‘Dans la brume’, une lente contemplation de la guerre.

Sergei Loznitsa, réalisateur Russe exilé depuis longtemps en Allemagne, nous livre ici son deuxième film de fiction. Lui qui fut souvent reconnu comme un artiste expérimental dans ses documentaires.

1942, La Biélorussie comme décor. Temps noir pour un pays sous suspicion de résistance contre l’envahisseur allemand. Dans ce contexte une lutte tente tout de même de se mettre en place. Les heures sombres d’un pays meurtri qui change.

Un homme accusé de collaboration est emmené par deux résistants dans une foret pour y être exécuté. Ce film est un long chemin de croix pour un personnage qui se résigne à son sort alors qu’il ne le mérite pas. Lui possède toujours une morale inébranlable en des temps où celle-ci n’existe plus vraiment. La cruauté d’un système barbare est mis en exergue et la lenteur de la narration nous fait réfléchir sur la longue acceptation de ce système contre lequel chacun devrait lutter. Loznitsa ne nous dépeint pas seulement cette procession funèbre mais beaucoup plus largement il nous montre l’humanité qui vacille en périodes difficiles. Parsemé de flash-backs nous expliquant pourquoi ces personnages en sont arrivés là, ce film est une rigoureuse reconstitution historique. Les longs plans séquences construisant le film nous mettent à rude épreuve durant 2h07 (c’est le moins que l’on puisse dire), pourtant cette forme narrative souligne la vérité du propos. Un pays en guerre n’est plus le même, les hommes ne sont plus les mêmes.

Après la projection l’ovation dura de longues minutes durant lesquels l’équipe du film pu ressentir l’accueil très chaleureux des festivaliers. A en juger par celui-ci voilà un sérieux candidat pour la palme d’or.