Le 78e Festival de Cannes s’annonce comme une édition marquante, alliant des noms iconiques du cinéma et des talents émergents. Mais derrière le glamour et la tradition, il y a aussi des choix qui peuvent faire grincer des dents. Alors, que faut-il retenir de cette sélection 2025 ? Voici un aperçu de ce qui se profile sur la Croisette.
1. Des Réalisateurs Confirmés et des Voix Fraîches
Cannes 2025 fait un pari audacieux en mettant l’accent sur la nouvelle génération de cinéastes. Sur les 19 films en compétition, sept réalisateurs font leurs débuts : le Sud-Africain Oliver Hermanus avec The History of Sound, lauréate de l’Ours d’Or à Berlin 2022 Carla Simón avec Romería, l’Espagnol Óliver Laxe avec Sirat, la Française Hafsia Herzi avec La Petite Dernière, la réalisatrice allemande Mascha Schilinski avec Sound of Falling, la Japonaise Chie Hayakawa avec Renoir, et l’Américain Ari Aster avec Eddington. Ces nouveaux visages, porteurs de récits audacieux et de styles uniques, offrent un vent de fraîcheur à la compétition.
Cependant, Cannes reste aussi un terrain privilégié pour les réalisateurs établis. Avec quatre réalisateurs en compétition pour la deuxième fois, quatre pour la troisième fois, et trois grands gagnants de la Palme d’Or, des figures emblématiques comme les frères Dardenne (dixième participation, déjà lauréats de la Palme), Wes Anderson (quatrième participation), Joachim Trier (troisième participation) et Jafar Panahi (deuxième participation) continuent d’affirmer leur présence, souvent avec des projets qui manquent de surprise. Leur retour, en parallèle avec des talents émergents, souligne l’équilibre subtil entre tradition et innovation, à Cannes, où, malgré l’inclusion de nouveaux talents, les figures établies continuent de dominer le paysage.
2. La Forte Présence des Femmes Réalisatrices
Enfin, Cannes commence à écouter les critiques ! Six réalisatrices en compétition, c’est un record, et on a de quoi être vraiment enthousiastes. Le festival s’ouvre avec le premier long-métrage d’Amélie Bonnin, Partir un Jour, une belle avancée pour les réalisatrices débutantes. Julia Ducournau, Palme d’Or 2021 avec Titane, revient avec Alpha, un film puissant sur l’épidémie du sida dans les années 80. Hafsia Herzi, avec La Petite Dernière, et Carla Simón avec Romería, nous proposent des récits émouvants sur l’identité et l’émancipation. Enfin, Mascha Schilinski, avec Sound of Falling, explore les générations à travers un regard touchant sur le passage du temps.
La sélection met aussi en avant des talents comme Kelly Reichardt, Chie Hayakawa, et Scarlett Johansson, qui signe son premier film avec Eleanor the Great, présenté dans la section Un Certain Regard. Et bien sûr, Juliette Binoche préside le jury, marquant une première historique avec deux femmes à la tête du jury pour deux années consécutives (après Greta Gerwig en 2024). Cannes 2025 fait un pas vers l’égalité, mais il reste encore beaucoup à faire pour que la présence des femmes sur la Croisette ne soit plus une exception à célébrer.
3. Records de Soumissions
Avec 2 909 films soumis cette année, Cannes explose tous les records. La sélection montre clairement que le festival est plus international que jamais, avec des films venus de 168 pays. Parmi ces films, 68 % proviennent de réalisateurs masculins, 32 % de réalisatrices, et un tiers des soumissions sont des premiers films. Cependant, malgré cette diversité croissante, la compétition officielle semble parfois manquer de prises de risques audacieuses, avec une forte dominance européenne. Cela dit, on observe une présence de plus en plus marquée de films venus d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine, qui pourraient bien bousculer les codes et apporter un vent de fraîcheur inattendu.
