Le Passé, une question de temps ? Un deuxième avis

Le passé, ou l’histoire ordinaire d’une famille vivant en banlieue ? Vue sur le RER, maison modeste et en désordre ainsi qu’une ambiance calme forment le cadre de l’action. Mais ici, règne davantage un calme pesant qu’apaisant. En réalité, le poids n’est pas tant dû au lieu qu’à l’univers prégnant au sein de la famille. Ai-je dit le mot famille ? Peut-on nommer ces personnes ainsi ? A titre d’illustration, autour du personnage principal incarné par Bérénice Béjo, il y a trois hommes : le père de ses enfants qui n’apparaît pas, l’ex-mari qui revient d’Iran pour signer les papiers du divorce, et le nouveau compagnon qui cherche encore sa place. Les enfants ? Deux filles du côté de la femme, et un petit garçon pour le nouveau mâle. Triste bilan d’une histoire digne d’un mauvais téléfilm ? Détrompez-vous !

Le réalisateur nous offre un festival d’émotions. Nous n’irons pas jusqu’à dire que le spectateur vivra une véritable catharsis. Mais, il aura l’occasion de ressentir les sentiments comme les personnages, rattrapés par leur passé. Des frissons vous parcourront le corps en imaginant vivre leur situation.Tourmentés entre l’amour, la dignité, la culpabilité et la douleur. Donc oui, j’énonce encore le mot famille, car au milieu de tout ce capharnaüm ainsi que des diverses crises et rebondissements, ce mot, ce concept fait sens, et ces individus restent unis.

Pourtant, plus de deux heures de films amènent quelques longueurs, notamment au début. La véritable mise en place de l’histoire tarde. Les acteurs marquent de longs temps d’arrêt avant de s’exprimer. C’est ce qui donne la véracité du film, mais les intenses émotions suffisaient.

En somme, malgré ce petit bémol, un jeu d’acteurs remarquable et une histoire nous transporte au sein de la vie de ces personnages. Une nouvelle œuvre pour Asghar Farhadi, qui envahira les esprits avec sa subtile fin dite « ouverte », où une liberté totale est laissée au spectateur d’imaginer la suite de l’histoire.