ROUGE AMER

Retour personnel sur Le goût du tapis rouge, sorti en salle le 17/05/2017

Par Elise Yaravel, le 21/05/2017 à Paris

Le goût du tapis rouge est un documentaire d’Olivier Servais d’1h13 sorti en salle le 17 mai 2017, soit dans la foulée de cette 70ème édition du Festival de Cannes. Au travers d’images d’éditions passées, le réalisateur prend le parti de mettre à l’écran ceux qui n’apparaissent, pour ainsi dire, presque jamais dans les medias, des professionnels du cinéma, aux travailleurs, mannequins, cinéphiles, groupies, artistes de rue, badauds, vendeurs à la sauvette ou sans-abris.

Autant vous dire qu’à quelques jours du départ de l’équipe Clap 8 pour Cannes, ma curiosité et moi n’avons pu nous empêcher d’aller voir ce qui se trame dans les rangs des oubliés de la Croisette dont je ferai partie dès ce mercredi 24 mai.

Finalement, le documentaire ne nous apprend que peu de choses si ce n’est ce que l’on imagine déjà car, sans naïveté, chacun est à-même de se figurer les vies de celles et ceux qui, à défaut de fouler le rouge de ladite carpette, se contentent de près pour certains, de très loin pour d’autres, de l’effleurer. La qualité du documentaire est qu’il donne à voir cette réalité parallèle et pour cela, le spectateur, lui, est bien mieux installé que la foule sur marchepied greffée aux barrières du périmètre de sécurité.

Seulement voilà, d’images d’archive en caméra embarquée et de go pro en smartphone, on est parfois pris de nausée. Je ne peux m’estimer séduite par les animations, ralentis, transitions et autres musiques psyché… L’idée est là et pertinente de surcroît. Malheureusement, la technique est maladroite et porte des sabots un peu trop gros. Je me renseigne alors et découvre qu’Olivier Servais est avant tout un enseignant-chercheur en Sciences Humaines et Sociales qui, par passion du cinéma et des festivals, a enfilé une casquette de réalisateur et ses lunettes d’anthropologue pour observer la structure sociale de la faune cannoise des mois de mai.

Les procédés laissent à désirer mais le propos sauve amplement la mise. On rit (jaune parfois), on tourne la tête de gauche à droite en pensant très fort  » c’est pas possible,  » on est décontenancé souvent et ébahi aussi par cette drôle de magie. C’est bizarre comme sentiment. Malgré la noirceur de cette réalité, on a envie de croire que chacun, quelle que soit sa place sur la croisette, rentrera chez lui avec au moins un petit souvenir à chérir.

Quant à moi, je me dis qu’avec sa passoire à show-business, Olivier Servais apaise en amont la claque quelque peu douloureuse que je risque de prendre en arrivant sur place alors oui, c’est rouge amer mais nécessaire !

 

Ecrit par Elise Yaravel

Qui était Kim Ji-Seok, réalisateur tristement décédé à Cannes ?

Victime d’une crise cardiaque le 18 mai à l’âge de 57 ans, le directeur adjoint du Festival International du Film de Busan (BIFF) était en voyage d’affaires sur la Croisette. Nous vous proposons pour lui rendre hommage de revenir sur son parcours.

 

Kim Ji-Seok est né le 21 avril à Busan, en Corée du Sud. Il est titulaire d’un master en théâtre et en cinéma. Membre du Korean Film Council et fondateur du Festival international du film de Busan, dédié au cinéma coréen, Kim Ji-Seok en est l’un des premiers défenseurs. Depuis 1996, une fois par an, l’évènement se donne comme objectif de faire la promotion de nouveaux talents. Ce festival est aujourd’hui considéré comme le plus gros d’Asie, et comme l’un des marchés les plus importants au monde. Sa dimension internationale n’est pas qu’un mot : à la dernière édition, pas moins de 79 nationalités étaient représentées.

Il a d’ailleurs révélé au monde le réalisateur Bong Joon-Ho dont le film Okja est dans la sélection officielle du Festival de Cannes.

Engagé, il avait fait en tant que programmateur des choix audacieux, dont celui de diffuser en 2014 un documentaire sur le naufrage du ferry Sewol qui avait fait 304 morts, dont de nombreux lycéens, et ce malgré les pressions de la présidente Park Jung-Hye.

Pour anecdote, la vie de Kim Ji-Seok était complètement liée à Busan : il y est né, y a grandi, y a fondé son festival, s’est marié cette même année. Son fils lui a confié vouloir, lui aussi, travailler pour le BIFF plus tard. Dans une interview accordée à Variety en 2015, il affirmait « Vous pouvez voir les bouleversements de l’histoire du BIFF en regardant ma vie ».

