Yorgos Lanthimos, un cinéma dérangeant et décalé

Le film ‘The Lobster’’de Yorgos Lanthimos figure parmi les films en compétition dans la sélection officielle 2015. Si son nouveau film fait déjà beaucoup parler, notamment pour son casting (Colin Farell, Léa Seydoux, Rachel Weisz) et son scénario étrange, le cinéma du réalisateur grec reste encore assez confidentiel. Retour sur ses précédents films, décalés et dérangeants.

Dérangeant, c’est le mot qui conviendrait le mieux pour définir son premier succès, Canine, sorti en 2009 et victorieux du prix de la sélection Un certain regard à Cannes.

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Dans ce huis-clos malsain, Yorgos Lanthimos nous plonge dans l’intimité d’une famille coupée du monde extérieur où les normes et les codes du langage de notre société se trouvent totalement bouleversés. Dans cette famille les enfants grandissent en apprenant que le mot « téléphone » signifie « sel » ou bien que les avions dans le ciel sont des jouets prêts à tomber à tout moment. Plus perturbant encore, ils ne sont pas conscients de leurs liens de parenté.

Devenus de jeunes adultes, ils demeurent les cobayes d’un père manipulateur et sadique, qui les persuade que le monde extérieur est dangereux pour eux tant qu’ils n’ont pas perdu leur canine.

A travers ce film, le réalisateur nous rappelle combien l’homme peut être facilement malléable, manipulable dès son plus jeune âge et que le langage et l’éducation jouent un rôle clé pour façonner un individu.

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Dans son troisième film Alps (2013), Yorgos Lanthimos nous invite à suivre une troupe de quatre mauvais acteurs appartenant à une société secrète. Leurs rôles ? Prendre la place de personnes décédées afin de permettre aux familles de faire leur deuil, tout en monnayant leurs prestations.

Pour cela ces acteurs amateurs se glissent dans la peau des défunts, enfilent leur vêtements, adoptent leurs attitudes et vont jusqu’à rejouer des scènes marquantes de leur vie. On assiste alors à des scènes à la fois absurdes, étranges et malsaines. Comme celle où l’on suit une trentenaire dans la peau d’une adolescente, prête à tout pour jouer son rôle, allant jusqu’à entretenir une relation avec le petit ami de cette jeune fille décédée.

Dans ce film sombre et cynique, Yorgos Lanthimos touche à l’intime et nous pousse à nous interroger sur la marchandisation de notre société, où finalement la mort et le deuil pourraient tout aussi bien avoir leur place parmi les marchandises sur le marché.

 

 

Caroline Perrichon