Black Flies : le long-métrage égaré en compétition officielle

Attention spoiler !

Il y a toujours ce film dont la présence semble curieuse, inattendue voire incompréhensible, sur le papier comme après visionnage, mais qui pourtant fait bel et bien partie des longs-métrages en compétition pour la prestigieuse palme d’or. Ce film c’est Black Flies, thriller dramatique du réalisateur français Jean-Stéphane Sauvaire (Johnny Mad Dog, Une prière avant l’aube), ancien assistant du grand Gaspard Noé, qui partage avec ce dernier cette attirance pour la violence, la mort et le gore.

Black Flies, traduit Mouches Noires en français, retrace le quotidien d’un jeune ambulancier « insouciant », parallèlement en études de médecine, et d’un urgentiste vétéran dans un New York chaotique et dépravé avec en tête d’affiche Tye Sheridan (Mud, Ready Player One) et Sean Penn (Mystic River, Into the Wild) -mais aussi Michael Pitt (The Dreamers), Katherine Waterston (Fantastic Beasts and Where to Find Them) ou encore les boxeur•euse•s Mike Tyson et Kali Reis-.

À première vue, le scénario semble intéressant, bien que déjà traité dans Bringing Out the Dead par Martin Scorsese, seulement voilà, il nous laisse assez dubitatif…

Deux ambulanciers blancs sauvent le New York sombre confronté à la guerre des gangs ainsi qu’à la misère des toxicomanes, alcooliques et immigrés visiblement tous Afro-Américain•e•s ou Hispaniques et Latino-Américain•e•s…  Mise en scène assez réac et gênante. S’ajoute à cela des scènes de nudité inutiles qui n’apportent rien au récit, lors desquelles Raquel Nave, qui interprète le rôle de la petite amie du jeune ambulancier, se retrouve davantage nue que lui. Quel est l’intérêt d’ajouter constamment des scènes de sexe ou de nudité alors qu’elles n’ont pas lieux d’être ? Cette relation amoureuse est certes essentielle puisqu’elle prend un triste tournant au fil du récit, cependant elle n’est pas approfondie, les personnages ne se parlent pas et ne font qu’entrenir des relations sexuelles. Le scénario est malheureusement plus que prévisible et rend le visionnage barbant. Sauvaire ajoute à son drame des scènes gores qui nous font penser à un mauvais Seven (Cf. la scène qui inspirera le titre du film et hantera le personnage principal). On retrouve un Sean Penn qui en fait des caisses, cure dent à la bouche tout le long (dans quel but ?), et des plans cherchant beaucoup trop à susciter l’émotion et le sensationnalisme.

Le bruit de fond est le seul élément intéressant. Cet ensemble de sons abrutissants, quasi omniprésents, reflète la pression mentale que subissent les personnages principaux dans leur activité professionnelle.

Un film qui pourtant aborde un métier de l’ombre primordial, soulève des questions importantes (Doit-on sauver le bébé d’une femme droguée ?), pointe l’absence de vie personnelle des ambulanciers et urgentistes, la pression mentale subie et les fautes professionnelles irrémédiables bien qu’inévitables.

À l’issue de la séance, on ne se pose qu’une question : qu’est-ce qu’un block buster totalement réac vient faire en compétition officielle au Festival de Cannes ? Une interrogation à laquelle l’on ne trouve pas encore de réponse…