« Les misérables », choc nécessaire

« Les misérables », choc nécessaire

Cela fait déjà plus de 4 heures que je suis sorti de la projection de « Les Misérables » et impossible de m’enlever certaines scènes marquantes du film. Ce que je vais écrire est sûrement une lettre d’amour sans objectivité adressée au long-métrage de Ladj Ly mais pas grave, je me lance.

Les Misérables, fait clairement partie des films qui nous font passer par toutes les émotions. Durant la première moitié, on rit beaucoup à découvrir ce quartier aux habitants parfois atypiques (ou présentés comme atypique par les policiers). Ladj Ly a opté pour une introduction de film assez légère dans la tonalité, avec aussi la présence d’humoristes comme Fodjé Sissoko. Cette première partie nous prépare à une fin de film terrible et choquante. À ce moment-là, « Les Misérables » devient un drame, un thriller, avec des passages d’horreur et de film de guerre. Cette partie laissera surement sans voix beaucoup de spectateurs et fairont pleurer les plus émotifs. Certaines scènes, comme celle de l’arrestation, m’ont dressé les poils. Le choix de filmer quasiment comme un documentaire ces trois policiers offre une plus-value au long-métrage. On est embarqués dans cette équipe et on va patrouiller pendant deux jours avec eux. Cette sensation de réel est le but recherché et le choix des acteurs offre encore plus au film cette sensation. Pas d’acteurs reconnus et beaucoup de jeunes de quartiers semblent avoir été choisis pour incarner « Les microbes ». Même si le jeu des enfants n’est pas toujours juste, on oublie ce défaut très vite. Un défaut de début de film devient finalement une force.

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Hommage au Nanar

Hommage au Nanar

En route pour le Festival de Cannes, l’équipe Clap 8 a souhaité rendre hommage à une catégorie de film bien particulière. Des films qu’on a peu de chance de croiser sur l’emblématique tapis rouge : les Nanars.

Autour du Nanar, les avis divergent

Dans le monde du 7e art, il a ses adeptes, et ses détraqueurs. Certains vous en parlerons amusés, à la sortie d’une séance de ciné où ce film si mauvais a fini pour cette même raison par les faire pleurer de rire. Cette projection qui séduit par ses défauts, qui en devient pour le moins comique, à la différence du « navet », un film aussi fade que le légume qui porte le même nom.

Les plus sceptiques, eux, refuseront de parler du Nanar comme d’une catégorie cinématographique, trop vulgaire selon eux pour mériter une place à part entière dans le monde du grand écran. En partance pour Cannes, la croisette et le tapis rouge, l’équipe Clap 8 tenait à vous parler de ces films qui ne raflent pas souvent les palmes du Festival.

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Les réalisateurs en compétition dans la sélection officielle 2019

Les réalisateurs en compétition dans la sélection officielle 2019

Le 2 Avril, Quentin Tarantino et Abdellatif Kechiche ont pris leurs places dans la liste des réalisateurs concourants dans la sélection officielle. Une liste, maintenant close, contenant 21 films qui n’auront qu’un but, impressionner la critique et pourquoi pas aller décrocher la Palme d’Or. Mais à quoi ressemble cette liste ? Retour sur tous les réalisateurs et réalisatrices en compétition.

Ils ont déjà raflé la Palme d’or

Ken Loach, les frères Dardenne, Pedro Almodóvar ou encore Terrence Malik, voilà des noms qu’on a l’habitude de voir à Cannes. Cette année n’est pas encore celle du renouveau mais, ce qui est sûr, c’est que le merveilleux palmarès de certains peut créer l’attente.

Résultat de recherche d'images pour "Quentin tarantino Palme d'or"Résultat de recherche d'images pour "Ken loach palme d'or"Les réalisateurs Quentin Tarantino et Ken Loach

Ken Loach

Tout d’abord, des doubles gagnants de cette Palme d’or sont présents cette année. Ken Loach et les frères Dardenne. Pour Ken Loach, sa dernière victoire ne date que de trois petites années. C’est en 2016 et avec son dernier film Moi, Daniel Blake que le réalisateur britannique s’offre son deuxième Graal après Le vent se lève en 2006. Maintenant âgé de 82 ans, Ken Loach revient cette année avec un film dans la même veine que son précédent. Sorry to bother you semble être à nouveau un film très politiquement marqué. Le réalisateur qui nous avait laissé avec cette phrase :  » Il faut dire qu’un nouveau monde est possible, et même nécessaire. » Ken Loach ne semble pas avoir abandonné le combat qu’il mène depuis son premier film Cathy come home. Ce qui est sûr, c’est que nous avons hâte de voir à nouveau le réalisateur octogénaire dans ses œuvres, nous dépeindre la misère de certaines familles anglaises.

