Un Couteau dans le Cœur : le film tant attendu du festival

Un Couteau dans le Cœur était l’un des films les plus attendus de cette soixante et onzième édition du Festival de Cannes. En liste pour la Palme d’Or, le nouveau film de Yann Gonzales fait désormais beaucoup parler de lui dans la presse. Les critiques sont mitigées, souvent très bonnes ou très mauvaises. Il s’agit seulement du deuxième long métrage du réalisateur après Les Rencontres d’après Minuit, déjà salué par le Festival de Cannes en 2013. Son premier film avait, en effet, remporté le prix de la Caméra d’Or.

Yann Gonzales revient donc avec une nouvelle production qui immerge le lecteur dans le monde du porno gay. Le rôle principal fut attribué à Vanessa Paradis, éblouissante sur le tapis rouge dans sa robe argentée. Elle incarne une productrice de porno gay, alcoolique et audacieuse qui se retrouve confrontée à une rupture amoureuse avec Loïs, la responsable du montage de son équipe. S’ajoute à ses tourments sentimentaux et à la pression de sa nouvelle création, l’ouverture d’une enquête suite à la mort particulièrement sordide de plusieurs acteurs présents dans ses films.  Ce thriller psychologique vacille entre humour noir, scènes crues et osées, questionnant ainsi les systèmes de normes et les marges culturelles. On retrouve notamment dans Un Couteau dans le Cœur, une remise en question du caractère figé des identités sexuelles. L’esthétique du film et son ambiance psychédélique sont également remarquables.

L’intrigue est bien ficelée et pleine de suspens, les acteurs admirables. On notera, en particulier, la belle performance de l’acteur Nicolas Maury, incarnant l’acolyte de la productrice. Ce film est, en somme, une belle découverte. Les avis négatifs semblent, toutefois, avoir pris le dessus car Un Couteau dans le Cœur n’a reçu aucun prix lors de la grande cérémonie de clôture du festival, la Palme d’Or ayant été attribuée au film Affaire de famille du réalisateur japonais Hirozaku Kore-eda.

Sofia : un premier film qui sonne juste

Mercredi 16 Mai : Première présentation à Cannes du film Sofia, sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard. Toute l’équipe était présente pour nous faire découvrir ce drame franco-marocain, réalisé par la cinéaste Meryem Benm’Barek. Il s’agit du tout premier long métrage de la réalisatrice et son passage à Cannes ne passera pas inaperçu.

Inspiré d’une histoire vraie, le film Sofia immerge le spectateur au cœur d’une famille marocaine résidant dans la ville de Casablanca. Lors d’un repas de famille, Sofia, fille unique, souffre de violentes contractions au niveau de l’abdomen. Accompagnée de sa cousine, Sofia réalise que son accouchement est imminent. Enceinte et non mariée, la jeune femme va devoir se confronter à sa famille ainsi qu’à une société dans laquelle les rapports sexuels hors mariage sont lourdement punis par la loi. Sofia tente alors de retrouver le père de son enfant.

Différents thèmes sont abordés dans le long métrage de Meryem Benm’Barek : la situation des femmes dans le pays, les rapports de classes, les liens familiaux. Le sujet du déni de grossesse, très peu traité au cinéma, est également une thématique soulevée par la cinéaste. Dans le cas de Sofia il est très éclairant sur la pression que les femmes peuvent subir dans cette société. Le film est riche, beau, émouvant. Il donne la parole aux femmes, sans les victimiser. Ce dernier point était essentiel pour la cinéaste qui regrette souvent la représentation victimisée des femmes issues des pays arabes. Le réalisme du film est également soutenu par la très belle performance des acteurs. L’actrice, Maha Alemi, dans le rôle de Sofia, est bouleversante tant son jeu d’acteur est maîtrisé.

Sofia est seulement le deuxième film marocain présenté lors du Festival de Cannes après Much Loved de Nabil Ayouch en 2015. On attend donc avec beaucoup d’impatience les prochaines productions de la réalisatrice.

 

Martin Scorsese récompensé par le Carosse d’Or

Aujourd’hui âgé de soixante-quinze ans, Martin Scorsese continue de marquer l’histoire du cinéma. Le 9 mai dernier, la Société des réalisateurs de films décernait à cet habitué du Festival de Cannes le Prix du Carrosse d’Or, s’exprimant ainsi dans son communiqué de presse : « En 2018, pour son 50ème anniversaire et la 50ème édition de la Quinzaine des réalisateurs, la SRF est fière de saluer un cinéaste d’exception et une source d’inspiration intarissable : Martin Scorsese ». Retour sur un parcours hors du commun.

Le Prix du Carrosse d’Or a été décerné à Martin Scorsese durant la cérémonie d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs suite à la projection de son film Mean Streets, un film significatif dans la carrière du cinéaste, déjà révélé une première fois à la Quinzaine des réalisateurs en 1974. Ce prix, créé en 2002, prend le nom de « Carrosse d’or », en hommage au long-métrage éponyme du réalisateur Jean Renoir, sorti en 1953. Il récompense les réalisateurs pour leur audace, la qualité de leurs productions ainsi que les idées novatrices apportées au monde du cinéma. L’année précédente, le prix avait été décerné au réalisateur allemand Werner Herzog.

En ce qui concerne la Quinzaine des réalisateurs, il semble important de rappeler qu’il s’agit d’une sélection indépendante du Festival de Cannes, formée par la Société des réalisateurs de films (S.R.F.) à la suite des mouvements de Mai 1968 et à l’annulation du festival, cette même année. L’objectif était de faire découvrir des films internationaux aux thèmes éclectiques, dans un esprit de non compétition. Le célèbre critique de cinéma Edouard Waintrop en est, depuis juillet 2011, le délégué général.

Martin Scorsese est donc à l’honneur de cette 50ème édition, revenons sur son riche parcours au Festival de Cannes. Tout commence en 1974, avec le succès de son film Mean Streets révélé à la Quinzaine des réalisateurs. Deux années plus tard, en 1976, Taxi Driver obtient la Palme d’Or entraînant un engouement pour le film et son réalisateur. Les prix s’enchainent. La mafia italienne reste un sujet très récurrent dans les longs métrages du cinéaste. 1986 est une année importante puisqu’il remporte le prix de la mise en scène avec sa comédie After Hours. Il préside le jury du Festival de Cannes en 1998, l’année où la Palme d’Or est attribuée au film L’éternité et Un Jour de Theodoros Angelopoulos. Il est, par la suite, président du jury des courts métrages en 2002.

Actuellement en cours de réalisation, son prochain film, The Irishman devrait sortir sur la plateforme Netflix en 2019. Plus récemment, Martin Scorsese, aux côtés de Cate Blanchett, a annoncé l’ouverture officielle de la 71e édition du Festival de Cannes.