En décédant à Cannes, Kim Ji-Seok y a laissé une trace : pas seulement l’autel orné de fleurs blanches installé par le Conseil du Film Coréen, mais celle d’un amoureux du cinéma, au-delà des frontières.

 

Ecrit par Majoe Loial

Résultats concours de synopsis

LA PALME D’OR (1er prix) :

La Palme d’Or revient à Kenza Vannoni, qui par son histoire farfelue, son style hâché, a attisé notre curiosité et nous a donné envie d’en savoir plus sur l’énigmatique Jean-Sol !

« Toussaint. Halloween. Jean-Sol, 65 ans, s’écroule sur une plage et s’endort. Des enfants déguisés viennent jouer autour de lui et se racontent leurs rêves. Lorsqu’il se réveille, il est recouvert de coquillages. Assis plus tard à un arrêt de bus, il est emmené de force par un groupe de jeunes types. Mutique, aucun d’eux n’obtient un mot ou un geste de lui. Ne sachant pas où le déposer ils se retrouvent contraints de l’emmener avec eux. Au cours d’un jeu de rôle lancé par l’un d’eux, Jean-Sol raconte son histoire. Les poids lourds, la station essence, cette fille folle-dingue, qui devint sa femme, cette tempête dans laquelle elle l’embarqua, ses énigmes, sa disparition. »

LE GRAND PRIX DU JURY (2ème prix) :

Le Grand prix du jury est décerné à … (ouverture de l’enveloppe) Syrine Azizi pour son synopsis L’enragée ! Cette histoire à trois voix nous a parlé !

« Syrielle, succombe à une leucémie, après de longs mois de combat, laissant derrière elle une famille accablée par le chagrin.

Stella, l’aînée des quatre enfants, tout juste majeure, à fait une grande promesse à sa mère sur son lit de mort, une promesse qui pourrait bouleverser l’équilibre de la famille, la diviser…

Marc Dauphinoix, avocat pénaliste au barreau de Paris, n’a jamais éprouvé une véritable jouissance à exercer son métier. Il voit un beau jour, la porte de son cabinet poussée avec détermination par une jeune fille, décidée à demander la garde de ses frères face à son père… »

LE PRIX DU JURY (3ème prix) :

Et le grand gagnant du Prix du jury est … (crépitement des flashs) le synopsis de Tonino Boyce pour la fantaisie de son scénario !

« En rentrant chez lui Vincent se retrouve nez à nez avec Joe, un cambrioleur, trop occupé à déposséder son hôte, celui-ci se fait maîtriser. Vincent est collectionneur, il a accumulé beaucoup de beaux objets dont il ne compte se séparer à aucun prix et encore moins sans contrepartie. Il lui propose alors un pacte étrange: il ne le dénonce pas, à condition que Joe se porte garant de l’inviolabilité de l’appartement en le protégeant des professionnels de son espèce. »

L’équipe Clap8

Création visuelle : Laura Poirier

Les fantômes de l’été 2017

Retour personnel sur Les fantômes d’Ismaël, film d’ouverture sorti en salle le 17/05/2017 

Par Elise Yaravel, le 19/05/2017 à Paris

Ce matin, vendredi 19 mai à Paris, c’est tout gris et ce ciel de parapluies me fait miroiter le rouge d’un certain tapis… Il faut dire que les festivités sont lancées depuis 2 jours et qu’il me tarde d’y mettre les pieds. En attendant, direction une salle d’un des Cinémas Indépendants Parisiens où je pars à la rencontre des Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin, film hors compétition, présenté en ouverture de cette 70e édition du Festival de Cannes.

En chemin vers ma croisette de substitution, je me dis ne pas avoir tellement d’a priori car je n’ai pas cherché à lire ou entendre de commentaires sur ce film. Je me dis aussi que je connais mal le réalisateur et qu’il est hors de question de faire croire le contraire au travers de cet article. Comme cela m’empêchera de comparer la réalisation en question à ses consœurs aînées, je vais devoir  contenter de ce que je vois, entends et ressens pour vous en dire quelques mots.

En entrant dans la salle, je connais donc le nom du réalisateur, celui des acteurs et j’ai cette ligne en guise de synopsis : À la veille du tournage de son nouveau film, la vie d’un cinéaste est chamboulée par la réapparition d’un amour disparu… La seule réflexion que je suis capable de mener à ce moment est que le film d’ouverture n’est pas une prise de risque au vu du casting (Mathieu Amalric, Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg, Louis Garrel, Hippolyte Girardot)… Enfin, je me dis que le challenge n’est pas bienvenu pour ouvrir un festival de toute façon. Quoi qu’il en soit, ces têtes d’affiche-là, au moins, ont le mérite de représenter le talent de la France pour le 7Art de manière plus évidente que les talons ayant couru la Présidentielle 2017 !

