La Belle Epoque

La Belle Epoque *

Regis Duvignau

*La Belle Époque est un chrononyme rétrospectif désignant la période marquée par les progrès sociaux, économiques, technologiques et politiques principalement en France et en Belgique, s’étendant de la fin du xixe siècle au début de la Première Guerre mondiale en 1914.

Qui n’a jamais eu l’envie ou le besoin de se retrouver dans un autre monde, une autre époque, revivre simplement un moment unique ayant bouleversé notre existence ? C’est ce qu’évoque le film La Belle Époque de Nicolas Bedos mais pas que…

C’est l’histoire de Victor, un sexagénaire lassé par la vie qui se voit bouleversé par Antoine, un brillant entrepreneur. Antoine propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix par la reconstitution au plus proche (décors, mise en scène, jeu d’acteur…) d’une période précise. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour… Un film touchant, émouvant et drôle à la fois, le parfait combo pour que ce film me marque et me fasse réfléchir. Car oui, derrière le genre de la comédie se découvre mille et une question aussi bien universelles que parfaitement liées à notre société actuelle telles que la lassitude du temps, la nostalgie, le progrès , l’amour, la jalousie, l’acceptation, mais aussi le refus de notre société actuelle… Je trouve pertinentes les histoires cachant une réelle réflexion psychologique et sociologique. 

Dans le regard de Victor, nous découvrons la peur d’affronter la vie actuelle

Victor est désabusé de la vie actuelle, le progrès technologique et numérique lui donne des sueurs froides. Il regrette fortement les dernières périodes insouciantes des années 70 et plus précisément 74. Ultime période où l’ordinateur individuel n’existait pas, où l’homme n’était pas encore individualiste, mais préférait le groupe, le partage et le rassemblement. Victor est nostalgique des années expérimentales et collectives où la créativité débordait quelle soit musicales (Pink Floyd, Hendrick, The Doors…), cinématographique ( Francis Ford Coppola, Stanley Kubric, Martin Scorsese…), littéraires (Georges Perec, Raymond Carver, Pierre Ponge…), dessinateur presse… Il souhaite revivre les années où l’on se retrouvait entre copain à l’improviste, planer sur de la bonne musique en tout insousciance. Victor regrette le contact perdu entre les hommes liés aux nouvelles technologies.

A contrario, Marianne prône l’envie de suivre les progrès technologiques

Marianne est quant à elle bercée par les progrès numériques et techniques. Elle ne comprend pas le sentiment de son homme. Cette incompréhension suscite chez elle un profond énervement et un sentiment d’incompréhension. Selon elle, il faut vivre avec son temps et accepter ces évolutions. Chaque génération a subi des changements et des évolutions, c’est tout simplement le propre de l’homme. Le numérique est omniprésent dans sa vie, elle s’endort avec un casque de réalité virtuelle, utilise avec addiction son téléphone portable… Le numérique est pour elle, une manière de franchir les barrières et aller au-delà des capacités de l’homme.

A cause des deux regards, les personnages se retrouvent blasés, lassés et leur incompréhension mutuelle les pousse à se séparer. Cette séparation va leur permettre de prendre du recul ainsi lever le voile sur leur obstination. L’écriture de ce film permet selon moi de ne pas prendre partie entre les deux générations. Il n’est pas militantiste malgré les questions sociétales qu’il pose. On comprend parfaitement que les deux générations se valent et qu’il n’y a pas une mieux que l’autre. Elles ont toutes les deux connu des bonheurs comme des débordements. Dans les années 70, la liberté débordante conduisait aussi à des excès (sexuels, alcool et drogue). Pareillement, pour la société actuelle qui par l’excès du numérique peut conduit également à certaines dérives (pertes de donnés personnels via Facebook, angoisse, relations basées sur le virtuel…). Mais au final malgré les différences, le film raconte aussi les thématiques universelles telles que l’amour, le temps qui passe, la jalousie… Tant de thèmes qui traversent le temps peu importe les générations. 

Nous avons donc tous à apprendre de notre passé mais aussi de notre société actuelle.