Ashkal, une histoire en feu

Depuis le printemps arabe, la Tunisie a vécu un bouleversement social, politique et économique. Un pays et des citoyens qui sont tourmentés entre l’ancienne politique d’avant la révolution et l’envie de modernité. 

Au sein de ce film réalisé par Youssef Chebbi, les questions politique, sociale et religieuse sont mises en avant à travers une histoire qui mêle fiction et réalité. Dans un quartier nouveau où les constructions modernes se juxtaposent aux chantiers abandonnés, le corps d’un gardien est retrouvé brûlé au milieu de ce chantier. C’est alors que Batal et Fatma, deux policiers mènent l’enquête qui s’avère beaucoup plus compliqué qu’un simple meurtre …

Durant la session de questions-réponses, Youssef Chebbi nous explique l’importance de l’immolation au sein de ce film, qui fait tout de suite écho à l’histoire de Mohammed Bouazizi, le vendeur qui s’est donné la mort par le feu en 2010. Un événement malheureux qui a réveillé le peuple tunisien et a laissé place à une volonté de renverser le gouvernement de l’ancien président, Ben Ali.

Comme l’indique le nom du film, Ashkal (forme en arabe), celui-ci représente parfaitement l’idée et le message du film. Youssef Chebbi nous l’explique, ce film est une quête pour les protagonistes Batal et Fatma, et pour nous spectateurs car nous sommes à la recherche d’une réponse claire et figée alors que celle ci est clairement plus subjective et irréelle.

Les acteurs sont eux aussi le symbole de ce changement politique et social, Batal qui est encore tourmenté par l’ancienne Tunisie et qui suit ses codes, et Fatma, cette policière au caractère présent qui représente la nouvelle Tunisie.

Humour, émotions, suspense et questionnement, Ashkal remplit les cases d’un bon film à la Quinzaine des Réalisateurs.