The Square – Une Palme d’or confuse

Il y a Christian, conservateur d’un musée d’art contemporain à Stockholm, et puis il y a les autres. Ces personnages secondaires qui vont et viennent en alimentant subtilement la descente aux enfers de cet homme à l’apparence bien trop respectable.

Un film de 2h20 qui en laissera perplexe plus d’un. Une heure et demie de séquences digne d’un chef d’oeuvre cinématographique suivi d’une sortie de route impardonnable du réalisateur qui nous perd à tout jamais au plus profond de l’ennui.

Habitués à pleurer devant les films palmés à Cannes, The Square, bourré d’humour noir nous fait rire aux éclats. Et quel plaisir de rire enfin ! Toute la première partie fait la critique poignante de l’art moderne, pour le plus grand bien de tous. Malheureusement, le personnage de Christian entraîne dans sa chute le ton satirique du film et laisse place à une heure de séquences de contemplation, lentes, dénudées d’intrigue et d’intérêt. A se demander si le réalisateur ne finit pas par faire sombrer son propre film dans ce qu’il dénonçait avec férocité jusque là.

Pourtant, The Square n’est pas seulement un film, et s’apparente à une sorte de tableau. Chaque plan finement travaillé est d’une esthétique irréprochable, subtile et surréaliste à laquelle il est difficile de rester indifférent. Et c’est certainement la meilleure raison pour laquelle ce film vaut le coup d’être vu sur grand écran.

Une Palme d’or peut être mérité, mais qui n’a pas fini de diviser. Et lorsque Ruben Östlund est venu chercher son prestigieux trophée, il a dit avoir voulu faire durer encore plus longtemps le film. Heureusement, nous avons échappé au pire.

 

Clémentine Imperial-Legrand