Nina Wu : femme instrument
Présentée dans la compétition un Certain Regard, Nina Wu est une de ces bonnes surprises que l’on attend spécialement du Festival de Cannes. Une critique politique sur la concupiscence des réalisateurs et producteurs de cinéma pour leurs actrices, dans lequel le réalisateur Midi Z décide de lever le voile sur un sujet sensible et ô combien actuel. Un film noir, souvent rouge, menant au syndrome de Stendhal pour certain.e.s, infligeant une bonne tape derrière la tête à d’autres.
Nina Wu est une modeste jeune femme de la campagne taïwanaise dont l’ambition absolue est de devenir actrice. Cantonnée à des rôles de figurante et des spots publicitaires, elle est aussi contrainte d’officier comme playmate en ligne. Dans ces appels vidéos groupés, elle se métamorphose pour correspondre aux fantasmes de ses clients, premier stigmate de la femme instrument. Un coup de téléphone de Mark, son agent, sonne le glas des petits boulots. Nina est retenue pour une audition, un long-métrage avec un rôle important à la clé. Se déploie alors un récit d’exploration, à l’image de la première scène et de son travellingavant tumultueux, où un train navigue dans de sinueux couloirs de métro. Cette séquence symbolise le voyage pénible et mouvementé, semé d’abus, que doit entreprendre une femme si elle se destine à l’industrie du cinéma. Elle image peut-être même la vie de ces jeunes femmes de campagne dont les ambitions débordantes constituent un atout de pouvoir notable pour leurs exploitants. Mais cela incarne surtout l’intériorité d’une Nina Wu menée à la baguette, ne voyant pas le bout du tunnel.