Les réalisateurs en compétition dans la sélection officielle 2019
Le 2 Avril, Quentin Tarantino et Abdellatif Kechiche ont pris leurs places dans la liste des réalisateurs concourants dans la sélection officielle. Une liste, maintenant close, contenant 21 films qui n’auront qu’un but, impressionner la critique et pourquoi pas aller décrocher la Palme d’Or. Mais à quoi ressemble cette liste ? Retour sur tous les réalisateurs et réalisatrices en compétition.
Ils ont déjà raflé la Palme d’or
Ken Loach, les frères Dardenne, Pedro Almodóvar ou encore Terrence Malik, voilà des noms qu’on a l’habitude de voir à Cannes. Cette année n’est pas encore celle du renouveau mais, ce qui est sûr, c’est que le merveilleux palmarès de certains peut créer l’attente.
Les réalisateurs Quentin Tarantino et Ken Loach
Ken Loach
Tout d’abord, des doubles gagnants de cette Palme d’or sont présents cette année. Ken Loach et les frères Dardenne. Pour Ken Loach, sa dernière victoire ne date que de trois petites années. C’est en 2016 et avec son dernier film Moi, Daniel Blake que le réalisateur britannique s’offre son deuxième Graal après Le vent se lève en 2006. Maintenant âgé de 82 ans, Ken Loach revient cette année avec un film dans la même veine que son précédent. Sorry to bother you semble être à nouveau un film très politiquement marqué. Le réalisateur qui nous avait laissé avec cette phrase : » Il faut dire qu’un nouveau monde est possible, et même nécessaire. » Ken Loach ne semble pas avoir abandonné le combat qu’il mène depuis son premier film Cathy come home. Ce qui est sûr, c’est que nous avons hâte de voir à nouveau le réalisateur octogénaire dans ses œuvres, nous dépeindre la misère de certaines familles anglaises.
Les frères Dardenne
Les autres doubles détenteurs de la Palme sont deux, et belges. Les frères Dardenne nominés régulièrement pour leurs films, n’ont pas gagné de Palme depuis 2005 et leur film L’enfant. Les réalisateurs sont d’ailleurs les seuls à avoir fait gagner une Palme à leur pays. Habitués au « cinéma social », Luc et Jean-Pierre Dardenne ne dérogeront pas à la règle cette année. Le jeune Ahmed va (de ce que l’on sait pour l’instant) parlera donc de religion. Très souvent acclamés par la critique, leurs films n’ont jamais fait consensus auprès du public. Et si ce nouveau long-métrage représentait enfin ce consensus ?
Terrence Malick
Dans la famille « J’ai déjà gagné la Palme d’Or » je voudrais Terrence Malick. De retour avec Une vie cachée, le réalisateur américain (très prolifique ces dernières années) a testé de nombreux genres cinématographiques. Après le fantastique avec The Tree of Life (qui lui a valu la Palme d’or 2011), une romance sous fond de musique avec Song to song ou encore le documentaire avec Voyage of time, Malick revient avec un film de 3 heures (qui n’est pas le plus long de la liste). Fini les noms d’acteurs aguicheurs comme Ryan Gosling ou Natalie Portman, le réalisateur revient avec un biopic sur Franz Jägerstätter (paysan autrichien qui a refusé de se battre au côté des nazis) joué par un casting 100 % autrichien et allemand.
Quentin Tarantino
Au contraire de Terrence Malik, Quentin Tarantino a opté pour un casting 5 étoiles. Déjà une fois détenteur de cette palme en 1994 avec Pulp Fiction, le réalisateur autant adulé par la critique que par les spectateurs reviens 25 ans après son dernier sacre avec Once upon a time in Hollywood. Montage fini au tout dernier moment, les journalistes présents à Cannes pourront enfin voir ce film évènement qui marque le retour de Tarantino (4 ans après Les huit salopards) et de Leonardo Dicaprio (4 ans après The revenant). On ne connaît pas encore grand-chose du scénario, tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’en regardant la bande-annonce la pâte Tarantino est bel et bien présente.