[…]

Je constate que le public sort de salle sourire aux lèvres mais encore me faut-il savoir pourquoi je sors moi aussi Mona Lisa de ces deux heures-là et la réponse vient assez rapidement : on prend un malin plaisir à se faire berner. On comprend que le scénario s’éclate, que les histoires se croisent, que les identités se démultiplient et, bien que conscients, on se laisse volontiers mener en bateau. On est presque acteur au demeurant que le film devient thriller car on tente de dénicher les indices et on redouble d’attention quant aux couleurs, cadrages, points de vue, comportements, ambiances sonores, vocabulaire, cadre spatio-temporel. Comme Ismaël, ça nous empêche de dormir et ça nous échappe autant que ses histoires l’habitent.

La virtuosité du scénario et des acteurs nous traîne de vies en villes, de réel en rêve et de cauchemars en survie. On tient là une narration suffisamment romanesque et hors de la société pour mettre au placard la lourdeur électorale des derniers mois. Ca y est Cannes, l’eau nous vient à la bouche. On te prend à bras le corps et on te serre très fort parce que cette année on t’aime peut-être plus fort que les autres années encore. Prends-nous la main, balade-nous des strass du palmarès à la sueur du Philippe Chatrier et jette-nous enfin dans l’ivresse de l’été jusqu’au retour des fantômes, comme toujours, ou de la réalité.

Découvrez qui se tiendra aux côtés de Pedro Almodovar pour la 70eme édition du Festival de Cannes.

Pour cette 70eme année consécutive, qui débutera le 17 mai prochain, les organisateurs du Festival du cinéma ont nommé un jury d’exception.

Après la révélation de la maitresse de cérémonie, qui n’est d’autre que la sublime Monica Bellucci, nous découvrons que le président du jury s’avère être l’incarnation du cinéma espagnol, le réalisateur, scénariste et producteur Pedro Almodovar. Accompagné d’un jury de 8 personnalités du cinéma, ils auront la lourde tâche de départager les participants afin de décerner la Palme d’or.

Un choix éclectique : 4 femmes et 4 hommes.

Ce jury est composé du légendaire acteur hollywoodien Will Smith, de l’Italien Paolo Sorrentino, de l’actrice Agnès Jaoui, de la réalisatrice Maren Ade, de l’actrice Jessica Chastin, du réalisateur sud-coréen Park Chan Wook, du compositeur Gabriel Yared ainsi que de l’actrice chinoise Fan Bingbing.

 

Will Smith, qu’on ne présente plus dans le milieu du cinéma, lauréat de deux Grammy Awards et nommé deux fois aux Oscars, a été sélectionné pour élire les œuvres du 7e art.

 

« Cannes m’a ouvert les portes du cinéma », c’est ce qu’affirmait la talentueuse actrice JessicaChastin. Connue pour ses rôles dans les films The Tree if Life, Zero Dark Thirty ou encore Interstellar, l’actrice américaine multiplie les affiches de films.

 

Récompensé par l’Oscar du meilleur film étranger en 2014 pour la Grande Belleza, et par le prix du jury pour II Divo, Paolo Sorrentino est un habitué du tapis rouge.

 

La productrice et réalisatrice Allemande, Maren Ade s’est faite remarquée l’année dernière, en 2016, pour son film Tony Erdmann. Elle est également à la tête de la société de production Komplizen film.

 

Compositeur français réputé pour sa liste de musique de film à n’en plus finir, Gabriel Yared a réalisé plus de 120 musiques. Il a œuvré aux côtés de Jean- Luc Godard pour Sauve qui peut la vie ainsi que de Michel Ocelot pour Azur et Asmar. Il a également remporté le prix de la meilleure musique de film.

 

Célèbre pour son rôle dans un X-Men : Days of Future Passeded et pour ses multiples apparitions dans des films chinois, l’actrice chinoise Fan Bingbing fera sa première entrée au Festival de Cannes lors de l’édition 2017.

 

Park Chan-wook : le réalisateur sud-coréen a foulé le Festival de Cannes à plusieurs occasions et a reçu le Grand Prix pour son film Old Boy. Il a également mis en compétition ses films, Thirst, Ceci est mon sang et Mademoiselle.

