« Les misérables », choc nécessaire

« Les misérables », choc nécessaire

Cela fait déjà plus de 4 heures que je suis sorti de la projection de « Les Misérables » et impossible de m’enlever certaines scènes marquantes du film. Ce que je vais écrire est sûrement une lettre d’amour sans objectivité adressée au long-métrage de Ladj Ly mais pas grave, je me lance.

Les Misérables, fait clairement partie des films qui nous font passer par toutes les émotions. Durant la première moitié, on rit beaucoup à découvrir ce quartier aux habitants parfois atypiques (ou présentés comme atypique par les policiers). Ladj Ly a opté pour une introduction de film assez légère dans la tonalité, avec aussi la présence d’humoristes comme Fodjé Sissoko. Cette première partie nous prépare à une fin de film terrible et choquante. À ce moment-là, « Les Misérables » devient un drame, un thriller, avec des passages d’horreur et de film de guerre. Cette partie laissera surement sans voix beaucoup de spectateurs et fairont pleurer les plus émotifs. Certaines scènes, comme celle de l’arrestation, m’ont dressé les poils. Le choix de filmer quasiment comme un documentaire ces trois policiers offre une plus-value au long-métrage. On est embarqués dans cette équipe et on va patrouiller pendant deux jours avec eux. Cette sensation de réel est le but recherché et le choix des acteurs offre encore plus au film cette sensation. Pas d’acteurs reconnus et beaucoup de jeunes de quartiers semblent avoir été choisis pour incarner « Les microbes ». Même si le jeu des enfants n’est pas toujours juste, on oublie ce défaut très vite. Un défaut de début de film devient finalement une force.

Un autre grand choix de la part de la part de Ladj Ly, c’est le personnage de Stéphane, nouveau « flic ». Ce personnage nous représente, on découvre ce monde avec ses yeux. On est donc trimballés à gauche et à droite, des ordres nous sont donnés par Chris et « Gwada » et finalement le scénario nous amène à penser comme lui. Ce personnage semble être le plus juste dans un monde où personne n’est le gentil et personne n’est le méchant.

Le film ne tombe pas dans le piège du militantisme. Ladj Ly a souhaité seulement montrer ce qu’il se passe dans les cités françaises, et tirer la sonnette d’alarme. Les deux parties ont leurs torts, et les policiers ne sont pas représentés comme des monstres. Certes, Chris est le personnage le plus détestable du film, mais parfois, on peut comprendre son comportement. Il se la joue « Cow-boy » mais s’il ne l’était pas, il ne serait pas respecté. Au final, on voit bien que quelque chose est cassé entre les deux parties. La cohabitation semble impossible, les deux parties ne se comprennent plus, et cela n’est pas leur faute. Ladj Ly s’est dit prêt à projeté le film à l’Elysée et à Emmanuel Macron, et j’aimerai tellement que cela se fasse. Si le président reste de marbre devant ce film, c’est qu’il a un réel problème d’empathie autant pour ces habitants de quartiers que pour les policiers.

Je vous pousse à aller voir ce film à sa sortie. Réelle expérience, le film est encore plus fort en salle. Plein d’humanisme, et de beaux messages de tolérance, « Les misérables » s’inscrit comme une œuvre qui marquera le cinéma français. À l’image du film « La haine », auquel il est comparé, « Les misérables » choquera, et c’est un choc nécessaire. Il faut souligner que 24 ans séparent ces deux films et que rien ne semble avoir changé…