Adbelattif Kechiche
Abdelttif Kechiche, voilà le dernier de la liste à avoir déjà gagné la Palme d’or. Soit adulé soit détesté, le réalisateur de La vie d’Adèle nous offre cette année le deuxième volet de sa saga Mekhtoub my love commencée l’an dernier. Durant 4 heures, les spectateurs seront invités à suivre la vie d’un nouvel adolescent dans les années 80 (au contraire du premier qui se déroulait en 1994). Toujours dans ce désir de s’intéresser au passage à l’âge adulte, le cinéaste français compte bien emballer autant avec son deuxième volet.
Ils attendent leur première palme d’or
Avant de penser à cette récompense suprême qu’est la Palme d’or, de nombreux cinéastes ont pu concourir avant dans d’autres sélections. Nous en avons relevés quelques-uns, qui n’ont jamais gagné cette palme mais qui pourraient, cette année, tout rafler avec leurs films.
Les réalisateurs Boon Jong-Ho et Pedro Almodóvar
Pedro Almodóvar
Commençons par le président du jury en 2017, Pedro Almodóvar. Tout sur ma mère, La piel que habito, La mauvaise éducation, Étreintes brisées et Julieta ; tous ses films ont déjà concourus en sélection officielle à Cannes. Cependant, le cinéaste est toujours reparti sans le Graal ultime. Cette année, le réalisateur espagnol revient avec Douleur et gloire, un film racontant l’histoire d’un réalisateur en souffrance à la suite de retrouvailles. Ce film semble autobiographique et voilà ce qu’il répond : « Non, et oui, absolument » … Le réalisateur par le biais d’un de ses acteurs fétiches, Antonio Banderas, pourrait alors nous plonger dans ces tourments réguliers et sa vie de réalisateur.
Boon Jong-Ho
Okja, voici le dernier film de Bong Joon-Ho à avoir concouru en sélection officielle. Film qui n’est pas passé inaperçu puisque c’est celui qui a lancé la guerre entre Netflix et le Festival de Cannes en 2017. Deux ans après, Netflix n’accepte toujours pas de présenter un film au Festival de Cannes, mais Bong Joon-Ho lui revient avec Parasite. Peu d’information sur le long-métrage mais une bande-annonce intrigante et des plans déjà marquants suffisent à intéresser. Déjà trois films présentés à Cannes pour lui, mais aucun prix gagné, et si Parasite était le bon ?
Xavier Dolan
Xavier Dolan, 30 ans et déjà 6 films présentés à Cannes. La première fois qu’il a participé au plus grand festival de film au monde, il avait 19 ans. Coqueluche du festival depuis déjà 10 ans, le québécois a déjà raflé le prix du jury décerné en 2014 par Jane Campion. Cette année, Xavier Dolan revient sur la croisette afin de présenter son Matthias et Maxime, histoire d’amour entre deux amis d’enfance à la suite d’un baiser à l’apparence anodine. Le film marque aussi le retour du Xavier Dolan « Version acteur/réalisateur », combo que l’on n’avait pas revu depuis Tom à la ferme en 2014. Beaucoup aimé, très peu récompensé, et si son huitième film était le bon ?
Arnaud Desplechin
Arnaud Desplechin à Cannes ? Ça devient une habitude. Depuis 1992 et La Sentinelle, le réalisateur français de 58 ans, vient régulièrement faire un passage par la Côte d’Azur. Après Les fantômes d’Ismaël (film d’ouverture du festival de Cannes 2017), qui lors de sa sortie avait partagé la critique et les spectateurs, Desplechin nous offre cette année un thriller. Roubaix, une lumière est un film porté par Léa Seydoux et se déroulant dans la ville natale du réalisateur. Desplechin aura donc une chance avec ce long-métrage de gagner pour la première fois un prix à Cannes.
