La polémique Netflix : retour sur le sujet qui agite la Croisette !

Netflix, plateforme américaine de vidéo à la demande par abonnement connue de tous, fait grand bruit et bouscule les traditions du Festival, du jamais vu ! Voilà de quoi il retourne.

Tout a commencé lors de l’annonce des films en Compétition Officielle. Parmi les 19 titres sélectionnés, deux sont distribués par la plateforme américaine : The Meyerovitz Stories de Noah Baumbach et Okja de Bong Joon-Ho. Mais, qui dit distribution sur Netflix, dit aucune diffusion en salle dans l’hexagone.

En effet, il faut savoir qu’en France, la réglementation est très précise concernant ces plateformes : un film ne peut être diffusé sur une plateforme de vidéo à la demande par abonnement que 36 mois après sa sortie en salle. Ce qui n’arrange pas le géant américain.

Et c’est là tout le problème : Pedro Almodóvar affirmait cette semaine que ce serait « un énorme paradoxe que la Palme d’or ou un autre prix (…) ne puissent pas être vu en salle ».

Face à cet événement inédit, la Fédération des Cinémas Français a exprimé son inquiétude et demandé « une clarification rapide » le 14 avril dernier. Netflix et le Festival tentent alors de trouver un accord : la plateforme propose une sortie des films cannois dans quelques salles de l’Hexagone, sans plus de détails : « Nous sommes convaincus que les cinéphiles français n’ont pas envie de voir ces films trois ans après le reste du monde ».

On apprend le 10 mai, via un communiqué du Festival, que la recherche d’un compromis a échoué, mais que les deux films seront cependant maintenus en compétition. Le Festival décide alors d’une mesure choc : il annonce une modification de son règlement pour la prochaine édition : « Dorénavant, tout film qui souhaitera concourir en compétition à Cannes devra préalablement s’engager à être distribué dans les salles françaises ».

Au moins maintenant c’est clair !!! Mais quelque peu hypocrite aussi puisque de nombreux films étrangers qui sont au Festival de Cannes, parfois même dans la sélection officielle, ne sortiront jamais en salle en France …

Le sujet divise, et démontre surtout les rapports ambigus entre les exploitants français et les producteurs et distributeurs ainsi que la complexité de la réglementation française. « Plus que jamais, notre régulation apparaît dépassée » déclarent les cinéastes français de l’Association des Auteurs, Réalisateurs et Producteurs, rappelant les discussions engagées depuis deux ans pour renouveler le cadre de la chronologie des médias, « nous demanderons au prochain gouvernement de s’emparer rapidement de ce dossier politique ».

Le film de Bong Joon-ho, Okja, en lice pour la Palme d’or, était projeté vendredi dernier dans la salle cannoise du Grand Théâtre des Lumières. Selon Télérama, « une atmosphère particulièrement confuse s’installe : la salle gronde de sifflets et d’applaudissements mêlés ». Et puis le sort s’acharne : le film est interrompu quelques minutes après le début de la séance ! Certains imaginent que la polémique y est pour quelque chose mais non, un simple problème de rideau a contraint les organisateurs à stopper la projection.

La polémique, alimentée par les déclarations via Facebook de Reed Hasting, patron de Netflix qui ne décolère pas, n’est pas prête de retomber.

Certain sont dans l’incompréhension comme Will Smith, l’un des membres du jury qui affiche une position plus conciliante : « Chez moi, Netflix est utile car les gens peuvent voir des films qu’ils n’auraient pas pu voir autrement ». L’actrice Tilda Swinton, juré lors de l’édition 2014 déclare : « Je crois qu’il y a de la place pour tout le monde (…). En l’occurrence, Netflix a fait en sorte que la vision de Bong Joon-ho devienne réalité ».

Qui a tort, qui a raison ? Voilà toute la complexité de cette controverse qui n’a pas fini de faire parler d’elle sur la croisette.

La montée des marches de The Meyerowitz stories est prévue ce soir à 19h, nous suivrons son accueil avec attention !

 

Écrit par Pauline Dutheil