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Un certain courage #2

A l’écriture du premier récap’, teinté d’humour et de bonne volonté sûrement couplé à une vantardise mal placée, je ne pouvais me douter que la chance, le culot, l’audace, nous mèneraient, mes amis et moi, à vivre tant d’expériences à Cannes.

Rendons déjà honneur à notre bonne étoile qui, lors de notre première soirée à la grande et fameuse Villa Schweppes, permit à notre groupe d’une quinzaine de jeunes journalistes d’entrer devant toute la file. Quelle bonheur, la tête haute, de passer en priorité à une soirée sur invitation, dépassant d’un pas nonchalant la cinquantaine de fêtards présents. Le plus heureux devait être Robin, fier et unique garçon de la bande dans sa tenue de pingouin qui accompagnait ces charmantes demoiselles.

Conseil aux garçons : une robe, des talons et un sourire à toutes épreuves, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Même le carré VIP n’a pas résisté longtemps à notre venue. Lâchant dignement les mots « influenceuse » et « invitée », le vigile ne pu que s’écarter pour nous laisser gravir les marches noires. De notre côté, c’est nous qui n’avons pas résisté aux cocktails servis, échange de bons procédés.

Notre épopée à la villa ne s’arrête pas là. Tout en entrant illégalement (à force d’enrouler les hôtes.esses mon karma doit être dans le négatif) dans l’espace presse, nous faisons la rencontre de Victor* qui nous offre le numéro du responsable des listes « invités ». Vous connaissez déjà la suite de l’histoire … Ni une, ni deux je prends mon téléphone et récupère quelques places sur liste pour la soirée du lendemain, avec Eddy de Pretto en guest. Arrivée comme des princesses (avec notre seul et unique prince), nous passons la sécurité en annonçant le saint graal « six personnes sur liste pour Clap 8 ».
Checkpoint.
Digne des films hollywoodiens. Simple. Basique.

Julia  & Juline

La Cannes à pêche #1

Parce que Cannes est un nid de looks plus improbables les uns que les autres, nous voulons –  nous parisiens devenus cannois en l’espace de trois jours – vous partager la crème de la crème, la cerise sur le gâteau (à la crème), les personnes les plus stylées de la croisette selon l’équipe. Exit la robe plumeau, la veste poil de poussin, nous laissons ça aux rubriques FLOP des magazines de mode. Ici, que du lourd, attention les yeux : ça brille. La pêche aux looks a été bonne.

Comprendre le Festival de Cannes en 3 minutes

Petit récapitulatif de Cannes, son principe et son histoire pour celles et ceux qui chaque année sont perdus face à toute l’agitation culturelle que représente ce festival de cinéma.

Le Festival de Cannes est le festival de cinéma le plus médiatisé au monde, récompensant une poignée de films parmi une large sélection établie par un jury de professionnels. Chaque année pendant douze jours, le monde tourne autour de cet événement qui met en avant jeunes talents comme légendes du cinéma, robes comme smokings, le tout sur des marches tapies de rouge (pour l’instant je ne vous apprends rien).

Il est né d’une envie de consolider la culture française mais surtout de créer une compétition internationale de films indépendante politiquement, face à une jeune sélection internationale italienne – la Mostra de Venise – qui œuvre sous la pression d’un gouvernement fasciste. Pour l’anecdote, la première édition du festival cannois aurait dû avoir lieu le 1er septembre 1939 mais a été annulée suite à l’invasion des troupes allemandes en Pologne. La première réelle édition n’aura lieu qu’en 1946 dans l’ancien casino de Cannes, sous l’impulsion du Ministère des affaires étrangères et de la ville.

Indépendant politiquement, c’est un festival qui se veut engagé, avec des films qui font parfois scandale comme le documentaire Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, retiré de la sélection officielle de 1957 et classé hors compétition à la demande de l’ambassade d’Allemagne ; la critique de la société de consommation dans La Grande Bouffe de Marco Ferreri (1973) huée lors de sa présentation ; ou plus récemment le très controversé Irréversible de Gaspar Noé (2002). A noter également le Festival de Cannes de 1968 où les grands noms du cinéma (François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Lelouch pour ne citer qu’eux) s’étaient mêlés au mouvement étudiant, ce qui avait interrompu le déroulement du festival.

Image prise lors du festival de cannes 1968 où des réalisateurs emblématiques avaient soutenu la cause étudiante.

Un méli-mélo de sélections

Lors de ses douze jours de gloire, le Festival de Cannes est une véritable fourmilière. Avec l’ampleur qu’il a su prendre durant toutes ces années, il compte dorénavant plusieurs sélections : la sélection officielle comprenant les films en compétition, ceux hors-compétition et la sélection parallèle d’un certain regard, qui récompense des réalisateurs peu connus et audacieux.