Elia Suleiman
Énormément nommé, jamais récompensé, oui encore un et c’est Elia Suleiman. La dernière fois que l’on a vu le réalisateur palestinien à Cannes, c’était en 2012 avec son film 7 jours à la Havane. Ayant déjà concouru pour le prix Un Certain Regard, le prix du jury ou même la Palme d’or en 2002, Suleiman présente cette année It must be heaven en compétition officielle. Alternant entre le Drame et la Comédie, le réalisateur a choisi cette fois-ci la comédie. It must be heaven serait donc un conte burlesque sur l’identité et l’appartenance à un pays.
Jim Jarmusch
66 ans, 11 films présentés à Cannes, 7 en compétition et aucune palme d’or pour Jim Jarmusch. Gagnant de la caméra d’or en 2005, le réalisateur et cinéphile américain revient cette année avec un film de zombie. Cette comédie horrifique aura l’honneur de faire l’ouverture du festival cette année. Porté par une belle brochette d’acteur (Bill Muray, Adam Driver, Tilda Swinton, etc.) le long-métrage pourrait créer la sensation dès le premier jour du festival. Espérons seulement que Jim Jarmusch ne revienne pas une nouvelle fois bredouille.
Marco Bellochio
Encore un qui a dépassé les dix apparitions à Cannes. Marco Bellochio, réalisateur italien, a l’habitude de passer ses mois de Mai en France. Habitué à venir mais, pas habitué à gagner des prix ! Il a gagné à la Mostra de Venise le lion d’or d’honneur, à Berlin l’ours d’argent, il lui manque plus qu’un prix à Cannes pour faire la triplette. Cette année, le réalisateur acclamé mais controversé avec des films comme Buongiorno, notte ou Le sourire de ma mère, revient avec Il traditore. Biopic sur Tommaso Buscetta, membre de la Cosa Nostra, mafia sicilienne très connue.
Corneliu Porumboiu
Déjà gagnant de la caméra d’or et récompensé dans la catégorie « Un certain regard », le réalisateur roumain, Corneliu Porumboiu, est l’un des nouveaux habitués de la croisette. Néanmoins, c’est la toute première fois que le réalisateur de 43 ans présente un film qui concourra pour la Palme d’or. Son septième long sera un film policier se déroulant en Roumanie et sur l’île de la Gomera. Première fois en sélection officielle, le cinéaste n’en est pas moins un concurrent très sérieux pour la palme cette année.
Certains ne sont plus à présenter
Certains connaissent déjà Cannes et d’autres non, ce qui est sûr c’est que ces réalisateurs font figures de nouveaux sur la croisette. Retour sur cinq réalisateurs que vous ne connaissez peut-être pas.
Les réalisateurs Ladj Ly et Ira Sachs
Diao Yinan
Deux films à son actif, l’un a été présenté dans la catégorie « Un certain regard » en 2007 et l’autre à gagné l’Ours d’Or à Berlin en 2014. Ce qu’on peut dire c’est que les films de Diao Yinan semblent séduire la critique et le réalisateur qui se fait rare présente son nouveau film intitulé Le lac aux oies sauvages à Cannes cette année. Quatre ans après Black Coal, le réalisateur chinois fait son retour avec un Thriller où les personnages principaux seront un chef de gang et une prostituée. Encore très peu connu sur la croisette, et si le réalisateur et scénariste créait la sensation ?
Ladj Ly
En 2017 sort le court-métrage Les misérables et en 2019 sort le long-métrage Les misérables. Réalisé par Ladj Ly, le film se concentrera sur un nouveau de la BAC qui découvrira les quartiers et leurs problèmes. Membre du collectif Kourtrajmé (Romain Gavras, Kim Chapiron) et fondateur d’une école de cinéma gratuite, Ladj Ly crie haut et fort que « c’est possible de faire des films sans avoir un paquet d’argent ». Habitant de banlieue, le réalisateur dit qu’il en a marre qu’on raconte la vie dans ces banlieues à sa place. Voilà pourquoi le court et le long métrage Les misérables a vu le jour et nous est proposé en sélection officielle à Cannes.