4. L’influence américaine à Cannes : un spectacle bien rodé
Là où Cannes brille encore, c’est dans sa capacité à attirer les stars. Avec Robert De Niro recevant la Palme d’Or honorifique, le festival renforce son lien indéfectible avec Hollywood. À 81 ans, l’icône du cinéma américain succède à Meryl Streep, ajoutant une nouvelle page de prestige à une longue liste d’hommages. Mais au-delà des récompenses, Cannes se transforme en une véritable parade de célébrités. Tom Cruise, Emma Stone, Joaquin Phoenix, Tom Hanks, Scarlett Johansson et bien d’autres feront leur apparition sur le tapis rouge, tandis que des blockbusters comme Mission: Impossible – The Final Reckoning et Vie Privée de Rebecca Zlotowski, projetés hors compétition, attiseront l’attention du grand public. Un équilibre subtil entre cinéma populaire et cinéma d’auteur qui fait écho à l’esprit unique du festival, où le glamour se mêle à la réflexion critique.
En tout cas, Cannes 2025 promet d’être une édition marquante. Entre les nouveaux talents qui débarquent, les grosses stars qui ne manquent jamais à l’appel, et une compétition plus internationale que jamais, cette année risque de marquer un tournant. Reste à voir si les films vraiment audacieux sauront se faire entendre parmi tout ce bruit. Mais une chose est sûre : la Croisette ne manque jamais de surprises.
Les films présentés au Festival de Cannes
Film d’ouverture :
Partir un jour d’Amélie Bonnin
Longs métrages en compétition :
Un simple accident de Jafar Panahi
Sentimental value de Joachim Trier
Romeria de Carla Simón
Song of Falling de Masha Selinski
Les aigles de la République de Tarik Saleh
The Mastermind de Kelly Reichardt
Dossier 137 de Dominik Moll
L’agent secret de Kleber Mendonça Filho
Fuori de Mario Martone
Deux procureurs de Sergueï Loznitsa
Nouvelle vague de Richard Linklater
Sirat d’Oliver Laxe
La petite dernière d’Hafsia Herzi
The History of Sound d’Oliver Hermanus
Renoir de Chie Hayakawa
Alpha de Julia Ducournau
Jeunes mères de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Eddington d’Ari Aster
The Phoenician Scheme de Wes Anderson
Un certain regard :
The Mysterious Gaze of the Flamingo de Diego Céspedes
My father’s shadow d’Akinola Davies Jr
Météors d’Hubert Charuel
L’inconnu de la grande arche de Stéphane Demoustier
Homebound de Neeraj Ghaywan
A pale view of hills d’Ishikawa Kei
Urchin d’Harris Dickinson
Eleonor the great de Scarlett Johansson
Once upon a time in Gaza de Tarzan Nasser et Arab Nasser
Aisha Can’t Fly Away de Morad Mostafa
Phillion d’Harry Lighton
Karavan de Zuzana Kirchnerová
The Plague de Charlie Polinger
Promis le ciel d’Erige Sehiri
Un dernier pour la route de Francesco Sossai
Heads or tails ? de Matteo Zoppis, Alessio Rigo de Righi
Hors compétition :
La venue de l’avenir de Cédric Klapisch
Mission Impossible : The Final Reckoning de Christopher McQuarrie
La femme la plus riche du monde de Thierry Klifa
Vie privée de Rebecca Zlotowski
Highest 2 Lowest de Spike Lee
Séances de minuit :
Sons of the Neon Night de Mak Juno
Exit 8 de Kawamura Genki
Dalloway de Yann Gozlan
Cannes première :
Amrun de Faith Akin
Splitsville de Mike Corvino
La disparition de Josef Mengele de Kirill Serebrennikov
Connemara d’Alex Lutz
La vague de Sebestian Lelio
Orwell : 2+2=5 de Raoul Peck
Séances spéciales :
Bono : Story of Surrender d’Andrew Dominik
Marcel et Monsieur Pagnol de Sylvain Chomet
Dites-lui que je l’aime de Romane Bohringer