La Grande Bellezza

Le cinéma italien?

Heu… je n’y connais rien. Et depuis hier soir je le regrette.

Si je devais ne parler que d’un film de ce festival de Cannes 2013 ce serait La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino.

Bien que ce soit le genre de film qu’on aime voir plusieurs fois pour en comprendre l’essence et en détailler les images, je vous livre ici un premier avis.

Paolo Sorrentino présente une Rome bourgeoise faite de fêtards, dont quelques intellos, fatigués, passifs ou ratés. Face à eux, le monde religieux, toujours actif dans la société italienne (et aussi dans les représentations occidentales du bien et du mal). Ici le duel est présent mais achevé, les deux mondes échangent et les religieux sont plutôt malmenés.

Si le film ne semble pas avoir de scénario précis, au sens hollywoodien du terme, c’est pour mieux représenter l’errance métaphysique du personnage principal. Un philosophe moderne qui maîtrise l’art de la répartie et qui, bien que mondain, sera à jamais un Homme seul.

Jep, personnage principal incarné par Toni Servillo, est un journaliste et un écrivain abattu par le temps qui passe, sa misanthropie et la tristesse contemporaine. Grand observateur de la société mondaine et doté du charme italien, il cache sa tristesse et son manque d’ambition, passé en même temps que la fougue de sa jeunesse, dans le cynisme et les soirées délurées.

Pour représenter à l’écran cette société mondaine, le réalisateur et toute son équipe ont joué la carte de l’innovation et du renouveau.Les images et les couleurs du film sont à couper le souffle, la caméra est un véritable serpent dont les mouvements sont accentués par le montage visite. Les musiques sont classiques puis subitement modernes, notamment dans les soirées magistralement chorégraphiées, les décors magiques et historiques, les personnages de second rôle mystiques et délurés comme chez Lynch mais en plus abîmés, eux aussi en mal de vivre. Tant mieux, puisque ce sont ces personnages qui constituent l’intrigue et dévoilent les sentiments de Jep et les messages de Paolo Sorrentino.

Cette représentation de la Rome bourgeoise (dont l’intérêt est la similitude avec les cultures bourgeoises d’autres capitales occidentales) par l’auteur et sa façon de la mettre en scène parait très jeune, donc novatrice et ambitieuse. Le tout garde pourtant un côté classique qui fait de La Grande Bellezza un grand film, un nouveau classique indispensable.

La Grande Bellezza est au cinéma depuis le 22 mai ! Voir les séances. –

Loïc Lassus