Derrière un titre de film…

Derrière un titre de film…

Ne vous est-il jamais arrivé d’imaginer une autre histoire à la lecture d’un titre de film ? Plaire, Aimer et Courir vite, Des hommes et des dieux… Prenons l’exemple du film En guerre de Stéphane Brizé, qu’imaginez-vous derrière ce titre ? Nous pensons immédiatement à une histoire de guerre n’est-ce pas ? Et bien, détrompons-nous, nous sommes face à une lutte de salariés prêts à tout pour sauver leur usine en faillite.

Comme quoi, un seul et unique titre peut évoquer mille et une histoires à lui seul. Alors, à quoi pensez-vous à la lecture du titre Une vie cachée ? Un film de Terrence Malick en compétition pour le festival de Cannes 2019.

Voici une série de 6 scénarios probables à la lecture du titre Une vie cachée :  

#1 Une vie cachée 

Jusqu’à quel point peut-on vivre une idylle amoureuse en secret ? Aini et Jean sont en couple depuis l’époque du collège Saint-Exupéry à Vincennes. Depuis, ils ne se sont jamais quittés, tombés fous amoureux l’un de l’autre rien ne peut les séparer, surtout pas leur foi si différente et si riche. Elle est musulmane originaire de Bali, lui est catholique, issus tous deux de familles pratiquantes. Le secret de leur amour est régi par un chef d’orchestre qui manie leur vie avec rigueur afin d’éviter tout soupçon sur leur union.

Jusqu’au jour où la baguette si fine se fend, une petite fissure qui vient altérer et à la fois embellir leur jolie vie d’amoureux. Aini et Jean attendent un enfant. C’est une toute nouvelle vie qui se profile devant eux, une vie de bonheur, mais aussi de peur et d’effroi…

#2 Une vie cachée 

Robin, un acteur français de 37 ans connu et reconnu parmi les plus grands du cinéma, se retrouve confronté à sa popularité grandissante. Robin est d’une beauté foudroyante et attire toutes les faveurs de ses dames. Seulement, cette célébrité le tue à petit feu. Il ne peut plus faire un pas sans qu’il ne soit alpagué par une foire de paparazzi jusqu’à même retrouver une admiratrice dans son jardin. Essoufflé mais passionné par son métier, il décide de se fabriquer de toute pièce une nouvelle identité hors caméra. Voici Emile, 37 ans, informaticien dans une petite entreprise de la banlieue parisienne libre de vivre sa propre vie incognito.

#3  Une vie cachée 

Aimer la vie, profondément aimer la vie, de toutes ses forces, aimer la vie jusqu’au jour où celle-ci bascule. La laideur, cette laideur qui apparaît dans le regard des passants. Le goût des merveilles s’éteint pour laisser place à l’horreur. Un regard, et tout s’écroule. Pourquoi tant d’effroi ? Comment la vie, si soudainement, peut-elle devenir un si beau malheur ? À la suite d’un terrible accident de voiture, Arthur s’est retrouvé brûlé à 80 %. L’hôpital était pour lui un joli refuge où la bienveillance était telle qu’il se sentait en sécurité, jusqu’au jour où les portes automatiques se sont ouvertes. La sortie ? Plutôt l’entrée dans une vie aussi vive que 1000 degrés. Arthur de peur de n’être que le reflet de la monstruosité et décide de se cloîtrer dans son 15m² au cœur de Lyon. La rage en lui ne lui suffit plus, un seul regard d’enfant pour le foudroyer… Comment ne pas noircir ces regards si innocents ? 

