Le Festival de Cannes 2021 dévoile son jury au complet

En 2020, le cinéaste américain Spike Lee acceptait d’être président du jury de la sélection officielle du Festival de Cannes, mais cette édition n’a pas pu se tenir en raison de la crise pandémique. Le réalisateur engagé de Malcolm X, de La 25ème Heure et de BlacKkKlansman (Grand Prix au Festival de Cannes 2018) renouvelle son engagement pour cette année. Les noms des autres membres du jury ont été dévoilés ce jeudi 24 juin : composé de cinq femmes et de quatre hommes, le festival indique dans un communiqué que ces personnalités viennent “de cinq continents” et sont “issus de sept nationalités”, avec la présence de trois célébrités françaises toutefois. Ces neuf regards attentifs devront choisir le successeur de Parasite pour la Palme d’or 2021. Nous vous les présentons. 

Président du Jury :

Spike Lee (Etats-Unis) : Spike Lee naît à Atlanta dans l’État de Géorgie, tout comme Martin Luther King. Mais le cinéaste américain lui préféra son adversaire Malcolm X pour écrire son septième long-métrage, symbole de tout un cinéma luttant contre le racisme. Quasiment producteur de tous ses films, Spike Lee entre en compétition à la Quinzaine des Réalisateurs en 1986 avec Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, puis revient en sélection officielle en 1989 (Do The Right Thing), en 1991 (Jungle Fever) puis se voit récompensé du Grand Prix au Festival de Cannes 2018 (BlacKkKlansman). Habitué de ces festivités, le cinéaste préside le jury de cette édition avec engouement et fierté militante. 

Membres du Jury : 

Mati Diop (Sénégal) : Le premier long-métrage de la réalisatrice sénégalaise avait fait sensation sur la croisette en 2019, à tel point qu’il remporta le Grand Prix du Festival de Cannes. Atlantique renverse en effet le point de vue porté sur l’immigration, à travers les yeux perdus de celles et ceux qui restent au pays. Le film poursuit son chemin des récompenses par la suite, obtenant plusieurs nominations aux César et le Prix Cinéma des Étudiants France Culture en 2020. Sa présence au 74ème Festival de Cannes en tant que membre du jury ne vient que féliciter un cinéma prometteur et novateur où l’espace et les décors se greffent aux corps de la jeunesse dakaroise. 

Mylène Farmer (France) : La présence de la chanteuse peut surprendre et pourtant, ce choix n’est pas tellement anodin. Si son nom n’est pas à faire au sein de la musique, l’ancienne élève des cours Florent sait également s’imposer dans le cinéma avec quelques longs métrages comme Giorgino, un film de Laurent Boutonnat qui lui offre son premier grand rôle au cinéma. On la retrouve ensuite dans Ghostland de Pascal Gaugier qui reçoit le Grand Prix du Festival de Gérardmer. Une présence qui prend finalement tout son sens au vu de ses clips finement réalisés. 

Maggie Gyllenhaal (Etats-Unis) : La renommée de l’actrice américaine n’est plus à refaire. Nommé aux Oscars, Maggie Gyllenhaal se révèle dans La Secrétaire en 2012 et Sherrybaby en 2006. Elle est connue pour avoir joué dans les films de Oliver Stone et de Christopher Nolan. Elle s’impose également sur le petit écran en jouant dans la série Honourable Woman en 2014 et dans The Deuce en 2017 qu’elle produit également. Désormais réalisatrice, elle vient d’adapter son tout premier long-métrage The Lost Daughter

Jessica Hausner (Autriche) : Déjà membre du jury de la Cinéfondation en 2011, de la Mostra de Venise en 2014 puis d’Un Certain Regard en 2016, la réalisatrice autrichienne démontre la pertinence de son jugement critique, en plus de produire un cinéma clivant et formaliste (elle a d’ailleurs eu pour professeur le metteur en scène Michael Haneke). Little Joe permet à Emily Beecham de gagner le Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2019 et à sa réalisatrice de s’installer durablement sur les marches rouges du Palais des Festivals où elle a élu domicile. 

Mélanie Laurent (France) : L’actrice française s’impose également aujourd’hui en réalisatrice et scénariste. Ayant tournée dans plus de 40 films, elle fait un début remarquable dans le film de Quentin Tarantino Inglorious Basterds aux côtés de Brad Pitt, en compétition au Festival de Cannes en 2009. Ses premiers pas en tant que réalisatrice se font en 2011 avec Les Adoptés. En 2015, elle réalise le documentaire Demain, portant sur la cause environnementale qui sera la plus grande sortie française de documentaire de l’année.  

Kleber Mendonça Filho (Brésil) : Le metteur en scène brésilien de 52 ans a d’abord participé au Festival de Cannes avec la sélection de ses courts-métrages à la Quinzaine des Réalisateurs. Il se fait surtout connaître avec la sortie de son premier long-métrage, Les Bruits de Recife, puis avec Aquarius en 2016, présenté en sélection officielle : ce film, porté par la magistrale Sonia Braga, dénonce la corruption au Brésil et transforme la bataille d’une femme en geste politique. Revenu en compétition avec Bacarau (coréalisé avec Juliano Dornelles) en 2019, il propose un western fantastique et critique vis-à-vis des despotes américains (Donald Trump, Jair Bolsonaro). 

Tahar Rahim (France) : Lorsque Un Prophète (Jacques Audiard, 2009) est diffusé au Festival de Cannes en sélection officielle, Tahar Rahim reçoit les éloges de la presse mondiale. Révélé par ce rôle de détenu, l’acteur français remporte le César du meilleur espoir masculin en 2010, puis confirme son talent en jouant pour Jean-Jacques Annaud (Or noir), Asghar Farhadi (Le Passé) et Elie Wajeman (Les Anarchistes). Acteur au jeu instinctif et aux mimiques charmeuses, il se produit également dans des séries Netflix (Le Serpent), tournant en langue anglaise. L’hétérogénéité de sa filmographie ne devrait qu’affûter son analyse des longs-métrages en compétition. 

Song Kang-ho (Corée du Sud) : L’un des acteurs les plus célèbres du cinéma sud-coréen et l’une des plus grandes stars cinématographiques de son pays, Song Kang-ho a contribué à l’essor de ce cinéma national aux croisements des genres (où le tragique se confond aussitôt avec le burlesque). Il joue ainsi plusieurs fois pour Kim Jee-woon (The Quiet Family, Foul King), Park Chan-wook (JSA dans lequel il est révélé, Thirst, ceci est mon sang), Lee Chang-dong (Green Fish, Secret Sunshine) et bien entendu Bong Joon-ho (Memories of Murder, Parasite). Après le succès international de Parasite, Song Kang-ho intègre naturellement le jury de cette 74ème édition du Festival de Cannes. 

 

Article écrit avec la participation d’Océane Huitorel