Le festival du film, mais pas celui de la parité

Le festival du film, mais pas celui de la parité.

 

 

QUATRE. Mati Diop, Jessica Hausner, Celine Sciamma et Justine Triet.
C’est le nombre de réalisatrices qui sont en compétition pour la palme d’or de cette 72eme édition du festival de Cannes. Et le pire, c’est que c’est un record pour la sélection Cannoise. Retour sur la montée des marches du collectif « 50/50 » pour la parité dans le cinéma, le mouvement Noire n’est pas mon métier du collectif DiasporAct et focus sur le long-métrage documentaire Pygmalionnes de Quentin Delcourt.

 

Né en mars 2018 et constitué de plus de 300 personnalités, le collectif 50/50 s’est fixé pour objectif d’atteindre la parité totale d’ici 2020 dans le cinéma. Un objectif utopique pour certains. En effet, entre la première et la 71e édition du Festival de Cannes c’est près de 1800 films qui ont étés en lice pour la palme d’or. Seuls 82 ont été réalisés par des femmes mais le fameux Graal quant à lui n’a été décerné qu’à une seule d’entre elles : Jane Campion en 1993.

En France, même si le cinéma est un milieu qui s’affranchit peu à peu du genre, rares sont nos références aux visages féminins. Il est difficile pour une femme d’y faire sa place et de s’imposer artistiquement parlant. En plus du fait que les réalisatrices peinent à trouver des financement et soient sous-représentées, elles sont aussi trop souvent cantonnées dans l’ombre de leurs homologues. Force est d’admettre qu’énormément d’initiatives qui tendent à une parité totale et absolue ont vues le jour ces dernières années, mais malgré ça on ne peut que dresser un constat amer quand à la place de la femme et à sa représentation dans le cinema.

Que ce soit de l’autre côté de l’écran ou derrière la caméra, on en vient même à se questionner sur la profondeur et la qualité des rôles proposés. Des rôles stéréotypes, récurrents, et souvent basés sur des archétypes sexistes et misogynes.

Lors du Festival de Cannes 2018, 82 femmes ont appelé à la parité et à l’égalité salariale et ont protesté contre le manque de films réalisés par des femmes. Ce que demandait à l’époque le collectif 50/50 est toujours d’actualité cette année : Organiser la parité, appliquer les lois sur l’égalité, et notamment salariale. Oui, parce qu’en France une réalisatrice a un salaire 42% inférieur à celui d’un réalisateur.

Un an après la montée des marches du collectif 50/50, Cannes est devenu le premier festival à adopter une charte en faveur de la parité. De plus, un bonus financier de 15% est accordé par le Centre National du Cinéma aux équipes qui embauchent un nombre égal d’hommes et de femmes.

A l’ère MeeToo, Times’Up, et 50/50, tous les mouvements visant à libérer la paroles des femmes sont les bienvenus, dans l’espoir d’éduquer et d’éveiller les conscience et d’un jour peut-être bousculer ce système qui prend racine sur une société patriarcale profondément sexiste et misogyne. 

Dans le long-métrage documentaire Pygmalionnes, Quentin Delcourt donne la parole à onze femmes inspirantes du cinéma français qui parlent des réalités du métier. Intéressant, émouvant et éducatif, ce documentaire n’est pas sans rappeler l’essai collectif ‘Noire n’est pas mon métier’. 16 actrices française avaient monté, poing levé, les marches du Festival de Cannes 2018 avant d’entonner une danse. Dans cet ouvrage elles y dénoncent le racisme et le sexisme dans le cinéma français. Au travers de témoignages, elles mettent en lumière la sous-représentation des femmes noires dans le milieu. Des récits indispensables qui mettent aussi l’accent sur le types de rôles clichés, stéréotypés, auxquels on les cantonne généralement.

On ne peut pas nier le fait que les mentalités évoluent. On tend véritablement à briser les codes des mœurs qui nous conditionnaient jusqu’ici, et en donnant plus d’opportunités aux femmes, en nuançant l’image que l’on véhicule d’elles à l’écran, on dépasse le cadre du 7eme art, c’est une manière d’éduquer par la même occasion les générations à venir. Les femmes représentent 50% de la population mondiale. Il est nécessaire de les représenter, de les respecter et de les considérer en tant que tel.

OUNES SAFYA