Mon coup de coeur pour «Mustang»

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Il était 22h10, nous arrivions en trombe devant le cinéma. Dernière séance de la journée où nous avions une chance de rentrer. Notre groupe de 10 personnes se heurte à une queue d’une trentaine de personnes. Le film allait commencer. Quel était son titre ? Son sujet ? Ou son réalisateur ? Nous n’en savions rien, mais nous savions que ce film turc avait fait sensation, il FALLAIT qu’on le voit. Soudain désespoir ! La salle est pleine, terminé, il n’y a plus rien à voir. On nous invite gentiment à quitter le hall. Nous ne voulions pas lâcher l’affaire, non, nous trainions à sortir en espérant un miracle de dernière minute. Je reste non loin de l’entrée, quand soudain, un grand vigile s’exclame «Il reste une place !». Je me retourne vers mon groupe, qui m’encourage avec de grands signes «Vas-y !». Je me précipite, je brandis mon badge à la sécurité et je m’élance vers la porte. J’arrive alors à cette place miracle … au fond de la salle… à coté des toilettes… avec un bout de l’écran caché par le plafond très bas… Mais j’étais très heureuse, enfin mon premier film à Cannes !

1h30 passe sans que je m’en rende compte, les lumières se rallument et je me retrouve scotchée à mon siège, bouche bée, les yeux moites, et le coeur serré. L’histoire de ces 5 soeurs vivant dans une Turquie rétrograde m’a profondément bouleversée. Elles veulent vivre, aimer, jouer, aller voir un match de foot, séduire, mais leur joie de vivre se heurte aux moeurs et aux traditions. Progressivement, leur maison devient leur propre prison. Nous suivons Lale, la benjamine, qui malgré son jeune âge a une âme de rebelle.

J’ai pleuré, j’ai ri avec ces filles, j’ai eu peur pour elles. La réalisatrice Franco-Turque Deniz Gamze Ergüven marque très fort pour son premier long métrage. Ce film vous transporte, c’est une belle remise en question de la place de la femme en Turquie.  Courrez-y !

Clémence PUTEGNAT