommandos des camps de la mort : à part des autres prisonniers juifs, ceux qui forment ces bataillons ont l’atroce devoir d’assister les nazis dans leur travail d’extermination. Préparation des chambres à gaz, transport des milliers de cadavres, préparation des fours crématoires, recueil et élimination des cendres. Dès les premières images du film, nous sommes plongés au cœur de l’enfer concentrationnaire. Cette situation va donner à Laszlo Nemes l’argument de son scénario : en faisant l’inventaire des corps, Saul croit reconnaître celui de son fils. S’engage alors une course contre la montre pour faire échapper le cadavre enfantin au crématoire et lui offrir une inhumation selon le rite.

La première force du film émane directement de cette incroyable idée. D’autant qu’elle est très finement et intelligemment mise en scène : tout au long du film perdure une ambiguïté, car on ne saura jamais, au fond, si le petit cadavre est vraiment celui du fils de Saul. Cette ambiguïté tient en elle tout le propos du film. Car le cadavre que Saul essaie de « sauver » du crématoire est évidemment une allégorie : si ce n’est pas forcément le fils de Saul c’est, plus largement, le fils de l’homme.  Laszlo Nemes fait ainsi comprendre, par un très intelligent parcours, ce qu’est un crime contre l’humanité : car tout ce que Saul manifeste pour le petit cadavre représente la seule humanité présente dans le lager. Nemes filme avec soin les transports du cadavre, que Saul dépose sur des oreillers, avec délicatesse, là où les autres corps sont jetés et blessés sans hésitation. Le souci de l’autre, voici ce qui définit l’humanité, et en creux cette horreur absolue qu’est le crime contre l’humanité. Ce fils de l’humanité tout entière mérite qu’on l’entoure, qu’on l’emmène, qu’on le considère tout simplement. Le propos est magnifique, et le scénario qui le met en scène remarquable.

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En revanche, la mise en images de cette lutte pour la dignité d’un cadavre pose un certain nombre de difficultés. Heureusement, Laszlo Nemes ne tombe pas dans le piège spielbergien : le recours au format 4/3 empêche la contemplation panoramique, donc l’esthétisation excessive de l’horreur. Le refus du cinémascope permet d’empêcher la caméra de jouir de ce qu’elle filme, et le spectateur de profiter du spectacle. De plus, la caméra à l’épaule, jamais à plus d’un mètre du personnage, collée à ses moindres déplacements, états d’âme, émotions, évite de s’appesantir sur le cadre, dont nous ne verrons pas grand chose : pas de plans à distance sur les camps, sur les douches, sur les crématoires. Seulement des corps, jamais montrés dans leur intégralité.

Pourtant, une sensation de gêne s’installe assez vite. Car à mesure qu’avance le scénario, le pathos prend peu à peu le dessus sur la « bonne distance », et la course contre la montre devient un film d’aventures dérangeant. Nemes fait une confiance excessive au visage, et surtout aux yeux de son acteur Geza Röhrig, qui surjoue certaines situations. Quant à la scène finale, elle ruine hélas les efforts du réalisateur en faisant jouer à l’acteur un sourire franchement déplacé lorsqu’un enfant paraît. Le film tombe alors, si ce n’est dans le ridicule, du moins dans la naïveté, comme s’il fallait à tout prix mettre une note d’espoir là où l’on sait pourtant que les ténèbres l’emportent. L’émotion facile clôt alors le film. Dommage. Erreur de jeunesse peut-être.

Nombre des spectateurs sortant de la projection officielle de The Son of Saul ont crié au génie. On peut leur donner raison, on l’a dit, sur quelques points. Mais, à lire la presse (notamment américaine), à entendre les critiques qui s’expriment dans les files d’attente, on se demande si le film de Laszlo Nemes n’est pas en train de commettre un hold-up sur la compétition officielle, par la seule force de son sujet. Car dans les allées cannoises, il semble presque interdit de dire du mal de The Son of Saul, qui n’est pourtant pas sans défaut. Comme si la lourdeur du sujet imposait la « palmabilité », comme on l’a vécu en 2004 avec l’attribution contestable de la récompense suprême à Michael Moore. Il serait bon que le jury évalue une manière plus qu’un sujet. Et pourtant, il se murmure que The Son of Saul pourrait tout rafler. Ce serait consensuel. Mais ce serait une erreur.

