Nitram : L’incompréhension meurtrière.

Justin Kurzel explores the origins of a mass shooting in the Nitram trailer

Percutant, oppressant, stupéfiant, Nitram s’impose dans le palmarès en compétition du festival de Cannes. Son acteur principal : Caleb Landry Jones remporte la palme de l’interprétation masculine, amplement mérité. En effet l’acteur porte le film presque seul et le mène jusqu’à sa conclusion de manière spectaculaire.

Nitram, c’est un jeune homme déséquilibré, marginal, incompris. Dans ce vaste paysage australien, il parcourt les rues. Si nous avons l’impression qu’il n’a aucun but, on comprend bien vite que ce que recherche Nitram, c’est peut-être tout simplement un lien..amical, affectif. Être compris peut-être ? 

Sa mère ne le comprend pas, la conversation est limitée. Quant à son père, il semble encore avoir un semblant d’autorité sur lui. Mais c’est en Helen que Nitram va trouver ce qu’il pourrait certainement rechercher. Le personnage d’Helen l’écoute, lui apporte de la douceur. Marginale elle aussi, ils semblent se complaire dans ce quotidien qu’ils se construisent ensemble. Helen représente la marginale douce et calme, Nitram est le perturbateur, celui qui cherche à s’amuser sans se soucier des conséquences. Son comportement imprévisible provoque chez le spectateur une forme d’angoisse, d’oppression. Cette oppression qui devient de plus en plus forte au décès d’Helen. 

Si Nitram était imprévisible dans la première partie du film, dans la seconde, vient s’ajouter la souffrance, sur ce lit d’hôpital, qui lui coupe l’air. Une souffrance, une douleur que ne pouvait pas soupçonner sa mère. Ressentirait-il seulement la même chose pour elle ? 

Nitram' trailer, a new story of violence from the hand of Justin Kurzel

La violence s’ajoute à ce tableau, envers son père qu’il refuse de voir souffrir. Les coups pleuvent sur ce corps affaibli. La difficulté de cette scène réside dans l’incompréhension du geste. Jamais Nitram n’avait eu un geste d’une telle violence envers son patriarche. Mais à ce moment précis, c’est comme s’il venait de franchir un point de non retour. 

La machine s’emballe et vous le sentez. C’est sans doute le seul regret du film. Fusil de Tchekov peut-être trop explosif ? Quoiqu’il en soit, le film à son effet. Justin Kurzel a cherché à sensibiliser sur le port d’armes. Au cours du film, on se rend compte de la facilité à se procurer non pas une arme mais plusieurs, sans port d’arme, sans test psychologique. C’est ici que réside toute la critique du film. 

Au cours du long métrage, le personnage se construit comme un personnage instable, imprévisible, capable de violence, incapable de vivre en société. Un jeune homme qui n’a ni repère, ni vraie conscience. Mué par ce désir de violence et cet écart de la société, c’est ici qu’il passe à l’acte. 

Un film digne d’être vu, que vous pourrez retrouver en salle dès le 16 juillet 2021. Et je n’ai qu’une chose à dire : foncez !