La Quinzaine des réalisateurs est également une sélection parallèle mais indépendante du festival, qui chaque année prône une liberté dans les choix de films, voulant être « sans contraintes idéologiques ni techniques et représentative des cinémas du monde ». Comme la Quinzaine, la Cinéfondation est une sélection annexe, qui met en avant de nouveaux talents. Chaque année, elle sélectionne de quinze à vingt courts et moyens métrages présentés par des écoles de cinéma de tous pays.

Mais alors parmi toutes ses sélections, quels sont les films éligibles aux prix les plus prestigieux comme la Palme d’Or ou le Grand Prix ? Ce seront seulement la vingtaine de films en compétition qui pourront être récompensés lors de la cérémonie de clôture par la majorité des prix décernés à Cannes. Cependant, les autres sélections ont chacune un unique prix à décerner, pour récompenser des films qui n’auraient peut-être pas eu leur chance en sélection officielle.

Un peu moins perdu ? Si vous voulez creuser un peu plus dans les détails, on vous conseille de vous renseigner sur ceux qui tâchent d’organiser ce grand festival cinématographique chaque année, les réalisateurs de l’édition 2018, les scénarios des films présentés… Et bien sûr voir notre présentation du jury 2018 !

Le départ approche…

©SNCF

J-4 avant le grand jour. La montée des marches, les strass, les paillettes, la chaleur du soleil qui viendront me caresser la peau, Cannes et son festival m’ouvrent enfin leurs portes…

J’ai toujours vu cette cérémonie assise sur mon canapé, à m’imaginer : « Et si moi j’y étais, qu’est ce que je ferais ? Comment je serais habillée ? Qui je rencontrerais ? »,  tant de questions qui vont, enfin, pouvoir avoir une réponse.

J’ai à peine commencé ma valise que mes pensées sont déjà devant le Théâtre Lumière. Mon programme de films à voir est déjà tout tracé, je ne sais même pas si mes yeux et mon cerveau vont pouvoir suivre, tellement j’ai de choses à découvrir. L’excitation est palpable, je crois que je réalise tout doucement que je vais bientôt vivre l’un de mes rêves.

Mais avant de monter les marches, il y a toute une préparation à faire. Il a fallut chercher LA fameuse tenue, les chaussures qui iront parfaitement avec et bien sûr les accessoires. J’avais l’impression d’être Julia Roberts dans Pretty Woman, à faire tous les magasins de Paris pour me dégoter l’habit qui fera la différence.

Bon, c’est bien beau d’avoir une tenue, mais à Cannes, j’y vais avec un but précis : écrire et voir des films. Je veux pouvoir me faire mon propre avis sur les films en compétitions, c’est la première fois que j’en ai l’occasion. Je dois en plus alimenter chaque jour Clap 8, pendant 6 jours je vais être une vraie journaliste. Armée de mon carnet, mon stylo, mon appareil photo et de mon badge presse, je serais à l’affut de n’importe quelles informations.

Je ferais tout pour retranscrire ce que je vis et vous faire vivre à votre tour la magie du Festival de Cannes.

Alors cliquez sur la petite étoile juste en haut de votre barre de recherche pour mettre notre site internet en favori. Et montez avec nous les marches du Théâtre Lumière…

Elisa Gay

Cannes année zéro

À l’heure où le tapis rouge commence à exhaler son parfum de neuf en bas des marches, et où l’excitation monte à l’approche des premiers flashes, tous les commentateurs s’accordent à dire qu’un vent de nouveauté souffle cette année sur le festival. On l’attendait en 2017 à l’occasion du 70e anniversaire… mais il fallait commémorer, fêter, autrement dit garder l’œil dans le rétroviseur. 2018 : changement de programme. Le rétroviseur regardera vers l’avant ! Oui, je sais, c’est un paradoxe…

La première surprise est venue lors de la conférence de presse présentant la sélection le 14 avril. Depuis 2002, première sélection de Thierry Frémaux, on reprochait au programmateur de faire ronronner les grands noms, et de distribuer les bons points comme des abonnements à vie. Résultat, il fallait chercher dans les sections parallèles, ACID, Quinzaine et Semaine, les pépites du cinéma de demain. Malgré de belles réussites (La vie d’Adèle de Kechiche ou Winter Sleep de Ceylan), la sélection officielle finissait par sentir le formol avec des films parfois académiques, souvent empesés.

