Javier BARDEM : témoignage d’une icône mondiale du cinéma

Les applaudissements retentissent, la lumière éclate, les cinéphiles se lèvent : Javier Bardem s’assoit sur la scène. Naturel, décomplexé, parfois grossier, l’acteur espagnol revient sur son parcours, sur la situation actuelle du cinéma et ses expériences au cours d’une master-class de deux heures durant cette 75ème édition du Festival de Cannes.

Icône du cinéma d’auteur avec Macho ou Mother ou encore et acteurs pour des blockbuster comme Dune, James Bond et Pirates des Caraïbes. Javier BARDEM a réussi à s’imposer comme un symbole de réussite dans le monde du cinéma. L’acteur de No country for old men, habitué à la croisette cannoise, est loin de l’idée que l’on se fait d’une « star ».

Le début de la master-class se construit autour de sa carrière et du métier d’acteur en lui-même. D’après lui, « le rêve de chaque acteur est de s’effacer entièrement pour prendre la place de son personnage ». Il continue en expliquant que le tournage de certains films est beaucoup plus compliqué à vivre car « ils ramènent le pire de nous-même à la surface ». Il continue cette master-class en parlant de son rôle mythique dans le film No country for old men qui lui aura valu un oscar en 2008. Pour Javier BARDEM, le personnage qu’il incarne avec succès est très difficile à cerner car il n’y a aucune information sur son passé et ses origines. Il s’est simplement dit « je dois représenter la violence ». 

La suite de l’entretien fait référence à l’ambivalence de l’acteur pour ses rôles dans le cinéma d’auteur et pour celui dans les films à grands budgets. D’après Javier BARDEM, tourner dans des blockbusters est un exercice beaucoup plus compliqué. En effet, d’après l’acteur, il y a beaucoup plus d’attente entre les prises et il faut jouer avec beaucoup de maquillage et parfois des prothèses : “c’est beaucoup plus physique”. L’acteur confie qu’il y a quand même de super avantages comme « passer la journée avec Zendaya » ou encore « combattre sur bateau à taille réel ». 

Il continue par aborder un aspect beaucoup plus personnel de son travail à savoir travailler avec sa femme : Peneloppe Cruze. D’après l’acteur, c’est sur le plateau du film Jambon, jambon qu’ils se rencontrent pour la première fois. C’est le cinéma qui les a unis mais parfois travailler dans cette industrie avec sa moitié est beaucoup plus compliqué que ce que l’on pense. En effet, Javier BARDEM explique que parfois voir sa femme jouer lui fait perdre ses lignes de  dialogue car « l’émotion est trop forte » ou qui lui est déjà arrivé que selon le film « on se retrouve dans des situations noirs où on n’arrive même plus à se regarder ». D’après l’acteur, il faut savoir faire la part des choses entre cette ligne très fine entre professionnelle et personnelle.

Sur la question des discriminations et du sexisme dans le cinéma, Javier BARDEM répond que pour lui la masculinité « ce sont les hommes qui accepte d’avoir un coeur de femme à l’intérieur ». Le machisme est quelque chose pour lui de dangereux et qui n’a pas sa place dans l’industrie. D’après lui, la mise en place de quotas n’est pas une solution viable, il faudrait avant tout que les mentalités changent. 

Concernant le procédé de choisir un film et un réalisateur, Javier BARDEM « recherche du respect et de l’empathie auprès des réalisateurs ». D’après lui, il ne faut pas oublier que ce n’est pas bien d’engager un acteur selon sa popularité et son nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux, même si beaucoup procèdent de cette manière. 

Cette masterclass s’achèvera autour des moments difficiles de la carrière de l’acteur. Il explique que devoir jouer un personnage très heureux alors qu’il était en plein deuil suite au décès de sa mère l’a « complètement détruit » . Il continue en expliquant qu’il y a toujours quelque chose de positif à apprendre. Même s’Il est très compliqué pour un acteur de faire l’opposé de ce qu’il ressent, cela lui a permis de dépasser ses limites. 

 

Jeanne METZINGER