Jocelyn Maixent

Le duel des audaces

Le duel des audaces - Clap 8 - Festival de Cannes

Lundi 18 mai, deux films se sont livré bataille sur un même terrain : celui de l’audace et de l’absurde. Hasard de la programmation, les deux films sont issus de pays francophones, connus pour une tradition déjà longue d’œuvres décalées, voire surréalistes. Côté belge, le nouveau film de Jaco van Dormael, Le tout Nouveau Testament, qui réécrit l’histoire avec de nouveaux apôtres, à l’initiative d’une petite fille. Côté suisse, La Vanité de Lionel Baier, qui met en scène un cancéreux en phase terminale désireux d’euthanasie dans un motel improbable. Deux visions, deux films très différents, avec des moyens eux-mêmes très différents. Et à la fin, un score : Suisse 3, Belgique 1.

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« Dieu existe, et il habite à Bruxelles ». Le film de Jaco van Dormael commence très fort. Le spectateur est immédiatement plongé dans une atmosphère absurde, où les dialogues décalés et les situations cocasses s’enchaînent rapidement. Dieu, campé par un Benoît Poelvoorde qui poelvoordise à merveille, gère le monde à partir d’un grand ordinateur, et se révèle à la maison un vrai tyran domestique qui fait subir à sa famille un enfer quotidien. Jusqu’à la révolte d’Ea, la petite fille, qui sera le nouveau Christ et écrira, à l’aide de six nouveaux apôtres, un « tout nouveau testament ». La mise en place est brillante, extrêmement drôle, le spectateur est vite conquis. Reste à transformer l’essai… ce que le film ne fait qu’à moitié. Le problème des films qui commencent très bien, c’est qu’il est difficile, sur la longueur, de tenir le niveau. Le tout Nouveau Testament s’étiole donc un peu, car certaines situations répétitives deviennent moins drôles, et le scénario, construit sur le recrutement des nouveaux apôtres, n’évite pas l’écueil du film à sketches. Certains moments brillants se mêlent à d’autres plus lourds, tandis que la réalisation, qui semble parfois à court d’idées, multiplie les effets spéciaux plus ou moins poétiques dont tous ne sont pas justifiés. Plus le temps passe, plus le spectateur s’irrite un peu de ce conte pour enfants qui, s’il réserve par moments de belles pépites, a tendance, justement, à le prendre un peu trop pour un enfant.

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Lionel Baier, avec La Vanité, se situe aux antipodes de cette posture.  Nous avons affaire cette fois à un conte pour adulte, un vrai petit bijou, parmi ceux que les sections parallèles du festival accueillent parfois, faisant leur vrai travail de découvreuses. David Miller, ancien architecte veuf en phase terminale de son cancer, a décidé de planifier son euthanasie. Dans un motel de la banlieue de Lausanne, il donne rendez-vous à Esperanza, chargée de le faire passer en douce de vie à trépas. Le film installe la situation dans un cadre glaçant, avec un humour noir… très noir. Les dialogues, très écrits et remarquablement interprétés (tous les acteurs sont exceptionnels), nous montrent que la carte de l’absurde n’est pas jouée que pour l’absurde, mais que cette ambiance très étrange est mise au service d’autre chose : une sorte de parabole philosophique que n’aurait pas reniée David Lynch. La maîtrise de l’univers visuel est impressionnante : les couleurs, les cadres, tout est parfaitement maîtrisé. Chaque plan invente, riche et complexe, quelque chose qui dépasse la simple fable. Car cette euthanasie ne va pas se passer comme prévu, et le voisinage d’un jeune homme prostitué et d’un bar au nom surestimé d’Hollywood va précipiter David Miller là où il ne voulait pas aller : vers la vie, l’enfance, l’émotion. Contrairement à son homologue belge, Baier n’est pas là que pour faire rire, et le dernier quart d’heure de La Vanité, tout en émotion contenue, est bouleversant car l’appétit de vie se laisse à nouveau lire sous l’humour grinçant. Vers la fin du film, deux mains se rencontrent qui vont retisser la passerelle entre mort et vie. En une heure et quart tout juste, et sans mauvaise graisse, Lionel Baier nous aura fait faire le tour de l’existence et de ses principaux enjeux, avec une cohérence esthétique absolument bluffante. Alors que chez Dormael, tout est vanité, Baier affiche jusqu’à la dernière image une humilité et une économie de moyens qui rendent ses images d’autant plus évocatrices. Le cinéma semble avoir trouvé son helvète underground.

Jocelyn Maixent

Cérémonie d’ouverture du Festival : Lambert Wilson rend hommage aux femmes du Monde et du Cinéma.

Le Festival de Cannes a débuté il y a bientôt une semaine par la traditionnelle cérémonie d’ouverture. Animée par Lambert Wilson, celui-ci a voulu rendre hommage aux femmes et aux actrices, mais aussi aux Présidents du Jury, les frères Coen. Retour sur ce moment fort du Festival.

