« Mektoub my bad ! » : critique du film d’Abdellatif Kéchiche

« Mektoub my bad ! » : critique du film d’Abdellatif Kéchiche

« Mektoub my bad ! » : c’est sans doute ce qu’a dû dire Abdellatif Kéchiche à l’issue de la projection officielle de son film Mektoub My Love : intermezzo, jeudi 23 mai à 22h au grand théâtre lumière de la croisette. Il a d’ailleurs pris la fuite après quelques mots d’excuse au public à la fin de cette projection officielle « le film est sans doute un peu long » ! 
Sans aucun doute oui ! 
Explications …

Mektoub My Love : intermezzo est un film qui nous présente une dizaine de jeunes entre 18 et 27 ans lors d’une soirée en boite de nuit. Il est le 2ème volet d’une trilogie, le premier étant Mektoub My Love : canto uno.

Environ 3h30 de film avec seulement 3 lieux différents (4 si vous comptez les toilettes de la boite de nuit comme un lieu à part). C’est justement dans ce club que 90% de l’intrigue se déroulera.

Globalement, des filles en short/brassière qui twerk dans la dite boite de nuit et… quelques intrigues de séduction classique dans une bande de jeunes sont propices à la situation exposée ! 

Scène 1, de 20 minutes, la bande d’amis est sur la plage, les 2 garçons de cette bande (vus dans Mektoub My Love : canto uno) vont à la rencontre de Marie et l’invitent à se joindre à eux dans un plan drague un peu douteux : qui y croirait ? Les deux gars (un peu dalleux) qui promettent monts et merveilles à la jeune et belle parisienne de 18 ans venue passer ses vacances à Sète …

Après quelques échanges sur ce que chacun fait dans sa vie respective, une tartine de compliments sur leur ami Amin et quelques apartés sur les intrigues et aventures des personnages, on passe, sans transition bien sûr, à la scène 2 : leur soirée dans la boite de nuit.

Et pendant ces scènes de danses interminables, s’intercalent des petits dialogues sur la vie des personnages, qui tentent péniblement de faire avancer l’histoire, des gros plans sur les fesses des actrices. Elles vibrent au son de la musique électro incessante (et de ABBA aussi) avec une caméra en gros plan pour qu’on ne loupe rien de la scène.

Cela ne poserait pas de vrai problème si ces scènes ne composaient pas 70% du film. Alors certes, le corps de la femme est l’une des plus belles choses de la planète, on a d’ailleurs tout un panel d’œuvres d’art et d’artistes qui le prouve. La question ici est : peut-on parler d’art pour le film Mektoub My Love : intermezzo ? Avec une approche conceptualisée, oui : il s’agirait d’avoir toutes les clefs pour apprécier ce film. Mais même avec celles-ci , les longueurs demeurent, la construction de l’intrigue est pénible : comme un mur d’escalade, il faut s’accrocher de prise en prise pour arriver en haut. Mais dans quel but ? Scène 3…

Au petit matin, l’inaccessible et charmant Amin se réveille au lit avec Charlotte, que beaucoup de spectateurs ne doivent pas connaitre car elle arrive tard dans le film et que la plupart avait déjà quitté la projection. Sauf pour ces deux-là, on n’en sait pas plus sur la fin de la nuit de chacun des personnages.

On peut soulever cependant une belle performance des acteurs, notamment l’actrice Ophélie Bau est d’un réalisme fou : on a l’impression de vivre l’une de nos soirées en boite : le problème c’est que l’on n’apprend rien !

Une phrase pour conclure : « les plaisanteries les plus courtes sont toujours les meilleures » A bon entendeur ! (même à ceux qui partent en sprinteur)