Jimmy’s Hall — une dernière danse irlandaise

 

Après avoir reçu en 2006 la Palme d’or du 59ème Festival de Cannes pour Le Vent se lève, Ken Loach décide cette fois-ci de prendre d’assaut la Croisette avec Jimmy’s Hall, un film inspiré d’une histoire vraie qui retrace le parcours d’un esprit rebelle : Jimmy Gralton, dans une Irlande des années 30 encore austère aux idées progressistes.

1932 : Après un exil forcé de dix ans aux États-Unis, Jimmy Gralton rentre au pays pour aider sa mère à s’occuper de la ferme familiale et ressuscite par la même occasion le foyer mi- dancing, mi- espace culturel, qu’il avait construit dix années auparavant, afin que les gens du village puissent se réunir et s’amuser en toute liberté à nouveau…Mais les tensions entre l’Église et les propriétaires terriens refont surface et les idées avant-gardiste de Jimmy, pour une Irlande libre et unie, ne sont pas encore du goût de tout le monde.

Drame historique où se mêlent amour, politique et légèreté, Ken Loach signe encore une fois un film extrêmement bien maîtrisé, tant sur le plan esthétique, que technique. Les paysages verdoyants de la campagne profonde irlandaise fascinent, captent le regard, de même que la fameuse scène de danse, sans musique, extrêmement sensuelle entre Jimmy et son ex femme.

Cette totale maîtrise, cette technicité irréprochable et ce souci du détail très fort, empêchent pourtant au final le spectateur de se plonger pleinement dans l’histoire. Une histoire qui  du coup semble manquer de profondeur et peine à nous faire ressentir de l’émotion.

Avec une mise en scène très classique, des scènes qui paraissent trop calculées et prévisibles, Jimmy’s Hall aurait sans doute été plus unanimement salué s’il avait su jouer la carte d’une mise en scène plus déroutante, originale et sortir des sentiers battus des films qu’on a l’habitude de voir. Avec Jimmy’s Hall, Ken Loach tire (définitivement ?) sa révérence dans l’univers cinématographique, avec une dernière danse irlandaise agréable à regarder, mais peu transcendante et surprenante…

Faustine Dehan