The Beguiled : En proie au doute

Le nouveau film de Sofia Coppola pose son cadre en pleine guerre de sécession, où un Yankee blessé se retrouve être à la fois, le patient et le prisonnier d’un pensionnat de jeunes filles. Pour ce faire, la réalisatrice met en scène une sorte de bunker, un lieu où l’atmosphère qui règne ne côtoie jamais vraiment la réalité extérieure, sans pour autant l’oublier. Tour à tour, les personnages deviennent les proies des uns et des autres. Les désirs surgissent, les passions se déchainent et les esprits s’agitent.


Comme de coutume dans les films de Coppola, ça fonctionne ! Et ce, en partie grâce aux costumes (signés Stacey Battat, avec qui la réalisatrice avait travaillé pour Somewhere ou The Bling Rings), et aux décors d’époque très élaborés. La mise en scène est sans doute irréprochable. Et au vu du Prix de la Mise en Scène, décerné par le Jury du Festival de Cannes, ce n’est pas moi qui vais dire le contraire.

Or, bien que l’on soit porté durant ces 1h31 dans le monde, presque magique, ou maléfique, de ce pensionnat, quelque chose reste, pour moi, en suspend.

 

J’ai été la proie. La proie d’un engouement trop intense pour le nouveau film de la réalisatrice. La proie d’un engouement partagé par toutes ces personnes venues assistées à cette projection, qui m’amena à patienter deux heures durant… (et oui, c’est aussi ça le festival !). Certes, l’intention était là. L’esthétisme aussi. Mais la surprise a disparu au fil des années et des films. Le désir féminin, la virginité et la pureté des femmes, mises à mal par l’arrivée tentatrice d’un homme dans leur quotidien. Plusieurs fois revisités, ces thèmes sont sans doute ceux que Sofia Coppola connaît le mieux. Et qu’elle maitrise le mieux. Malgré tout, la déception se fait sentir. Le renouvellement n’était, pour moi, pas au rendez-vous.

 

Quoi de plus frustrant à Cannes, que de voir un film presque purement beau. Aucun mérite ne saurait être enlevé à la réalisatrice de The Beguiled, mais entre l’immersion, réussie, dans ce pensionnat prit dans l’œil du cyclone d’une guerre civile, et la déception des thématiques, que l’on connaît presque trop dans le cinéma de Coppola, mon avis reste mitigé à la sortie ce film.

 

Écrit par Marion Assenat