Les mendiants en smoking

Le must-have ici, ce n’est ni la robe de 3km ni les escarpins de 13cm, mais bien l’accréditation avec photo d’identité de 5cm. On se pense invincible en déambulant fièrement avec notre badge autour du cou, poussant les portes de toutes les salles possibles et assurant aux hôtes qui contrôlent les accès que « oui, oui, nous sommes bien journalistes ».

Des ailes nous poussent dans le dos quand, devant les yeux de tous (des touristes quoi), nous faisons la queue pour rentrer dans le palais, à deux pas de Dominique Frot, aka la proviseure dans la série SODA, ou, plus classe, pour regarder un film à deux rangs de sièges de Daniel Cohn-Bendit. Mais la réalité peut vite faire redescendre un égo proche du « je vous emmerde, je suis une star ».

L’accréditation orange est loin d’être la meilleure pour pouvoir prétendre d’être quelqu’un d’important. Sans invitation ni badge de couleur violet ou blanc, vous vous mélangez vite à la foule de personnes voulant accéder aux projections du Théâtre Lumière, les plus prestigieuses avec leur célèbre montée des marches. Tellement célèbre qu’elle donne un spectacle des plus improbables pour nous, débutants dans ce monde de paillettes : une ligne de mendiants en smoking.

Quand j’utilise le mot mendiant n’y voyez surtout pas une insulte, nous avons affaire ici aux personnes les plus astucieuses pour dégoter les meilleures places qui ne seront pas utilisées. Accrédités ou non, tous ceux qui tiennent leurs affichettes pendant des fois des heures se mélangent et mendient en cœur pour vivre un moment fort dans leur vie. J’ai voulu à multiples reprises les rejoindre (non pas que je suis lassée des sélections parallèles mais il faut bien faire des jaloux) mais mes camarades de Paris 8 n’étaient pas les plus bouillants à cette idée. Je compte dorénavant sur le culot de mon acolyte Julia, qui a déjà fait ses preuves.

Juline et Julia.