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«  Vous allez fermer les yeux avec moi, justes quelques secondes, et vous allez penser très fort au Festival de Cannes. Quelle est la première image qui vous vient à l’esprit ? Vous entrevoyez peut-être une silhouette, un visage, il est précédé de son parfum. Vous pensez au Festival et c’est bien une femme que vous voyez… Cannes est une femme ! ».

Lambert Wilson a vu juste. Cannes est une femme, le cinéma est une femme. Clap8 n’était pas à Cannes pour la cérémonie d’ouverture, mais tout comme les spectateurs présents au Grand Théâtre Lumière le 13 mai dernier, nous aussi nous avons fermé les yeux, et nous aussi, nous avons vu la silhouette d’une femme. C’est d’abord celle d’Ingrid Bergman qui est apparu, l’élégante silhouette de cette actrice suédoise et icône moderne choisie pour représenter l’affiche du Festival. Puis au fil du discours du maître de cérémonie, nous avons aussi vu l’autre femme. Celle qui ne connaît pas toujours la signification du mot liberté, la femme face « au terrible désenchantement du monde », puis celle qui est mise en lumière à travers le cinéma. L’Actrice.

Outre les critiques que nous avons pu apercevoir sur les réseaux sociaux – « discours féministe », « La femme inspire l’homme, c’est un peu sexiste » – nous en retiendront le meilleur. Lambert Wilson a mis en valeur la femme, dans le monde mais aussi dans le cinéma, milieu qui n’est pas vraiment réputé pour son égalité des sexes.

Suite a un ballet interprété par les danseurs de Benjamin Millepied, directeur de la danse de l’Opéra National de Paris, puis à l’entrée du Jury, un second hommage a été effectué. Celui de Joel et Ethan Coen, Présidents du Jury du Festival. C’est par une rétrospective de leurs chefs-d’œuvre que cette cérémonie d’ouverture nous a rappelé leur talent. Alors à l’image de « The Big Lebowski », nous pouvons dire que cette année, ce sont eux, les « Dudes » de ce 68ème Festival de Cannes.

Juliette Labracherie

Les amis de mon Amy sont mes amis

Le genre documentaire a toujours eu sa place au Festival de Cannes. Il rafla même la palme d’or en 2004 avec Fahrenheit 9/11, de Michael Moore. Cette année, c’est hors compétition que l’on découvre un beau film documentaire, faussement précédé d’une réputation sulfureuse : Amy de Asif Capadia. Retraçant les vingt-sept années du parcours de cette chanteuse hors normes, le film prend la forme d’une chronique sensible qui éclaire la face sombre de la star, mais qui surtout rend grâce à son talent.

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La sélection de Amy à Cannes avait tout pour créer le scandale. Chanteuse sulfureuse, fauchée en pleine gloire par la défonce, exploitée par un père que le documentaire n’épargne pas, et à la merci de médias peu scrupuleux qui firent leur beurre de ses frasques… tout y était pour faire monter la sauce et faire du film d’Asif Kapadia l’un de ces événements scandaleux que la Croisette affectionne. A l’arrivée, Amy est tout le contraire d’une machine à scandale. C’est un travail sérieux, ultra documenté, et c’est aussi une déclaration d’amour à cette figure romantique qui se brûle les ailes à force de talent et d’excès. Le nombre de contributeurs est impressionnant, et fait sans doute du film « le » documentaire-somme sur Amy Winehouse.

Le parti pris d’Asif Kapadia donne beaucoup de rythme à la narration, et surtout choisit un angle très personnel, sans pour autant verser dans l’impudeur ou le voyeurisme. Le réalisateur est allé chercher quantité d’archives personnelles, films de famille, petites séquences filmées au smartphone, archives camescopées de l’enfance, sur lesquelles on entend les nombreux témoignages vocaux de ceux qui ont connu Amy. Ce dispositif permet d’éviter la lourdeur des interviews face caméra, qui font parfois du documentaire un genre rébarbatif. Ici, l’image est constamment en mouvement, et surtout l’intelligence de la superposition du son et de l’image crée des effets de sens, des connexions inattendues, des rencontres d’émotions qui nous permettent d’accéder à une vérité du personnage. Ainsi le tempérament dépressif de la chanteuse est-il mis en lumière dès l’enfance, cette période censément lumineuse où pourtant sa vie, déjà, semble aussi cassée que sa voix.

