Paradise Liebe – Ulrich Seidl

Ce n’est pas tant l’exotisme des décors que Teresa et ses amies viennent chercher lors de leurs vacances au Kenya que celui des hommes. Ulrich Seidl dénonce dans Paradise Liebe le commerce sexuel et les clichés ravageurs dont font preuve les occidentales entre deux âges qui viennent ici dans le seul but de s’offrir un peu de plaisir. Mais ça ne prends pas, la visée n’est pas affirmée et la litanie de stéréotypes racistes finit par lasser, de même que ces images continuelles de nudités, jeunes corps noirs bien faits contre chair blanches flasques. On se demande quel est l’intérêt de cette exhibition et quelle part réelle elle apporte au film. Le scénario est léger, la construction hasardeuse. C’est dommage car l’idée de montrer la réalité nue, la misère sociale, la solitude, l’angoisse des corps vieillissants, qu’on ne regarde plus, d’entendre la voix triste de ces femmes qui ne s’appartiennent plus et qui cherchent – au delà des caresses sur leurs rondeurs – un regard sur elles, qui les ferait exister – cette idée là est forte mais mal exploitée. On retient néanmoins quelques scènes : la délimitation sur la plage entre les clientes occidentales et la ligne immobile des vendeurs noirs qui attendent qu’elles franchissent la petite barrière pour les aborder, image évidente du fossé qui sépare ces deux univers si éloignés ; le rire éclatant de Inge Maux alias Teresa qui l’embellit soudain et laisse percer, un instant, la femme tendre derrière ses airs cynique de néocolonialiste assumée ; la mer, l’horizon, qui s’étendent et qu’on ne peut toucher, à l’image du sentiment que Térésa cherche à tout prix dans le lit des hommes noirs ; sentiment qu’elle ne trouve finalement jamais.