La 77ème édition du Festival de Cannes s’est achevée le samedi 25 mai. De quoi revenir sur les films et moments marquants de cette fin de semaine sur la Croisette, à travers les médias.
La Croisette grouille, comme à son habitude en ce mois de mai, de touristes afffamés, de photographes sur le qui-vive, de cinéastes et de leurs muses. Aux abords du tapis rouge, des “milliards de photons magiques” irradient Cannes, peut-on lire dans Libération. All we imagine as light, réalisé par Payal Kapadia, est le premier film indien présenté en compétition officielle en 30 ans de festival. Ce premier long métrage de fiction entremêle les parcours de trois femmes qui tentent, pour le journal, de “cheminer de la nuit vers la clarté”.
Un chemin réussit pour les trois actrices qui sont passées des vitres tintées de leur voiture aux flashs des photographes, tout cela en dansant. Si la bonne humeur s’est répandue sur les marches, le casting n’a pas oublié la situation humanitaire en Palestine. Kani Kusruti a fièrement porté un sac en forme de pastèque. Un geste de soutien suivi par d’autres stars comme Kate Blanchett ou Leila Beckti.
Des films bouleversants, sur le fond comme sur la forme
A l’intérieur du palais des festivals, dans le théâtre lumière, se sont succédés des films tout aussi engagés que les robes du tapis rouge. Télérama s’interroge : “Le cinéma peut-il changer le monde ?”. C’est peut-être ce qu’essaye de faire Les graines du figuier sauvage de Mahammad Rasoulof. Le réalisateur iranien suit les bouleversements d’une famille dont le père est promu enquêteur au tribunal révolutionnaire, et ce dans le contexte du mouvement “Femme, Vie, liberté !”. Selon le magazine, le film est “explosif” et “d’une puissance inouïe”. Sortis de leur contexte, ces qualificatifs pourraient, pour d’autres raisons, s’appliquer à The Substance de Coralie Fargeat. Ce long métrage de body horror avec Demi Moore a secoué les spectateurs et agité les pompiers, tant il peut être insoutenable. Les journalistes des Inrockuptibles semblent avoir eu l’estomac particulièrement retourné : “Le film est une expérience à la limite du tolérable, par son ultraviolence formelle aux ficelles pachydermiques (toutes les répliques sont gueulées), mais surtout par la laideur de son regard, qui réifie tout ce qu’il voit.”
Une cérémonie de clôture surprenante
Après quelques courtes nuits et beaucoup de cocktails, le Festival de Cannes se concluait par sa célèbre cérémonie attribuant la palme d’or. Une récompense obtenue à la surprise générale par Anora, signé Sean Baker. Pour le Parisien, cette palme est “loin d’être idéale, un peu “légère” mais pas déshonorante non plus”. Cette fiction suit l’histoire d’amour naissante d’Anora, une strip-teaseuse new yorkaise, et du fils d’un oligarque russe. Mais ce conte idyllique se décompose lorsque les beaux-parents de la jeune fille débarquent aux US pour empêcher cette union. Le jury a choisit de récompenser un cinéaste “toujours attentif aux misères des marginaux de l’Amérique”, selon le quotidien.
On retiendra finalement les réunions et hommages de Juliette Binoche à Meryl Streep, de Zaho de Sagazan à Greta Gerwig ou encore de Francis Ford Coppola à George Lucas. D’autres discours, saisissants et nécessaires se sont tenus derrière le pupitre de la grande scène, comme celui de l’actrice trans Karla Sofía Gascón. Elle a remporté le prix de la meilleure interprétation féminine aux côtés de ses co-stars dans Emilia Perez (de Jacques Audiart), et en a profité pour le dédier “à toutes les personnes trans qui souffrent tous les jours”. Elle conclue cette édition du festival avec un message plein d’espoir : “Nous avons tous la possibilité de changer pour le mieux”.
Lucile Danjou