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Asif Kapadia réussit un pari difficile : nous faire entrer dans l’intimité de la star sans faire ce qu’il reproche aux médias, qu’il met clairement en cause tant ils se sont acharnés à détruire l’icône. Cet équilibre fragile, il le tient jusqu’à la fin du film, dont le seul sujet n’est pas l’autodestruction d’Amy Winehouse. Il limite les scènes pathétiques (la seule présente la chanteuse totalement ivre et incapable de la moindre note dans un concert à Belgrade) et sait surtout faire entendre sa musique, et rendre grâce à son immense talent. Car le film donne lieu à l’exhumation de quantité d’archives musicales, de versions démo de ses chansons, de séquences où Amy compose, où l’artiste fait oublier la scandaleuse. La bande son de Amy est un régal musical. On voit la chanteuse tâtonner, poser ses notes sur ses mots, et on s’aperçoit alors de son talent littéraire, et de l’importance qu’avait pour elle l’écriture des textes.

L’une des dernières séquences du film, qui montre l’enregistrement de Body and soul en duo avec Tony Bennett, est bouleversante.  On y voit la star intimidée par le monstre sacré, et l’admiration du monstre sacré pour le talent de la belle. La très grande douceur de cet enregistrement montre Amy redevenue enfant, hésitante, gauche, ne parvenant pas à se hisser à la hauteur du géant, jusqu’à ce que, à force d’encouragements du crooner, elle parvienne à tisser sa voix avec la sienne, dans un entremêlement magnifique. Rien que pour ce moment de grâce, Amy fera date.

Jocelyn Maixent

La critique (2/2)

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Petite habitude, avant chaque film, j’essaye de mettre en mots mes attentes vis-à-vis du film. Le débat intérieur fut abrégé par un réaliste « RIEN ». Je n’attends absolument rien de ce film, j’ignore tout de ce que je vais voir et commence donc la projection le sourire aux lèvres, enchanté par l’expérience.

Dès les premières secondes, je suis frappé par un élément : la musique puissante en fond des dialogues. Plus qu’une ambiance, plus même qu’un vecteur de pathos, la musique est ici un outil de ponctuation 100% pur jus de pathos. Presque une troisième voix, impartiale et ferme qui intervient parfois brutalement pour rompre des dialogues. Ma culture bollywoodienne étant ce qu’elle est, je me contenterai de noter l’influence non négligeable de Bollywood sur le cinéma pakistanais, dont les standards, comme en témoigne Abdullah, sont éloignés de ceux du cinéma occidental.

Oui, je vais enfin vous parler du film ! Nous y voilà.

Abdullah - Festival de Cannes - Clap8

Abdullah est un père de famille pakistanais (interprété par Hameed Sheikh) qui emprunte régulièrement la main road avec son camion de livraison (j’avoue que l’objet de la livraison a échappé à ma compréhension de l’ourdou sous-titré anglais). Alors que, accompagné de son assistant, il rencontre cinq voyageurs qu’il accepte d’embarquer jusqu’à la prochaine grande ville, Quetta. Au terme d’un certain nombre de rencontres fortuites, de pots-de-vin policiers, de courses poursuites, les cinq voyageurs russes, soupçonnés de terrorisme, sont abattus froidement par un escadron douanier sous les yeux horrifiés d’Abdullah et de son fidèle acolyte.  Soupçonnés de complicité, les deux infortunés sont livrés aux forces judiciaires où la corruption est tout aussi abondante.

Récit poignant et légèrement romancé des incidents de Kharotabad en 2011, ces 90 minutes sont une clameur contre la corruption qui semble toucher le haut comme le bas de l’échelle de tout l’exécutif et judiciaire du pays.

La retenue est toutefois de mise dans un contexte où le médecin légiste ayant prouvé l’innocence des cinq défunts en 2011, fut abattu dans les semaines suivant ses révélations. Aussi, la demi-teinte de ces dénonciations, bien que compréhensible se révèle troublante pour le spectateur occidental, habitué à voir les pouvoirs malmenés sur grand écran. En résulte une fresque confuse mêlant un récit sordide, dont les sous-entendus (probablement anti-censure) manquent de finesse, à des passages puissants et à des séquences à l’eau de rose bon marché, presque parasites, probablement censées alléger le film. Les ficelles classiques sont mobilisées : le fils ainé d’Abdullah (interprété par la grande tête d’affiche Imran Abbas), connu pour être parieur et peu volontaire, est éperdument amoureux de la superbe Zohra (Sadia Khan) dont le frère refuse catégoriquement l’union avec ce fainéant.