 

L’actrice, scénariste et réalisatrice française Agnès Jaoui est actuellement à l’affiche du film Aurore. Lauréate de plusieurs César, elle est une figure du cinéma féministe.

Ecrit par Kenza Hamnoune

Cannes 2017 : Des femmes à l’honneur certes, mais l’honneur sera-t-il donné aux femmes ?

« Des femmes ! Des femmes ! Des femmes ! ».

Mémorable discours de Houda Benyamina, réalisatrice de Divines, primée de la Caméra d’Or lors de l’édition 2016 du Festival de Cannes. Cette revendication, hurlée dans le micro, trophée brandi, aurait-elle été entendue ?

Depuis la création du Festival, il est impossible de passer à côté de la faible représentation féminine en Compétition Officielle : on dénombre 70 réalisatrices contre 1599 réalisateurs sélectionnés autrement dit 4,2%. Les plus entêtés expliqueront qu’il y a moins de réalisatrices que de réalisateurs, ce qui explique tout simplement cet infime pourcentage. Certes, mais les femmes représentent tout de même 25% de ce métier dans le monde !

Concernant les réalisatrices primées, les chiffres parlent également d’eux-mêmes : uniquement 12 femmes ont été récompensées depuis 1949… Parmi elles, une seule a reçu ce prix tant convoité qu’est la Palme d’Or : la réalisatrice Jane Campion en 1993 pour son film La leçon de piano… Mais une ombre vient ternir cette réussite : la réalisatrice a dû partager son prix, reçu ex aequo avec le réalisateur chinois Chen Kaige pour Adieu ma concubine.

C’est dit. Mais pas d’inquiétude, on ne va pas vous assommer de chiffres.

Objectivement, la Compétition Officielle reste un monopole pour les réalisateurs confirmés (de surcroît souvent blancs et âgés d’au moins une cinquantaine d’années, mais restons concentrés sur notre sujet…). Cependant, au fil des années, les réalisatrices parviennent à se faire une place notamment dans les compétitions parallèles. On peut citer La Semaine de la Critique, véritable “tête chercheuse” du festival qui donne la part belle aux jeunes réalisateurs et réalisatrices, mais aussi la Quinzaine des Réalisateurs qui se dote rapidement de la devise « les films naissent libres et égaux entre eux : il faut les aider à le rester[1] ». Enfin il faut rappeler que la liberté d’action de cette sélection participe à une meilleure représentation des femmes.

Pour cette 70ème édition, il faut souligner les 12 réalisatrices sélectionnées sur les 49 films retenus, toutes compétitions confondues, mais insistons tout de même sur le fait que seulement trois d’entres elles sont en compétition pour remporter la mythique Palme d’Or, sur les 18 longs métrages sélectionnés. Pierre Lescure (Président du Festival) et Thierry Frémaux (Délégué général) n’ont pas manqué, lors de la conférence de presse, de mettre l’accent sur cette progression : « C’était 9 l’an dernier, 6 il y a 2 ans ».

Mouais… il n’y a pas de quoi être très fier et si le nombre de femmes représentées n’augmente que de 3 personnalités par an, on a encore du boulot pour atteindre cette parité tant attendue … Mais restons optimistes ! En attendant le début du festival, voici un petit focus des trois réalisatrices qui présentent leur film en Compétition Officielle :

Sofia Coppola avec Les Proies

Après Virgin Suicide sorti en 2000, Sofia Coppola nous propose de replonger dans l’univers de l’adolescence sur fond d’une Amérique puritaine. L’intrigue se déroule, en 1984, au sein d’un pensionnat de jeunes filles, en pleine guerre de Sécession. L’affiche nous propose un trio séduisant: Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Colin Farrell pour le sixième long métrage de la réalisatrice. Sélectionnée en 1999 à la Quinzaine des Réalisateurs pour Virgin Suicides, c’est cette année la deuxième fois que la réalisatrice concourt en Compétition Officielle après la sélection de Marie-Antoinette en 2006.

 

Naomi Kawase avec Hikari

 Vers la lumière (en français) est un drame romantique qui met en scène la rencontre entre une audio descriptrice de film et un célèbre photographe dont la vue se détériore irrémédiablement. L’occasion de retrouver l’actrice Masatoshi Nagase, que la réalisatrice avait dirigée dans « Les délices de Tokyo ». Naomi Kawase est une des rares réalisatrices habituées de la Croisette : la cinéaste japonaise entame sa 5ème course pour décrocher la Palme d’Or ! Elle est également une des rares à avoir été primée plusieurs fois : elle a reçu la Caméra d’Or en 1997 pour Suzaku et le Grand Prix en 2007 pour son film La Forêt de Mogari.

