Cannes année zéro

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À l’heure où le tapis rouge commence à exhaler son parfum de neuf en bas des marches, et où l’excitation monte à l’approche des premiers flashes, tous les commentateurs s’accordent à dire qu’un vent de nouveauté souffle cette année sur le festival. On l’attendait en 2017 à l’occasion du 70e anniversaire… mais il fallait commémorer, fêter, autrement dit garder l’œil dans le rétroviseur. 2018 : changement de programme. Le rétroviseur regardera vers l’avant ! Oui, je sais, c’est un paradoxe…

La première surprise est venue lors de la conférence de presse présentant la sélection le 14 avril. Depuis 2002, première sélection de Thierry Frémaux, on reprochait au programmateur de faire ronronner les grands noms, et de distribuer les bons points comme des abonnements à vie. Résultat, il fallait chercher dans les sections parallèles, ACID, Quinzaine et Semaine, les pépites du cinéma de demain. Malgré de belles réussites (La vie d’Adèle de Kechiche ou Winter Sleep de Ceylan), la sélection officielle finissait par sentir le formol avec des films parfois académiques, souvent empesés.

Un simple coup d’œil sur la liste des films 2018 suffit à mesurer le changement de cap. Beaucoup de premiers films, pas mal d’inconnus, et un parfum de fresh air mâtiné de trublions politiques. Du résistant iranien Jafar Panahi à la potion anti-Poutine de Kirill Serebrennikov en passant par le dissident chinois Jia Zhang-Ke, le moins que l’on puisse dire est que les films de 2018 affichent l’engagement en bandoulière, avec une Cate Blanchett en présidente du jury estampillée Me-too. 1968-2018 : la sélection de Godard 40 après son coup d’éclat cannois de 68 fait aussi figure de clin d’œil. La révolution en marche. Paris 8-Cannes, même combat !

Mais le renouvellement ne s’arrête pas à l’écran. C’est tout le festival qui paraît se réinventer. Les accrédités reçoivent ces jours-ci quelques bonnes nouvelles : masterclasses plus ouvertes et plus nombreuses, nouvel accès aux marches, et surtout nouvelle organisation des projections à partir d’un judicieux système de multidiffusion dans les salles Lumière et Debussy, qui devrait permettre de diminuer les files d’attente et de faciliter d’accès aux projections. Bref, breaking news : cette année à Cannes, on va peut-être pouvoir voir des films !

Jocelyn Maixent