#4  Une vie cachée 

Pourquoi cacher ce que nous sommes ? Pourquoi ne pas assumer nos choix, nos besoins, nos envies ? Maria est une femme de 65 ans qui a toujours eu le sentiment de ne pas profiter de sa propre vie, gâchée sous l’emprise de son mari. Durant 50 ans de vie commune, Maria a du cacher sa véritable personnalité pour devenir la femme parfaite, bien sous tout rapport, la bonne amie, la bonne amante, la bonne mère, la bonne grand-mère, la bonne femme… Aucune faille ne lui était acceptée pour peu qu’elle jette un regard perdu vers un autre homme, elle risquait sa peau : griffures, brûlures, hématomes… À la mort de son mari, Maria décide de rattraper le temps passé et vivre enfin sa propre vie, une seconde jeunesse qu’elle n’a finalement jamais vraiment vécu…

#5  Une vie cachée 

Parfois, nous sommes en perte de sens, nous ne savons pas vraiment pourquoi nous faisons les choses. C’est le sentiment que vit Anna, une jeune femme de 27 ans, assistante de communication, qui ne comprend plus vraiment ce qui lui arrive. Elle perd le goût de son travail, car elle n’y trouve plus d’intérêt. Un jour, alors qu’Anna est assise à un bar, le regard perdu et vide une femme s’approche. Cette femme, c’est Jasmine une paroissienne de l’Église Saint-Nicolas de Laval. Jasmine va par un élan d’empathie et de foi entreprendre une conversation avec Anna. À partir de cet instant, la vie d’Anna va être complètement bouleversée et prendre une toute autre direction. Une vie cachée sommeille depuis des années en elle, mais il a fallu une rencontre pour la révéler.

#6 Une vie cachée 

À l’automne 1941, sous la pression allemande, des juifs de nationalité française se font arrêter et emmener dans des camps (Gurs, Rivesaltes, Les Milles…). Un allemand de son prénom August croise le regard de Dalia. Dalia est une jeune française de 30 ans, maman d’un petit garçon de 2 ans, George. Elle est couturière dans un atelier non loin de la rue Montmartre à Paris. De ce regard, un coup de foudre. Ce coup de foudre va bouleverser toute la raison d’August. Dans la précipitation, il va décider de les prendre sous son aile, les cacher et les aimer. De ce regard, une histoire d’amour va naître malgré la pression insupportable nazie.

Vous voulez la véritable histoire, la voici :

Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre. Une vie cachée raconte l’histoire de ces héros méconnus.

Mais alors un bon titre de film, c’est quoi ? 

La définition propre du mot titre équivaut selon Le Robert à « nom donné à un oeuvre littéraire par son auteur et qui évoque plus ou moins clairement son contenu ».

Le choix d’un titre de film ne doit pas être anodin et être choisi rapidement sans recherche, ni réflexion. Le titre d’un film est beaucoup plus important que ce qu’on peut croire. Il doit révéler un véritable travail de recherches. Si nous sentons une réflexion derrière le titre d’un film alors potentiellement le film sera pertinent. Au contraire, si celui-ci est simple, avec une perte de sens alors nous serons inévitablement moins attirés. Un titre décide pour nous si nous souhaitons voir le film ou non. C’est le premier outil de communication du film comme un prénom, une identité. Un film sans titre c’est comme un crayon sans mine, le titre est la signature du film et fait partie de l’œuvre. Il permet de lui donner une couleur, une sémantique, un caractère… Il doit intriguer, donner envie de voir ce qu’il cache derrière. Il doit susciter l’intérêt et la curiosité du public tout en laissant planer un certain mystère. Un titre qui dit tout se nomme un pléonasme. À chaque genre de film on retrouve des codes pour définir le choix d’un titre. Prenons l’exemple de la comédie. La comédie va davantage utiliser le registre familier, reprenant des mots relatifs à la famille  (mère, père…). Il y a aussi souvent des recours à des titres simples avec des noms ou prénoms créant ainsi un sentiment de proximité avec le public. Les titres de films issus de la comédie utilisent souvent l’exagération et l’hyperbole. Par exemple les films tels que XXL, le Dîner de cons… Pour le genre dramatique, on va retrouver une récurrence de mots liés au champ lexical de la mort, de la maladie, mais aussi de la vie et du rêve. Enfin pour les films de guerre et d’aventures, le champ lexical tourne principalement autour de l’affrontement avec des mots tels que combat et duel.

En clair un titre de film doit donner le ton, être accrocheur et attirant.