 

Lynne Ramsay avec You Were Never Really Here

 Avec Joaquin Phoenix, la britannique nous propose un long métrage adapté d’un roman de Jonathan Ames. Un vétéran de guerre tente de sauver une jeune fille prise au piège d’un réseau de prostitution… Symbole d’un cinéma anglais ambitieux, Lynne Ramsay connaît bien la Croisette. Son premier film Ratcatcher était à Un Certain Regard en 1999, elle obtient les prix C.I.C.A.E et le Prix de la Jeunesse pour Morvern Callar lors de la Quinzaine des Réalisateurs en 2002 et cette année, elle est pour la deuxième fois en Compétition Officielle, après We Need to Talk about Kevin présenté en 2011.

Nous avons, comme vous pouvez vous en douter, hâte de découvrir ces films et nous ne manquerons pas de vous faire partager nos impressions, déceptions ou coups de cœur tout au long de cette quinzaine Cannoise !

 

Ecrit par Pauline Dutheil et Pauline Vallet

[1] Citation de Pierre Kast, cité par Pierre-Henri Deleau (préface de Jeanne Moreau), « Les Réalisateurs de la Quinzaine (20ème anniversaire) » 1989 : 14 dans « Le Festival de Cannes sur la scène internationale », Loredana Latil 2005 : 245

Concours de synopsis

Jeunes folâtres étudiants de Paris 8 !

Vous entretenez des rapports tendres, fougueux avec le cinéma ? Votre imagination musclée, infatigable vous a fait le dieu des narrations, des anecdotes et des épopées. Vous maniez votre plume mieux que personne pour nous dévoiler les profondeurs fertiles de votre cerveau échauffé ?

Le blog Clap 8 vous donne pour la première fois la possibilité de mettre à nu vos talents de scénaristes, d’être exposé sur un blog très visité chaque année

Qu’est-ce que Clap 8 ? Un blog tenu par des étudiants de Paris 8 qui partent en voyage d’étude au festival de Cannes du 24 au 29 mai.

La teneur du concours : 

Nous vous proposons un concours de synopsis substantiellement libertin. Le thème est ouvert, les rédactions à plusieurs acceptées. Le synopsis ne doit pas dépasser la mensuration des 700 caractères. Vous avez un mois, jusqu’au 16 mai, pour nous l’envoyer à l’adresse Clap8.2017@gmail.com.

Le déroulement du concours :

Les trois synopsis qui nous auront le plus séduits partiront à Cannes avec nous et seront présentés à des réalisateurs, journalistes, acteurs, visiteurs du festival afin de recueillir leurs avis, positifs comme négatifs. Ces rencontres seront bien évidemment filmées et publiées et les synopsis gagnants accessibles sur le blog Clap 8.

Notre ambition : 

Vous rendre vous aussi acteurs du festival.

En attendant de savourer vos créations, l’équipe de Clap 8 vous souhaite une soirée sans panne … d’inspiration. Les résultats du concours vous seront communiqués le 20 mai sur notre site.

Ecrit par Marie Tomaszewski accompagné du visuel de Laura Poirier

Cannes distribue ses rôles : des femmes au premier plan !

Cette année, un certain nombre de femmes seront présentes à Cannes pour de beaux rôles de décisionnaires, de représentation ou d’engagement, rapide présentation de celles qui ne vont pas passer inaperçues :

Commençons par un rôle emblématique du Festival : la maîtresse de cérémonie. Celle qui présentera les cérémonies d’ouverture et de fermeture, qui se tiendront respectivement les 17 et 28 mai prochains, n’est autre que l’actrice italienne Monica Belluci. Rappelons qu’elle a déjà occupé cette fonction en 2003 et qu’elle a été membre du jury en 2006 sous la présidence de Wong Kar-wai. Habituée du Festival, elle succède à Laurent Lafitte qui avait marqué les esprits l’an dernier, son accent italien viendra à coup sûr titiller nos petites oreilles avec classe et élégance.

 

Le jury de la Caméra d’or, qui récompense une première œuvre issue de la Sélection officielle, de la Quinzaine des Réalisateurs ou de la Semaine de la Critique, sera présidé par Sandrine Kiberlain. En 25 ans de carrière et une quarantaine de films (En avoir (ou pas), Mademoiselle Chambon, 9 mois ferme, Aimer boire et chanter, Floride, …), elle « s’est imposée avec simplicité, douceur et évidence dans le paysage cinématographique français », selon les organisateurs dans un communiqué. Succédant à Catherine Corsini, la présidente et ses jurés remettront le prix de la Caméra d’Or qui récompense le meilleur premier film toutes compétitions confondues lors de la soirée de Clôture du Festival de Cannes, le dimanche 28 mai.

