LES SECRETS DU PALAIS

Le Palais porte bien son nom, comme dans toute aristocratie, il y a ce qu’on nous donne à voir et ce qu’il s’y passe réellement. Zoom sur les secrets du Palais Cannois.

Pour commencer, dressons un petit portrait de famille.

Les « Gossips » : C’est l’espèce la plus répandue, souvent perchés à des endroits improbables (poteaux, palmiers, arrêts de bus, épaules d’inconnus …) et munis d’un Android, ils fusillent de flashs, à une distance moyenne de 10 mètre, tout morceau de chair sur fond rouge (journalistes, vigiles, techniciens de surface, morceau de crâne des  compagnons d’infortune et parfois quelques stars). En bref, rien ne leur échappe, sauf peut-être Léa Seydou en train de boire un verre à 1 mètre derrière eux. A Cannes, une star en jean n’en est visiblement pas une.

Les « SDF cinéphile » : Tel des sans-abris du cinéma, ils quémandent des invitations à l’aide d’un gentil message parsemé de smileys qu’ils secouent vaillamment sous le regard de tous les passants.  Principalement situés près des passages piétons, certains usent de leur sourire tandis que d’autres proposent des « hugs ». Chacun sa technique, mais toutes ont fait leurs preuves.

Les « Accrédités déchus » : Le badge, oh grand sésame !, ne suffit pas à ouvrir les portes du Théatre des lumières. Sans une invitation, le dernier espoir pour voir un film reste le « last minute » : Une file d’attente plus longue que celle des Assedics, plus cruelle que pour le concert de Bieber et plus stressante que pour le grand 8. 2 à 3h d’attente sans aucune garantie à la clé. Voir un film en sélection officielle ça se mérite !

Les «Accrédités heureux » : Séance de 11h ou 15h : L’occasion de monter les marches en short et débardeur.

Les « Winners” : Séance de 19h ou 22h: The place to be ! Robes spécial mariages, talons spécial ampoules : c’est le moment de montrer toutes ses dents et de faire saturer la mémoire du téléphone. Je défie quiconque de rester insensible  devant le parterre de journalistes, devant l’écran géant qui retransmet votre image et Heidi Klum qui attend son tour juste derrière vous. Un instant magique, rapidement écourté par les 4 vigiles qui vous demandent plus ou moins gentiment de laisser place aux vraies stars.  Peu importe, il en faut beaucoup plus pour dénaturer la saveur de ce moment.

 

Nous, à la base étudiants de Paris 8, avons tous été successivement ces personnages dans le désordre. Et comme le veut tout bon scénario, nous avons tous connu gloire et déception.

Orazi Mélanie

La Vie d’Adèle

Cet article n’est pas un article sur la palme d’or mais sur un véritable coup de cœur !

Avec La Vie d’Adèle, Abdel Kechiche confirme deux de ses talents : sa capacité à représenter la vraie vie et ses vrais gens ainsi que son flaire pour repérer des prodiges et les mettre en lumière. Après Sara Forestier dans L’Esquive, voici Adèle dans sa vie…
Adèle est une lycéenne qui a un coup de foudre pour Emma. Le pitch est simple mais ce que le réalisateur nous donne à voir, ou devrais-je dire à ressentir est beaucoup plus complexe. La caméra accompagne l’évolution d’Adèle de l’adolescence à la vie de femme avec pour angle ses rapports aux autres et aux corps.

L’ambition du film n’est pas de s’engager dans le débat politique sur l’homosexualité mais simplement de représenter la jeunesse d’aujourd’hui : une jeunesse plus libre dans ses choix et dans sa vie.

Interpellant de réalisme, au-delà des scènes de sexe très explicites, le film propose une multiplication de petits riens, de petits détails qui au final font tout ; toute la crédibilité de ce personnage et de son parcours de vie. Tel un documentaire, le réalisateur laisse s’épanouir les scènes et nous fait complètement entrer dans l’intimité de l’héroïne. Dans la mise en scène comme dans le jeu d’acteur, tout semble vrai, de l’orgasme aux larmes de désespoir.

Un film éprouvant, tant pour l’actrice présente dans chaque plan du film et qui passe par toutes les émotions : doute, bonheur, tristesse, remise en question… que pour le spectateur dont tous les sens sont en éveil. Difficile de ne pas s’identifier, au moins le temps d’une scène, a l’un des personnages : l’histoire d’Adèle est avant tout une histoire d’amour, lesbien ou non, cela a peu d’importance.

Un film qui ne laisse pas de place à la simulation ; préparez-vous à 3h de vrai jouissance !

Orazi Mélanie