La route qui mène aux marches !

J’ai toujours associé le Festival de Cannes au prestige des célébrités qui montent chaque année ces marches.

Il n’est donc pas étonnant que ce que j’ai voulu mettre dans ma valise est sans surprise une paire de talons. Le genre que seul le Festival aurait pu me pousser à acheter. J’y ai ajouté une paire de spartiates au cas où, n’ayant pas encore validé mon permis talons. Deux robes de soirée, et j’étais fin prête.

Coup de chance…

Pour obtenir une invitation à monter les marches, le Festival a prévu un système de tirage au sort. Imaginez un APB de la Croisette. Nous savions déjà dès notre arrivée que les séances de Gala étaient plus dures à obtenir. C’est pourquoi, après avoir été prévenue que plusieurs personnes de l’équipe avaient eu une réponse positive à leurs vœux, j’ai été déçue de ne pas trouver de carrés verts dans mon espace personnel. C’était désespérément orange : loin du rouge écarlate des marches.

J’étais encore surprise quand un homme m’a remis une invitation. Good time, à 22h30.

Préparation

Après deux films, je m’étais réservée un moment pour me reposer et prendre vraiment le temps de me préparer. Le coup de fer à repasser n’a pas survécu au voyage. Ma robe noire était froissée. Mes talons se sont révélés trop haut ; pas grave, je vais faire le chemin en spartiates. Le vernis sur mes mains a refusé de sécher : j’ai choisi de tout retirer. Mes cheveux ont refusé d’être hydratés, la robe remontait. Et quelles cernes ! Il était 21h10 quand je suis sortie. En retard, bien entendu.

Fermeture de l’accès à 21h45

Consciente d’être en retard, je marche vite puis je cours, ma pochette dans une main, ma paire de talons dans l’autre. Je ne ressemble à rien, je suis stressée. Il faut que je trouve un endroit où enfiler mes talons une fois le palais visible, en pleine rue. Autant ridicule qu’une femme en robe de soirée courant avec sa paire de talons dans les mains. Mais moins, qu’une femme qui rate une montée des marches.

Une fois en talons je suis grandie d’assurance. Il est 21h25 et je suis à l’heure. Au moment de passer, les agents de sécurité demandent à une dame devant moi « vous comptez aller à la plage ? » et je me réjouis d’avoir autant pris cette mission au sérieux.

Les marches rouges

Ma mission était de rattraper des stars, je ne les verrai que de loin. Notre parcours nous raccourcit le tapis rouge, de toute façon les célébrités arrivent après notre entrée. Nous avons une interdiction formelle : les selfies. Il est tentant de refuser d’avancer. Impossible, car les hôtesses n’hésitent pas à vous réprimander. Néanmoins tout le monde veut sa photo : surtout moi. J’y parviens sans trébucher, sans tomber, ce qui était ma peur.

Mon ascension aura duré moins de trois minutes : déjà je suis à l’intérieur.

L’excitation, le stress et la joie retombent pour faire place à une pointe de déception : c’est donc cela, les marches ?

Ecrit par Fanta Loial

photo : Charlotte Ulles