 

Annoncé il y a peu, nous avons découvert que l’audacieuse Uma Thurman présidera le Jury Un Certain Regard de cette 70ème édition. Deuxième compétition de la Sélection officielle, la programmation Un Certain Regard propose « des œuvres singulières dans leur propos et leur esthétique. Le palmarès sera dévoilé le samedi 27 mai prochain » selon un communiqué des organisateurs. Membre du Jury présidé par Robert De Niro en 2011, l’actrice, productrice et animatrice américaine prolonge donc l’expérience Cannoise cette année dans une section qui sait toujours nous surprendre.

 

Nous pouvons aussi nous attarder sur la superbe Isabelle Huppert qui incarnera la 3ème édition du désormais incontournable « Women in Motion ». L’événement organisé par le groupe Kering (groupe mondial de luxe), met en lumière l’impact des femmes dans l’industrie du cinéma au travers de discussions et remises de Prix organisées tout au long du Festival. L’actrice française, récompensée du Prix d’Interprétation féminine en 1978 et 2001 et Présidente du Jury en 2009 avait participé à un talk de Women in Motion en 2015 aux côtés de la réalisatrice Sylvie Pialat.

 

Ces évènements sont toujours les bienvenues pour rendre aux réalisatrices et cinéastes la reconnaissance qu’elles méritent et permettre de mettre en lumière des débats nécessaires dans un milieu encore trop masculin.

 Nous ne manquerons pas de les suivre et de vous tenir informés !

Ecrit par Pauline Dutheil

 

 

 

Le festival de Cannes, 70 ans déjà !

     Événement incontournable dans le milieu du cinéma, le Festival de Cannes offre chaque année une sélection de films et courts-métrages venus du monde entier. Devenu une institution, le Festival met en valeur le septième art et promeut un cinéma ouvert. Cette diversité culturelle est la pierre fondatrice du Festival.

 

Des débuts chaotiques

Il faut remonter en 1939 pour voir apparaître l’idée du Festival International du Film dans un climat politique lourd. C’est à la suite de la Mostra de Venise (créée en 1932), où la pression dictatoriale allemande a influencé le palmarès italien, que l’idée émerge. Adolf Hitler est intervenu dans l’édition de 1938, avec l’accord de Mussolini, pour faire récompenser un film de propagande nazie. Il n’avait pas apprécié que, l’année passée, le film pacifiste de Jean Renoir soit récompensé et qu’aucun film allemand n’est obtenu de sésames. De nombreux représentants des démocraties environnantes, membres du jury, ont démissionné du premier concours international du cinéma de l’époque et sont repartis déçus de l’attitude italienne.

Pour une célébration du cinéma plus libre et démocratique, Philippe Erlanger, chef du service des Échanges artistiques au ministère des Affaires étrangères, pense à organiser un Festival français avec l’accord de Jean Zay, ministre de l’Education Nationale et Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur. Le caractère officiel et important du Festival prend plus de place sur la scène politique et culturelle française. Même si les organisateurs du Festival ont peu de temps jusqu’au 1er septembre 1939, date prévue pour la première édition, les préparatifs sont en bonne voie. La ville de Cannes est choisie comme lieu touristique et festif. Les Etats-Unis soutiennent le Festival, malgré le refus de nombreux pays d’y participer, soit par peur de représailles de la part de l’Allemagne ou de l’Italie, soit par manque de temps pour proposer des productions cinématographiques. Malheureusement, la guerre se prépare et le Festival se voit reporté puis annulé.

 

Le Festival réapparaît plus fort que jamais

La Seconde Guerre Mondiale a mis en suspend le Festival mais n’a pas freiné les espoirs liés à la manifestation. Les préparatifs de 1939 ont permis d’entrevoir les multiples possibilités que pouvait offrir le Festival. Il s’agira pour le futur, en plus de concurrencer la Mostra, de permettre au savoir-faire français de briller et de s’exporter. De nombreux studios sont créés et des productions sont faites sur la French Riviera. C’est à la fin du conflit que l’idée du Festival réapparaît. La période d’après-guerre va offrir une nouvelle ère pour le rayonnement du cinéma français. Le 20 septembre 1946 s’ouvre alors le premier Festival International du film, dans une atmosphère légère où de nombreuses stars du cinéma se réunissent. La première édition est un succès et le Festival ne cessera d’être the place to be où sont mêlés le côté paillettes, strass, champagne avec une vision avant-garde et ouverte sur le cinéma. De nombreux noms ont foulé les marches qui ont vu Brigitte Bardot devenir une starlette ou encore Grace Kelly rencontrer le prince Rainier de Monaco.

