Critique de The Beguilded : Prix de la mise en scène

« Haha », « Oh! », « Ahh ». Ce ne sont pas les réactions qui manquent dans la salle du Soixantième pour la projection du dernier film de Sofia Coppola.

La réalisatrice est venue présenter le jeudi 25 mai son dernier et septième long métrage à Cannes. Et c’était sans doute l’un des plus attendus de la compétition. Peut-être trop attendu car il n’a pas eu le succès escompté auprès des critiques.

 

La réalisatrice new-yorkaise a proposé une adaptation du roman « The beguilded » ou « Les Proies » en français, de Thomas Cullinan.

L’histoire : Alors que l’Amérique est en pleine guerre de sécession, une jeune fille découvre un soldat blessé dans la forêt et décide de le ramener dans son pensionnat afin qu’elle et les autres pensionnaires puissent le remettre sur pied.

La demeure étant situé dans le sud profond des Etats-Unis, elle prennent le risque de l’héberger alors qu’il fait parti du camp adverse.

L’arrivée de cet homme est un changement radical dans la routine isolée de ces 7 jeunes femmes puritaines. Une présence qui va éveiller les sens des pensionnaires et créer du tumulte dans un atmosphère trop calme.

Tout l’intrigue se déroule dans ou autour de la demeure et dans une durée assez courte. Il faut donc selon moi apprécier ce film à la manière d’un huis clos : par les dialogues, les interactions entre les personnages et l’ambiance angoissante créée par l’enferment.

 

Un casting à la Virgin Suicides

Un long-métrage très esthétique où l’on voit que chaque détail est travaillé. Des dialogues ironiques aux plans très esthétiques. Projeté dans un format pas très large, qui est non sans rappeler le fameux carré de Dolan. Un détail qui donne une toute autre dimension au film et qui permet de faire ressortir les caractères de chacun des personnages. Et tous les personnages sont intéressants.

Pour incarner la petite bande de blondinettes très sage à l’extérieur mais assez vicieuses à l’intérieur, Sofia a fait encore une fois appel à  sa protégée Kristen Dunst mais aussi Nicole Kidman et Elle Faning.  Clin d’œil à son ancien film ou marque de fabrique de la réalisatrice : Coppola recrée un casting qui ne peut être qu’un copier coller de la fratrie de Virgin Suicides. Colin Farell quant à lui joue le rôle du soldat blessé qui suscite les désirs et il le fait plutôt bien.

 

Deuxième adaptation du roman éponyme

Une première adaptation avait déjà été réalité par Don Siegel en 1971 avec Clint Eastwood dans le seul rôle masculin. Une version qui donnait davantage le point de vue et les pensées de ce personnage.

Dans la sienne Coppola propose la vision de ces sept femmes à l’allure parfaites mais pleines de failles de ce thriller qui ne manque pas pour autant d’humour. Justement dosé, il faut apprécier la dimension esthétique et le choix de la mise en scène plus que l’intrigue qui ne sert que de point de départ pour la réalisatrice. Une mise en scène qui a d’ailleurs été saluée par le jury qui lui a accordé le Prix de la mise en scène.

 

Camille Marechal