Un simple coup d’œil sur la liste des films 2018 suffit à mesurer le changement de cap. Beaucoup de premiers films, pas mal d’inconnus, et un parfum de fresh air mâtiné de trublions politiques. Du résistant iranien Jafar Panahi à la potion anti-Poutine de Kirill Serebrennikov en passant par le dissident chinois Jia Zhang-Ke, le moins que l’on puisse dire est que les films de 2018 affichent l’engagement en bandoulière, avec une Cate Blanchett en présidente du jury estampillée Me-too. 1968-2018 : la sélection de Godard 40 après son coup d’éclat cannois de 68 fait aussi figure de clin d’œil. La révolution en marche. Paris 8-Cannes, même combat !

Mais le renouvellement ne s’arrête pas à l’écran. C’est tout le festival qui paraît se réinventer. Les accrédités reçoivent ces jours-ci quelques bonnes nouvelles : masterclasses plus ouvertes et plus nombreuses, nouvel accès aux marches, et surtout nouvelle organisation des projections à partir d’un judicieux système de multidiffusion dans les salles Lumière et Debussy, qui devrait permettre de diminuer les files d’attente et de faciliter d’accès aux projections. Bref, breaking news : cette année à Cannes, on va peut-être pouvoir voir des films !

Jocelyn Maixent

Time’s Up et #MaintenantOnAgit bientôt au festival de Cannes 2018 ?

Le scandale qu’a causé l’affaire Weinstein en octobre dernier a bouleversé le déroulement des cérémonies de remises de prix dans le monde du cinéma. Actrices et personnalités se sont mobilisées pour dénoncer les violences faites aux femmes. Retour sur les différents mouvements qui ont marqué 2018.

 

La création du collectif Time’s up

Plus de 300 personnalités ont lancé peu avant la cérémonie des Golden Globes le mouvement Time’s Up (littéralement le temps est écoulé) en solidarité avec les victimes d’agressions sexuelles et de harcèlement. Il s’inscrit dans la lignée du mouvement #MeToo, créé juste après les révélations du New York Times sur les actes du producteur Harvey Weinstein, et visant plus largement à la libération de la parole des femmes de tous milieux.

Actrices et personnalités, toutes vêtues de noir, pour dénoncer les violences faites aux femmes avec le mouvement Time’s up. Crédits : Valerie Macon/AFP/Getty Images

C’est ainsi que la plupart des acteur.rice.s arboraient une tenue complètement noire et des badges Time’s up sur le tapis rouge des Golden Globes le 7 janvier dernier. Une « déclaration solidaire » pour l’actrice Claire Foy, à l’affiche de la série The Crown.

Les spectateurs retiendront également le discours de la présentatrice Oprah Winfrey qui a clamé devant un public debout que « depuis trop longtemps, les femmes n’ont pas été entendues ou crues si elles osaient dire la vérité face au pouvoir de ces hommes. Mais c’est fini pour eux ! C’est fini pour eux [« Time’s up » le nom du mouvement] ».

Sabo et le scénario de Three Billboards

Le street-artist Sabo, connu pour être provocateur, a repris le scénario du film nominé aux Oscars Three Billboards Outside Ebbing, Missouri et recouvert plusieurs panneaux publicitaires d’Hollywood qui faisaient la promotion des Oscars.

Un des trois panneaux créés par l’artiste Sabo lors des oscars, où il est écrit « Et l’oscar pour le plus gros pédophile revient à… ». Crédits : The Hollywood Reporter

Il a remplacé les affiches par des messages inspirés du film, mais qui cette fois attaquaient directement l’industrie du cinéma, notamment à propos des accusations de pédophilie et de violences sexuelles de certaines personnes phares de la cérémonie. Des messages chocs pour dénoncer la lenteur des poursuites judiciaires malgré les nombreuses révélations faites par la presse.

#MaintenantOnAgit

Inspiré par le mouvement Time’s up lors de la cérémonie des Golden Globes, le monde du cinéma français a lui aussi voulu dénoncer les violences faites aux femmes, à sa manière. C’est lors de la cérémonie très française des Césars qu’une centaine d’actrices et de personnalités ont lancé un appel aux dons avec comme mot d’ordre « Maintenant on agit », principalement sous la forme d’un hashtag.

Pour cette opération, l’Académie des Césars s’est associée à la Fondation des femmes pour proposer un ruban blanc aux invités, afin de pouvoir montrer leur soutien à la cause. L’objectif de la collecte de fonds est fixé à un million d’euros, un premier bilan pourra être effectué lors du Festival de Cannes.

Ces mouvements vont continuer à prendre de l’ampleur, puisque pour beaucoup ce n’est que le début. Avec la portée internationale du Festival de Cannes, spectateurs et invités peuvent s’attendre à un double mouvement, qui allierait #MaintenantOnAgit à Time’s up et #MeToo, voire à la création d’un nouveau mouvement féministe. A côté de cela, selon Les Echos, deux sociétés californiennes ont d’ores et déjà acquis les droits qui leur permettront de faire un film sur la génèse du mouvement #MeToo.