 

Les différentes catégories

Au fil des années, le palmarès de la sélection officielle s’est agrandi et des sélections parallèles ont vu le jour. Coup d’oeil :

  • Longs métrages en compétition : Palme d’Or, Grand Prix, Prix de la Mise en Scène, Prix du Jury, Prix du Scénario, Prix d’Interprétation Féminine, Prix d’Interprétation Masculine.
  • Courts métrages en compétition : Palme d’Or et Prix du Jury du court métrage
  • Longs métrages hors-compétition : Ce sont des longs-métrages présentés en avant-première qui ne concourent pas à la Palme d’Or. En général, le Festival s’ouvre et se ferme par la projection d’un film hors compétition.
  • Sélection Un Certain Regard : Créée en 1978, à l’initiative de Gilles Jacob alors délégué général, cette sélection a pour objectif de mettre en avant un cinéma plus atypique que la sélection principale et de promouvoir des cinéastes peu connus, en marge de la distribution.
  • Cinéfondation : Fondée en 1998, la fondation a pour but de découvrir et promouvoir les nouveaux talents en sélectionnant des courts et moyens métrages d’écoles de cinéma du monde entier.
  • Cinéma de toujours : Créée en 1992, son objectif est de rendre hommage aux anciens du cinéma.
  • Cannes Classics : Sélection parallèle, créée en 2004, pour mettre en valeur les oeuvres du passé, neufs ou restaurés.
  • Semaine Internationale de la Critique : Créée en 1962, par le Syndicat Français de la Critique du Cinéma, il s’agit d’un programmation très sélective afin de mettre à l’honneur les premières et deuxièmes oeuvres de cinéastes du monde entier. (François Ozon et Arnaud Desplechin, en compétition cette année, y ont fait leurs débuts).
  • Quinzaine des Réalisateurs : Créé en 1969 et organisée par la Société des Réalisateurs de Film, après les évènements de Mai 68, la Quinzaine aide les cinéastes en programmant leurs longs et courts métrages de réalisateurs pour les faire découvrir au public et aux critiques.
  • Caméra d’Or : Créé la même année qu’Un Certain Regard, ce prix est décerné par un jury indépendant au meilleur premier film toutes sections confondues.
  • Palme d’Or d’honneur : Créé en 2011, ce prix est remis à un réalisateur spécial pour l’ensemble de sa carrière.
  • Marché du film : Ce n’est pas une sélection à proprement parler mais plutôt un haut lieu commercial, créé en 1959, pour faire découvrir aux distributeurs et producteurs de nouveaux projets.

Quelques controverses

Qui dit Festival, dit scandale. Vous vous imaginez bien que réunir autant de personnalités peut s’avérer vite explosif. Petit top des scandales et controverses qui ont surgis au Festival de Cannes pendant ces soixante dix années d’existence :

  • En 1968, le Festival s’est clôturé plus tôt que prévu. Les personnalités du cinéma français, comme François Truffaut ou Jean-Luc Godard, sont sensibles aux manifestations de mai 68 feront tout pour interrompre le Festival. Aucun prix ne sera remis cette année là.
  • En 1979, Françoise Sagan fait une petite confession sur la Palme d’Or. Décernée à Apocalypse Now, l’actrice accuse le Festival d’avoir fait pression sur le jury pour que le film décroche le précieux sésame.
  • En 1983, Isabelle Adjani décide de zapper la conférence de presse du film L’Été meurtrier. En réponse, les photographes laissés sur leur faim, font grève quand l’actrice monte les marches. Pas de promo, pas de photo.
  • En 1987, la Palme d’Or est remporté par Maurice Pialat pour le film Sous le soleil de Satan. Hué, il lève le poing et scande à la salle : “Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus.”
  • En 1994, le deuxième film de Quentin Tarantino, Pulp Fiction, remporte la Palme d’Or. Si l’équipe est folle de joie, certains spectateurs hurlent au scandale. Le réalisateur fera un beau doigt d’honneur à ceux qui le huent. Peu importe, le film est désormais culte.
  • En 2002, Irréversible de Gaspar Noé est projeté au Festival en compétition officielle. Le film – et surtout le plan-séquence de 20 minutes sur le viol du personnage joué par Monica Bellucci – ne passe pas. Beaucoup de festivaliers hurle au scandale, qualifient le réalisateur de “merde” et la salle se vide rapidement. (NB : Si vous n’avez pas vu le film, je ne peux que vous conseiller ce chef d’oeuvre déroutant mais qui prend aux tripes).
  • En 2005, alors qu’elle monte les marches du Festival, Sophie Marceau laisse entrevoir un de ses seins, qui s’est “échappé” de sa robe. Ce genre d’évènement n’est pas anodin et fait toujours rire les festivaliers.
  • En 2011, c’est le réalisateur danois Lars Von Trier qui se fait virer du Festival. Venu présenter Melancholia avec Kirsten Dunst, il est interrogé sur ses origines allemandes et balance qu’il “comprend Hitler. Il n’est pas vraiment un brave type mais je sympathise un peu avec lui. Je suis avec les juifs, mais pas trop parce qu’Israël fait vraiment chier”. Ambiance.
  • En 2013, Abdellatif Kechiche triomphe avec le très beau La Vie d’Adèle. Mais cette victoire est vite entachée par les déclarations de Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos qui décrivent un tournage difficile et des méthodes de travail abusives de la part du réalisateur.
  • En 2014, Gérard Depardieu se rend au Festival de Cannes pour promouvoir un film pourtant rejeté par la sélection officielle. Projeté au cinéma Le Star et disponible en VOD, Welcome to New York d’Abel Ferrara sur l’affaire DSK fera polémique sur la Croisette.