Abdullah - Festival de Cannes - Clap8

Cet aparté régulier soulage efficacement l’ambiance tendue du reste de l’histoire, mais permet également d’ancrer le personnage d’Abdullah dans une normalité, une humilité certaine, qu’on ne perçoit malheureusement qu’après coup. Mais c’est aussi la grande occasion de laisser place aux grandes spécialités bollywoodiennes : les interludes musicaux. Provocant alors une étrange sensation de patchwork entre une scène tendue et sombre qui s’effondre pour laisser la place à quelques couplets au sommet du kitsch (ou rédigés par Sylvester Stallone sous MDMA).

En définitive, Abdullah : The Final Witness est un chef d’œuvre de compromis et d’anticipation de la censure, traitant d’un sujet au plus haut point délicat en mobilisant un certain nombre de méthodes variées inspirées de Bollywood, mais aussi du cinéma occidental avec des scènes plus intimes et religieuses que l’on a l’habitude de voir dans certaines œuvres américaines. On regrette l’absence d’une vraie originalité dans la réalisation, mais on ne peut probablement pas être sur tous les fronts et Abdullah est définitivement un film militant avant tout. Bien que le dernier plan révèle une volonté artistique, puisqu’au coût d’un faux raccord, le film se termine sur un coucher de soleil découpant une silhouette (NO SPOIL).

Donc non, ce film n’est pas mon film de l’année, non je ne l’ai pas noté 9/10 sur IMdB, mais n’attendant rien de cette séance, j’ai profité à 100% d’une nouvelle expérience, d’une nouvelle façon (pour moi) de traiter un sujet si délicat dans un contexte encore plus délicat, et me prouvant encore une fois à moi-même que tout ceci n’est qu’une question de réception. Je doute que les salles françaises s’y ruent et que la critique n’encense ce film, en témoigne le taux de remplissage de la salle décroissant au fil des minutes. Mon article ne le flagorne pas plus, mais il salue l’existence de ce type de projection, la chance donnée à ces artistes de présenter leur vision, leur vie dans un lieu aussi prestigieux. Car c’est aussi ça le cinéma, une expérience esthétique ponctuelle qu’un autre lieu et un autre temps modifieraient inévitablement. Aurais-je perçu ce film différemment ailleurs ? Oui très certainement. Et c’est certainement pour cette raison que l’on se presse à Cannes, pour cette expérience unique, cette même expérience qui mène de nombreux critiques à raviser intimement leur jugement à la projection régulière à Paris, mais l’opinion publique est déjà forgée.

Josué Binet

La critique (1/2)

La critique, tout le monde n’a que ce mot à la bouche. Plus encore au sein de la partie cachée de l’iceberg, ce monde secret que le grand public distingue de loin, détecte à ses badges noirs et dont on prononce à peine le nom : « le marché du film ». Grand marché à ciel ouvert, abandonnant à Barbès la primeur des étalages pyramidaux, le marché du film de Cannes n’a qu’un produit. On l’observe par-dessus les fébriles barrières, unanimement respectées par la foule sauvage de la Croisette. Le Marché du film est un livre ouvert, mais dont celui qui ne possède pas le passe-droit ne voit que les chapitres. Et évidemment, pendant ces 12 jours durant lesquels Cannes se revendique la capitale du monde, les chapitres sont fièrement surmontés par les oriflammes nationales.

Les films présentés cherchent pour la plupart des contrats de distribution, c’est la raison même de leur projection : être repérés par les distributeurs et donc être projetés dans le plus de pays possible. Fort de ces 44 salles, le marché est le grand incontournable pour les vrais professionnels du festival, un espace où tout le monde connait tout le monde.

C’est donc en étant personne et en ne connaissant personne que je me suis aventuré dans cette jungle à grand renfort de chance, accompagnée d’un cocktail de culot et de sourires convaincants. Heureux possesseur d’une invitation gagnée à la sueur de mon front (eh oui, Cannes c’est autre chose que les Buttes Chaumont, espèce de sale parisien !), j’apprends que je suis en route pour le troisième film pakistanais présenté au festival cette année. Fort bien !

Non badgé mais culotté et bien habillé, je parviens à la projection, croise brièvement l’équipe du film ainsi que l’ambassadeur -bonjour monsieur- et m’installe dans une petite salle d’à peine 100 places. Le calcul est aisé, taux de remplissage : 19% (équipe du film et ambassadeur inclus).

Premier choc : le son. Pris de court par les basses profondes du jingle du producteur, je reprends conscience : je suis bien à Cannes et dans 3 secondes commence mon premier film cette année : Adbullah : The Final Witness de Hashim Nadeem.

Je vous invite à regarder la bande annonce avant de passer à la seconde partie de l’article via le lien ci-dessous.

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