ROUGE AMER

Retour personnel sur Le goût du tapis rouge, sorti en salle le 17/05/2017

Par Elise Yaravel, le 21/05/2017 à Paris

Le goût du tapis rouge est un documentaire d’Olivier Servais d’1h13 sorti en salle le 17 mai 2017, soit dans la foulée de cette 70ème édition du Festival de Cannes. Au travers d’images d’éditions passées, le réalisateur prend le parti de mettre à l’écran ceux qui n’apparaissent, pour ainsi dire, presque jamais dans les medias, des professionnels du cinéma, aux travailleurs, mannequins, cinéphiles, groupies, artistes de rue, badauds, vendeurs à la sauvette ou sans-abris.

Autant vous dire qu’à quelques jours du départ de l’équipe Clap 8 pour Cannes, ma curiosité et moi n’avons pu nous empêcher d’aller voir ce qui se trame dans les rangs des oubliés de la Croisette dont je ferai partie dès ce mercredi 24 mai.

Finalement, le documentaire ne nous apprend que peu de choses si ce n’est ce que l’on imagine déjà car, sans naïveté, chacun est à-même de se figurer les vies de celles et ceux qui, à défaut de fouler le rouge de ladite carpette, se contentent de près pour certains, de très loin pour d’autres, de l’effleurer. La qualité du documentaire est qu’il donne à voir cette réalité parallèle et pour cela, le spectateur, lui, est bien mieux installé que la foule sur marchepied greffée aux barrières du périmètre de sécurité.

Seulement voilà, d’images d’archive en caméra embarquée et de go pro en smartphone, on est parfois pris de nausée. Je ne peux m’estimer séduite par les animations, ralentis, transitions et autres musiques psyché… L’idée est là et pertinente de surcroît. Malheureusement, la technique est maladroite et porte des sabots un peu trop gros. Je me renseigne alors et découvre qu’Olivier Servais est avant tout un enseignant-chercheur en Sciences Humaines et Sociales qui, par passion du cinéma et des festivals, a enfilé une casquette de réalisateur et ses lunettes d’anthropologue pour observer la structure sociale de la faune cannoise des mois de mai.

Les procédés laissent à désirer mais le propos sauve amplement la mise. On rit (jaune parfois), on tourne la tête de gauche à droite en pensant très fort  » c’est pas possible,  » on est décontenancé souvent et ébahi aussi par cette drôle de magie. C’est bizarre comme sentiment. Malgré la noirceur de cette réalité, on a envie de croire que chacun, quelle que soit sa place sur la croisette, rentrera chez lui avec au moins un petit souvenir à chérir.

Quant à moi, je me dis qu’avec sa passoire à show-business, Olivier Servais apaise en amont la claque quelque peu douloureuse que je risque de prendre en arrivant sur place alors oui, c’est rouge amer mais nécessaire !

 

Ecrit par Elise Yaravel