Courts métrages : nos coups de coeur

Comme nous l’avons déjà évoqué, le jury du festival a décidé de récompenser l’œuvre de L.Rezan Yesilbas pour son court-métrage Sessiz-be deng. Déception ? Oui, notre palmarès était tout autre !

Parmi les courts-métrages qui, selon nous, méritaient d’être récompensés :

 

YardBird de Michael Spiccia

Jusqu’ici réalisateur pour la publicité (notamment pour Publicis), Michael Spiccia se lance dans le cinéma et frappe un grand coup. Le rythme s’impose dès les premières images et l’immersion est instantanée. Au cœur du scénario, une jeune fille dont le prénom nous est tut, tout autant que sa voix, puisque aucun mot ne sortira de sa bouche au cours de ces 13 minutes. Son mutisme très parcimonieux renforce les traits tourmentés de ce personnage qui semble oppressé. Oppressée par la vie, oppressée par le personnage qui semble être son père, mais aussi oppressée par autre chose, quelque chose de supérieur et que nous percevons mal. Ce sixième sens, que semble posséder la fillette lui « offre » accès à la détresse des autres et l’empêche d’y rester indifférente. Mais comment pourrait-elle survivre à ce terrible et inhumain fardeau sans un appui, une force elle aussi surhumaine ? Un conseil, si son nez commence à saigner de façon impromptue, courez. Et vite.
Avec son rythme entraînant, ce court métrage nous tient en haleine du début à la fin et livre un spectacle charmant, notamment grâce à ses effets spéciaux particulièrement réussis. Bref, une reconversion réussie.

 

The Chair de Grainger David

Ce court-métrage, certains le détesteront à cause de la voix du jeune acteur Khari Lucas, qu’ils jugeront monotone tout au long du film, ou à cause d’une thématique reprise des grosses productions à l’américaine : une épidémie s’empare de la population et fait des ravages. Nous, on a adoré. The chair est original, poétique, et très esthétique. L’histoire progresse autour de la mort de la mère du jeune garçon, emporté par une moisissure empoisonnée, une épidémie dont on ne connaitra pas l’origine mais les conséquences sur la vie des gens. Et surtout, la souffrance silencieuse du garçon qui s’interroge sur la nature et sa suprématie sur l’homme, sur tout ce monde qui grouille sous terre et qui s’infiltre dans les corps humains. Les plans sont magnifiques, la voix platonique, à l’image d’un chaos inexplicable. La dernière scène : le fauteuil moisi brûle au bord de l’eau, devant le garçon et sa grand-mère qui espèrent que le geste symbolique anéantira l’épidémie. Enfin une production qui invite à l’humilité en imaginant l’épidémie à travers des yeux innocents, impuissants et non pas au travers de ceux qui parviendront à la combattre.

 

Chef de meute de Chloé Robichaud

Dans un tout autre style, le court métrage Chef de meute réalisé par Chloé Robichaud a su tirer son épingle du jeu. Préférant une trame humoristique à une thématique dramatique, ce film est une bouffée d’air frais, après une sélection traitant de sujets particulièrement durs. Trentenaire célibataire, Clara subit quotidiennement les moqueries de sa famille sur son statut de vieille fille. A la mort de sa tante, cette dernière se voit hériter du chien de la défunte. Le problème ? Clara, habituée à ne s’occuper que d’elle-même a du mal à supporter ce nouvel habitant qui vient chambouler sa vie. Dans ce film, qui joue sur l’opposition de ces personnages, la réalisatrice nous fait agréablement rire ! Les répliques fusent et les contextes familiaux nous rappellent des scènes quotidiennes de manière exagérée et décalée. Le tout est justement interprété, et l’accent québécois des acteurs, totalement irrésistible, participe au charme de ce joli court-métrage.

 

Josué, Aurélie  & Audrey