Rencontre avec Reza Serkanian, réalisateur et sélectionneur Cannois

Membre du comité de sélection Acid (Association de Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) du festival de Cannes, nous avons rencontré Reza Serkanian, qui nous livre son parcours et son point de vue sur le festival de Cannes 2012.

Il a 17 ans quand il réalise son premier court-métrage, et en a réalisé une quinzaine depuis. Il a intégré une école de cinéma en spécialité de chef opérateur d’images alors que son expérience dans le court-métrage était déjà étendue. Pour le projet cinématographique à rendre à la fin de ce cursus, il avoue avoir présenté un de ses court-métrages réalisé avant son entrée dans cette école… Pas peu fier de sa supercherie, Reza Serkanian aura impressionné le jury de cette école et plus tard celui de la sélection d’Acid  pour Cannes 2011, avec son premier long-métrage présenté en film d’ouverture d’Acid. Côté distribution, l’association a permis à son film d’être montré d’abord à une vingtaine de salles, pour en atteindre 110 quelques mois plus tard. Pourtant cette jolie ascension n’était pas gagnée : Entre l’idée de ce film et sa réalisation, Reza Serkanian s’est heurté entre autres aux difficultés de financement. S’il médite sur son projet  à partir de 2006, le tournage ne commence que fin 2009 grâce à un budget octroyé par le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée). Aujourd’hui, le réalisateur a fait du chemin et est heureux de faire partie cette année du comité de sélection d’Acid, qui fête en 2012 ses 20 ans, soutient des films d’auteur originaux et la plupart du temps à petit budget. Il soutient cette année un film israélien, « Charquya », présenté en film d’ouverture de la sélection Acid. Il plaisante en disant qu’il est devenu un « one man show », grâce à l’aide d’Acid : pendant 4 mois, il a participé à une centaine de débats publics sur « Noces éphémères » à travers la France.

Nous n’avons pas pu nous empêcher de lui demander qu’il nous fasse part de son sentiment sur les films de la sélection Cannoise. Le jour de notre rencontre, Reza Serkanian avait vu « Mud » de Jeff Nichols et « Do-nui mat » (The taste of money) d’Im Sang-Soo.  Déception pour les deux, qui ne méritent pas d’apparaître en sélection officielle selon lui : « Mud est un bon film mais vraiment pas passionnant, sans surprise et trop conventionnel pour mériter la sélection officielle de Cannes ». La désillusion est aussi forte pour «Do-nui mat », et pour la sélection de cette année plus généralement : sur les dix films qu’il a vu jusqu’ici, il constate que cinq ou six  jouent de la violence car ils ne parviennent pas à surmonter la plus grande difficulté d’un film méritant la sélection cannoise : «parvenir à faire quelque chose qui se tient pendant deux heures sans tomber dans la facilité, c’est-à-dire sans recourir au sexe et à la violence qui réveillent le spectateur, même inconsciemment ». C’est quand un film parvient à captiver Reza Serkanian dés le début mais qu’il « décroche » en cours de route qu’il dit se sentir trahi, comme si le réalisateur avait sali la confiance que le spectateur lui accorde…

Reza Serakanian va profiter de ses dernier instants à Cannes avant de retourner à Paris et de parcourir les campagnes françaises cet été pour réaliser un nouveau long-métrage qui portera sur le monde rural. On lui souhaite une belle réussite !