Les images d’Agnès

Les images d’Agnès

Visages, images…

On pourrait ainsi imaginer une nouvelle exposition dédiée à Agnès Varda et l’intituler “Visages, Images” en référence à son travail récent avec JR tant ses visages à elle sont multiples et son travail artistique autour de l’image également.

D’abord, photographe, elle accompagna Jean Vilar et toute l’équipe du TNP au Festival d’Avignon et les photos qu’elle fit alors furent de nouveau exposées format XXL des années plus tard dans la ville.

Plus tard, cinéaste, elle devança ses camarades de la « nouvelle vague »… Pour une femme qui a passé son enfance au bord de la mer sur les plages du nord de la France et qui a décidé plus tard de camper le décor de son film le plus autobiographique sur une plage. C’est tellement incroyable! Elle avait disposé nombre de photos de famille en noir et blanc dans le sable et aussi de nombreux miroirs dans lesquels tantôt elle se regardait, tantôt les vagues se reflétaient sur encore d’autres visages, d’autres images … Comme une mise en abyme de sa vie mais aussi de son travail.

 … Images et plages

Les plages d’Agnès, c’était le titre, bien vu ! Car son travail, sa curiosité, son imaginaire, son goût pour l’art la menèrent sur plusieurs rivages, elle aborda plusieurs forums d’art, photographie, cinéma, mais aussi d’Art Contemporain :

Déguisée en pomme de terre, Agnès Varda présenta l’installation « patatutopia » à la Biennale de Venise en 2003. Elle trouve toujours de nouveaux territoires à explorer, de nouveaux rivages où accoster… Elle investit la Biennale de Lyon ou encore le Lacma à Los Angeles et le MOMA de New York acquiert une de ses pièces en vidéo !

Audacieuse, espiègle, irrévérencieuse, malicieuse évidemment. Son propre visage dans les rides duquel se lit le film de sa longue vie (90 ans !) était si beau, si serein. Et que dire de son style capillaire unique ! Bicolore = racines blanches (c’est un bol posé sur sa tête) et pointes rouges !

Agnès, un prénom qui n’était d’ailleurs pas le sien ! Elle avait souhaité en changer, elle avait le look Agnès… Et elle était un look. Un regard unique, bienveillant, humain… Elle ne voulait pas se dire artiste « plasticienne », « je ne fais pas de plastique » disait-elle, elle se disait artiste « visuelle »… le regard, on vous dit… Elle avait fait d’elle-même un portrait en… mosaïque ! De multiples petits morceaux de visage réunis ensemble pour montrer UN visage, unique, le sien. Sa tête était une boule à facettes qui rayonnait. Autre autoportrait en 1960, son visage devant des visages, son image devant une autre image en l’occurrence une peinture de G.Bellini.

Passée de l’image fixe, des beaux cadres de la photographie, elle glisse vers l’image en mouvement mais continue à cadrer, à choisir les visages, les images « j’observe ce qui m’entoure et je mets en scène des phénomènes que tout le monde peut voir mais que tout le monde ne regarde pas » expliquait-elle citoyenne, féministe, et amoureuse « à la vie, à la mort » de son cinéaste Jacques Demy. Et c’est encore vers la photo qu’elle revient avec le travail avec le photographe JR. C’était entre 1979 et 1981, à Los Angeles qu’elle réalise un documentaire sur les peintures murales (Mur Murs)… ainsi la boucle est bouclée.

Alors, quelle que soit la plage sur laquelle vous êtes aujourd’hui Agnès… Et si c’était celle de Cannes ? Merci d’avoir été celle que vous avez été.