Un mois après la fermeture, ordonnée par les autorités sous couvert de sécurité nationale, de l’Apple Daily, dernier journal pro-démocratie d’Hong Kong, le Festival de Cannes présentait « Revolution of Our Times », un documentaire réalisé par Kiwi Chow et un collectif de hongkongais sur les manifestations hongkongaises de 2019 – 2020 en réaction à la loi autorisant les extraditions vers la Chine.
Le film est présenté comme un « documentaire surprise », non pas pour protéger le cinéaste ou pour tenter de créer l’événement, mais prêt à la dernière minute, le film n’intégrera qu’au dernier moment la Sélection, selon les dires de Thierry Frémaux.
Un film de 2h30 composé d’images et de vidéos de toute provenance, d’amateurs comme de professionnelles, qui nous plonge au cœur de ces manifestations d’une ampleur sans précédent : environ deux millions de manifestants sur sept millions d’habitants. Deux heures et trente minutes durant lesquelles le spectateur ne peut que rester sans voix face à un déferlement de violence, jet d’eau, gaz lacrymogène, gaz poivre, barres en fer, fusil à plomb et balles réelles allant jusqu’à entraîner le suicide de certains jeunes étudiants.
Commençant par l’invasion du Conseil Législatif et se terminant par la fin de l’occupation de l’Université d’Hong Kong, le film suit plusieurs manifestants dont les voix ont été modifiées et les visages cachés.
Face à l’escalade de violence et de répression des autorités et de la police anti-émeute , ceux-ci s’organisent en véritables réseaux de résistants. Le film montre le courage et l’élan de solidarité impressionnant de toute une population, des collégiens de 11 ans participant à l’occupation de l’Université jusqu’aux plus âgés séniors (plus de 70 ans) en première ligne lors des manifestations. Le spectateur est complètement happé par le courage dont ils font preuve.
Depuis le COVID-19, les manifestations ont été interdites à Hong Kong, 15 dirigeants pro démocratie ont été emprisonnés. Depuis juin 2020, 113 personnes ont été arrêtées pour leur opinion et depuis la fermeture de l’Apple Daily, il n’y a plus de presse libre dans l’archipel considéré dans le passé comme un havre de paix pour les médias.
Revolution Of Our Times, résonne comme un cri désespéré face à la fin de l’Etat de droit à Hong Kong. En le sélectionnant c’est une véritable affirmation politique que fait le Festival de Cannes.