Un anniversaire sous le signe du renouvellement

Cette année, le Festival souffle ses 70 bougies, mais ne compte pas prendre une ride. Pour cet anniversaire, c’est l’actrice italienne Claudia Cardinale qui a été mise à l’honneur sur l’affiche officielle. Elle y apparaît jeune et virevoltante, en train de danser sur un toit de Rome, en 1959. Il faut bien avouer que mettre en avant des acteurs ou des films est bien plus cohérent que des affiches faites par des agences de publicité (comme dans la deuxième moitié des années 90). Néanmoins, cette affiche a fait polémique lorsqu’elle a été dévoilée puisque beaucoup ont remarqué qu’elle avait été retouchée. Claudia Cardinale y apparaît plus mince après un petit coup de Photoshop. Si certains ont vite crié au sexisme, l’actrice a défendu l’affiche via un communiqué pour l’AFP : « Le souci de réalisme n’a pas lieu d’être ici, et, féministe convaincue, je n’y vois aucune atteinte au corps de la femme.»

Passée cette polémique, il a fallu attendre le jeudi 13 avril pour l’annonce de la sélection par Thierry Frémaux et Pierre Lescure. Leur souhait : que le Festival soit « un temps suspendu » après les élections. Cette sélection se révèle innovante et plutôt jeune mais c’est aussi plus de pays et plus de réalisateurs du monde entier choisis cette année. Si un vent de fraîcheur et de nouveauté souffle sur cette sélection, de grands noms seront présents : François Ozon, Sofia Coppola, Michael Haneke ou encore Alejandro Gonzalez Inarritu. Ce dernier présentera d’ailleurs un film en réalité virtuelle, intitulé Carne y Arena, une première pour le Festival, qui se révèle toujours être un laboratoire pour les oeuvres cinématographiques. Cette 70e amorce cannoise est à relire ici (http://www.clap8.univ-paris8.fr/ouverture-cannes-2017/)

Fait intéressant cette année, le Festival de Cannes ouvre ses portes aux séries télévisées. Deux d’entre elles seront à l’honneur et pas des moindres : Twin Peaks de David Lynch et Top of the Lake de Jane Campion. Les deux réalisateurs seront présents sur la croisette pour présenter les nouvelles saisons de leurs sublimes séries. Par ailleurs, profitant de l’effervescence de Cannes, l’ancienne ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a annoncé un beau projet : celui de créer un Festival des séries sur la French Riviera. A contre courant du gouvernement et d’une perspective d’un Festival International des Séries à Paris ou à Lille, Fleur Pellerin a choisi de présider un Festival dissident CannesSérie, qui devrait être inauguré en avril 2018. Il est vrai que de voir de plus en plus d’initiatives pour promouvoir les séries est intéressant mais avec le Festival SériesMania à la même période, il faudrait songer à revoir l’organisation.

A un mois de notre voyage à Cannes, nous sommes impatients d’être de la partie. Avec les informations qui sortent au fur et à mesure, l’excitation va crescendo. Quand on sait que Jessica Chastain ou encore Uma Thurman seront des membres du jury (Un certain regard pour l’actrice de Kill Bill), on a hâte de découvrir les futures belles surprises que le Festival nous réserve !

 

Ecrit par : Mégane Choquet