Buy me a gun: une surprise mexicaine à la Quinzaine

La Quinzaine des réalisateurs nous émerveille chaque année. L’année dernière c’était avec Patti Cakes. Celle d’avant avec Divines et Ma vie de Courgette. Cette année, nous sommes tout aussi émerveillés.

Après avoir assisté à la première mondiale du nouveau Mamoru Hosoda, Mirai (riche en couleurs, en émotions et en fantaisies comme à son habitude), nous avons un découvert un talent mexicain : celui de Julio Hernandez Cordon. Dans son film présenté, Comprame un revolver (Buy me a gun), il raconte l’histoire d’un père et sa fille à une époque indéterminée, dans un Mexique contrôlé par les narcotrafiquants et en manque de femmes : elles sont chassées au propre sens du terme et kidnappées pour des raisons évidentes. Nous suivons donc la vie de Huck et son père. La petite fille, âgée de 6 ans, est enchaînée la plupart du temps pour éviter le kidnapping. Sans mère, la petite est élevée par son seul parent qui est exploité par des narcotrafiquants afin d’entretenir un terrain de baseball, sport préféré de ces derniers. La relation entre père et fille, centrale dans l’histoire, est tant fusionnelle pour eux qu’attachante pour nous. En tant que spectateur adulte, on s’imagine aisément à la place du père de la petite Huck. Comment survivre quand lorsque l’on est esclave, quand notre fille est convoitée par tous les hommes armés du pays et que l’on souhaite en même temps lui offrir une enfance correcte ? La situation difficile vécue par la famille est source de tensions, justifiées par une enfance tiraillée entre jeux d’enfants (oui, Huck s’amuse avec des garçons en gardant un masque) et survie essentielle. L’unique possibilité de lecture offerte par le récit nous plonge au plus profond de nous même, au coeur de notre conscience et réveille notre sens des responsabilités. On redoute ou on soutient les choix du père, on s’énerve ou on s’inquiète des réactions innocentes d’Huck. La petite est mature pour son âge, mais reste une enfant pleine d’imagination. On observe, on doute et on espère. Mais surtout, on sait. On sait que cette situation existe quelque part dans notre monde bien réel.

 

Kévin Pereira