Ira Sachs
Ira Sachs, voilà un réalisateur qui a fait le tour des festivals. Deauville, Sundance, Berlin et maintenant Cannes. Le réalisateur américain de 53 ans en a fait du chemin avant d’arriver sur la croisette. Les journalistes auront donc la chance de découvrir dès le 20 Mai cette collaboration americano-franco-portugaise avec Isabelle Huppert. La Française campera le rôle d’une célèbre actrice française très malade qui décide de vivre ses dernières vacances avec ses proches.
Mendoça Filho et Juliano Dornelles
Mendoça Filho avait frappé fort avec ses deux derniers long-métrages, Aquarius Et Les bruits de Recife, cette fois-ci il revient accompagné de Juliano Dornelles. C’est le premier film que signe le réalisateur brésilien avec son directeur artistique. Leur film se passera toujours au Brésil (comme les deux premiers films de Mendoça Filho), plus particulièrement dans le village de Bacurau. Et si le cinéaste brésilien réalisait encore un sans-faute en présentant un film qui plaira aux critiques et aux spectateurs ?
Les femmes au pouvoir ?
L’affaire Weinstein passée, les mœurs changent peu à peu dans le monde de l’industrie cinématographique. L’année dernière le festival a d’ailleurs été marqué par cette image des 82 femmes sur les marches signifiant le nombre très faible de réalisatrices ayant depuis la création du festival monté les marches. Le comité de sélection maintenant paritaire, Thierry Fremaux se refuse à forcer la parité dans les sélections et selon lui « La sélection officielle ne tient compte de rien d’autre que de la qualité des œuvres ». Pas de parité forcée et cette année seulement 4 réalisatrices sont en compétition dans la sélection officielle. C’est tout de même une de plus que l’année dernière, mais deux de plus qu’en 2015. Un changement se met en place sur la croisette, mais doucement… Voyons qui sont ces quatre femmes présentes cette année.
Les réalisatrices Céline Sciamma et Jessica Hausner
Mati Diop
Mati Diop, ayant rencontré un succès critique dans d’autres festivals (Venise, Toronto, Rotterdam) avec ces courts et moyens métrages, cette réalisatrice française a été sélectionnée pour son premier long-métrage nommé Atlantique. La franco-sénégalaise, nous présente un drame se déroulant à Dakar et racontant l’histoire d’ouvriers qui décident de quitter leur pays par la mer. Femme aux multiples talents, que ce soit dans l’acting ou dans la réalisation, on espère un premier long-métrage réussi pour la réalisatrice de 36 ans.
Jessica Hausner
Elle a déjà connu Berlin, la catégorie « Un certain regard » à Cannes, la voilà maintenant en concours dans la catégorie reine. Habituée aux drames, la réalisatrice autrichienne s’essaie cette fois-ci avec Little Joe au genre de la science-fiction. Seul film de ce genre de la liste, le synopsis est intéressant. L’histoire d’Alice qui crée une plante et la nomme Little Joe, mais toutes les personnes entrant en contact avec cette plante échangent leurs corps. Espérons que l’ancienne élève de Michel Haneke nous étonne avec son nouveau film que les journalistes pourront découvrir les 17 et 18 Mai.
Céline Sciamma
Relativement nouvelle dans le métier (premier film en 2007), la réalisatrice française n’a pas pris beaucoup de temps avant de faire sensation. Diplômée de la Femis, elle est avant tout scénariste. Elle a d’ailleurs collaboré au scénario pour la série Les Revenants et a co-écrit le césarisé Ma vie de courgette. 7 ans après son étonnant Tomboy et 4 ans après Bande de filles, Céline Sciamma fait partie de la sélection officielle avec Portrait de la jeune fille en feu. Film historique se déroulant en 1770 où l’on suivra une peintre qui devra réaliser le portrait de mariage d’une femme en secret.
Justine Triet
Justine Triet, réalisatrice française de 40 ans rempile avec Virginie Efira, 3 ans après Victoria. Encore une comédie avec un casting français 5 étoiles, l’actrice principale sera accompagnée d’Adèle Exarchopoulos et Gaspard Ulliel. Pas beaucoup de films à son compteur mais déjà un casting alléchant dans son long-métrage nommé Sibyl, présenté le 24 Mai.