Palme Verte pour le Festival de Cannes

 

Après une année d’absence marquée par la Crise du Covid-19, le Festival de Cannes est de retour et semble avoir appris de l’année qui s’est écoulée. En sortie de crise de la pandémie (si le variant Delta ne nous renvoie pas aux heures sombres de mars/avril 2020), il est devenu indispensable pour tous de repartir sur des bases saines et d’espérer un monde en meilleure santé. Si cette sortie de crise est notamment menée par l’urgence sanitaire et économique, la question écologique ne doit pas être écartée.

Le Festival l’a bien compris et si celui-ci tente depuis plusieurs années de se mettre au vert, un véritable cap a été franchi cette année. En effet, l’organisation a fait appel au cabinet de conseil Green Evènement, dont l’objectif est la production d’évènements responsables, notamment connu pour avoir  participé à l’organisation de la COP21 et du G7 de 2019 à Biarritz.

Un défi logistique vert

A la manière des 5R du zéro-déchet (Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Rendre (à la terre), le Festival de Cannes annonce trois grands nouveaux principes Réduire, Valoriser et Compenser. Ils sont matérialisés par 12 engagements pour les 12 jours que dure le Festival.

Parmi ces engagements, les équipes du festival nous apprennent que les bouteilles d’eau en plastique n’ont pas reçu d’accréditation cette année. Elles étaient 22 000 en 2019 et seront totalement supprimées au profit de fontaines d’eau. Il appartiendra aux festivaliers d’apporter leur gourde.

Renouveau également du parc automobile officiel, les personnalités seront transportées en véhicule électrique ou hybride (60% du parc). Quant aux festivaliers, ceux-ci seront incités à la mobilité douce, avec la gratuité des transports en commun de la ville de Cannes.

Nouvelle formule également pour le fameux tapis rouge, entièrement recyclé et recyclable, et dont le volume diminue de 50%. Triste héro du film Super Trash de Martin Esposito, en 2013, le tapis était à cette époque  remplacé près de trois fois par jours pour des raisons protocolaires : soit près de 1.8km de moquette jetés sur la durée du Festival. Un premier progrès était apparu  lors de l’édition de 2014, notamment après qu’une pétition « Cannes : pas de gâchis pour un tapis » ait recueillie 9000 signatures.

En 2019, 99% des déchets produits par le Festival avaient été valorisés, soit 250 tonnes de déchets. Un chiffre impressionnant quand on sait que le Festival produisait plus de 1000 tonnes de déchets supplémentaires plusieurs années en arrière. L’organisation souhaite maintenir ce taux en se fixant un objectif de 95% de déchets valorisés.

Pour les soirées de gala, les traiteurs ont du respecter un cahier des charges précis et contraignant favorisant l’utilisation de circuits courts et une politique de lutte contre le gaspillage.

« La 74ème édition sera celle du monde d’après pour un Festival de toujours »

L’engagement de  Pierre Lescure et Thierry Frémaux n’est pas à prendre à la légère, un festival de toujours qui s’entoure d’un comité scientifique d’experts indépendants dont la tâche sera de sélectionner des projets à échelle locale, nationale et internationale, qui auront pour but de compenser l’impact du Festival sur l’environnement pour les prochaines éditions.

Ces projets seront financés, d’une part, par la nouvelle contribution environnementale de 20€ payé par  les festivaliers afin de compenser leur emprunte carbone (voyage et hébergement), qui représente 89% de l’emprunte carbone globale du Festival, et d’une autre part, par une contribution directe de l’organisation afin de compenser les 11% restants dont elle est responsable.

L’idée donc d’un véritable ancrage dans l’avenir pour le Festival de Cannes.

Mais le Festival ne verdit pas seulement son tapis, c’est également dans les salles obscures que le changement s’opère.

Le Festival 2021 est une édition du monde d’Après, avec, pour la première fois une sélection éphémère spéciale sur l’engagement environnemental : « Le cinéma pour le climat ». Il s’agit d’une sélection à dominante française mais qui nous fera voyager du nord du Niger à New Delhi en passant par Tchernobyl, l’Indonésie et les hauteurs du Tibet. On y retrouve l’actrice Aïssa Maïga, l’acteur et réalisateur français Louis Garrel, l’activiste écologique Cyril Dion ou encore l’aventurier et écrivain Sylvain Tesson.

Sept films dont quatre documentaires sur l’urgence climatique mais également sur l’importance du rôle des nouvelles générations dans un combat qui est l’enjeu majeur du XXIème siècle.

La sélection éphémère « Le cinéma pour le climat » ci-dessous est « l’incarnation cinématographique de l’engagement pour l’environnement du Festival »

  • Marcher sur l’eau d’Aissa Maïga
  • Invisible Demons de Rahul Jain
  • La Croisade de Louis Garrel
  • Animal de Cyril Dion
  • Bigger than Us de Flore Vasseur
  • I Am So Sorry de Zhao Liang
  • La Panthère des Neiges de Marie Amiget

On ne peut que se réjouir du tournant et du pari pris par le Festival. Rendez vous néanmoins à partir du 6 juillet 2021 sur la Croisette pour voir ces engagements dans la pratique et découvrir les sept films de la sélection.