Mademoiselle, l’érotisme de Park Chan-Wook

Cette année, le réalisateur, Park Chan-Wook auteur de  Old boy (2003) et Lady vengeance (2005) fait son apparition en sélection officielle au Festival de Cannes avec Mademoiselle.

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L’histoire se déroule en 1930, en Corée ou Sokee une nouvelle servante arrive chez une riche japonaise : Hideko. On découvre qu’elle n’est pas là par hasard car avec l’aide d’un escroc nommé “le Comte”, ils décident de mener un complot pour acquérir la fortune de la jeune héritière.

Comment décrire ce film ? J’appréhendais beaucoup ce nouveau long métrage de Park Chan-Wook, mais ce film situé entre la Corée et le Japon m’a totalement boulversé. Ce film inspiré du roman Fingersmith de Sarah Waters était frais et très coloré. Composé en 3 actes, ce thriller érotique nous expose une technique irréprochable sur le thème de la manipulation. Les points de vue des deux héroïnes sont subtilement exposé, en leur donnant chacun un acte. On assiste à un huit clos sous tension sexuelle dans le réel comme dans l’imaginaire. Sur fond d’énigmes, le film laisse place au mystère et joue sur une dimension esthétique qui prend largement appui sur la mise en scène et les décors. Les plans de paysages sont incroyables tout comme les scènes érotiques qui sont magnifiquement bien tournées. Mademoiselle nous offre une mise en abîme très bien posée avec des rebondissements qui nous rend parfois fébrile ou admiratif.

Je ne suis pas déçue du réalisateur de Old boy. Mademoiselle (dont le titre original est Agassi) dure deux heures vingt cinq et donne une belle image de la libération de la féminine notamment au travers des scènes d’amour.
Le film sera en salles en octobre prochain. Un petit conseil : allez-y !

Elise KALALA

Film coréen de Park Chan-wook avec Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo (2 h 25). BAC Film

La Palme d’Or : I, Daniel Blake de Ken Loach

Le réalisateur britannique Ken Loach, connu pour son cinéma social, reçoit sa deuxième Palme d’Or, après Le Vent se lève en 2006. 10 ans après, c’est pour I, Daniel Blake qu’il est récompensé. Un film bouleversant, un cri de rage.

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Le film raconte le parcours de Daniel Blake, un menuisier qui souffre de problèmes cardiaques. Alors que son médecin lui interdit de travailler, les aides sociales refusent de lui délivrer des indemnités d’arrêt de travail et il se retrouve contraint de trouver un emploi, sous peine de sanction. S’ensuit alors un long combat pour cet ouvrier, contre un système dont l’absurdité des protocoles administratifs face à la détresse sociale soulève une vague de révolte dans la salle. Une révolte d’autant plus puissante qu’elle est sans cesse confrontée à l’impuissance face à l’inhumanité d’un système administratif austère.

Par ailleurs, dans une seconde partie du film, Daniel Blake rencontre Rachel, mère célibataire de deux enfants qui est forcée d’accepter un logement loin de sa ville natale où elle ne pouvait vivre qu’en foyer d’accueil. Les deux protagonistes vont subir les injustices d’une réalité trop bien connue des classes populaires européennes et c’est cette réalité que ce film dénonce. Et c’est avec une sincère empathie que nous suivons le parcours des deux protagonistes. La justesse de la mise en scène et du jeu d’acteurs nous font vivre leur colère et leur rage, leur désespoir mais aussi parfois leur espoir.

 

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Car derrière sa colère, I, Daniel Blake est aussi un film sur, l’entraide sociale, la générosité et l’espoir d’un monde meilleur. C’est d’ailleurs sur cette note que Ken Loach finit son discours lors de la remise de ce prix amplement mérité : « C’est formidable de faire du cinéma, et comme on le voit ce soir c’est très important. Le cinéma fait vivre notre imagination, apporte au monde le rêve mais nous présente le vrai monde dans lequel nous vivons. Mais ce monde se trouve dans une situation dangereuse. [...] Le cinéma est porteur de nombreuses traditions, l’une d’entre elles est de présenter un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants, j’espère que cette tradition va se maintiendra. […] Donc nous devons dire qu’autre chose est possible. Un autre monde est possible et nécessaire ».

Sophie Dajean

 

La fille inconnue : le réel, rien que ça!

 

https://www.youtube.com/watch?v=Wpstyz7BDoc

Les frères Dardenne, attendus sur la Croisette cette année ont présenté pour la 7e fois un film à Cannes. Ils ont déjà remporté deux Palmes d’or pour Rosetta en 1999 et L’Enfant en 2005.

Ce nouveau film, La Fille inconnue débute à la tombée de la nuit, à Liège en Belgique. Après l’heure de fermeture de son cabinet, Jenny (Adèle Haenel), jeune médecin généraliste, entend sonner mais ne va pas ouvrir. Le lendemain, elle apprend par la police que le corps d’une jeune femme a été retrouvé non loin de son cabinet. De la va naître une intrigue policière dans laquelle Adèle Haenel va se mettre en tête de trouver l’identité de cette personne décédée dont personne ne connaît l’identité.

Platitude ambiante

Même si le film soulève certains sujets intéressants, et actuels comme l’isolement de ce médecin, la dureté de la profession incarnée notamment par le jeune stagiaire du cabinet ou encore la prostitution, le film ne réussit jamais à décoller véritablement. Jenny découvre au fur et a mesure les maillons de ce crime mais il ne naît pas pour autant de compassion pour ce personnage. On assiste à une enquête policière qui reste assez plate, où s’installe une certaine mécanique. Jenny persiste à retrouver l’identité et cela donne une multitude de scènes parfois trop souvent répétitives comme les trajets en voiture sur fond de paysage Belge. Dans cette banlieue, tout semble monotone et triste, et l’obsession du réel est parfois trop poussée à l’image de cette bande sonore qui n’intègre pas même un fond musical.

Malgré cette monotonie Adèle Haenel réalise de nouveau une belle performance d’acteur avec cette froideur et une certaine insensibilité que l’on avait pu découvrir déjà dans Les Combattants (2014). Le cinéma jongle en permanence entre rêve et réalité, cette-fois ci nous sommes peut être trop proches de ce réel.

Il ne s’agit en aucun cas d’un raté, mais un film qui mériterait d’avantage de rythme.

Thomas Colliac

Coup de coeur, Elle de Paul Verhoeven

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Mon coup de cœur de ce festival : Elle

Spectateurs du viol

Le cinéaste Néerlandais Paul Verhoeven revient avec un film en compétition officielle adapté du roman de Philippe Dijan Oh… (Gallimard, Prix Interallié en 2012), et ce vingt quatre ans après le très critiqué Basic Instinct (1992).

Ce polar qui a été chaleureusement accueilli par la presse est envoutant tant par son casting que le sujet noir qu’il traite. Isabelle Huppert joue à merveille le rôle d’une femme bourgeoise divorcée, à la tête d’une entreprise qui va se retrouver victime d’un viol commis par un inconnu encagoulé à son domicile. L’intrigue tourne autour de la quête de l’identité de cet agresseur mais va surtout révéler le rôle de cette femme, Michelle, qui refuse de se soumettre.

Ce film est inquiétant par la perversité qu’il traite et la froideur du personnage que joue cette femme. Michelle est cette femme au passé sulfureux que rien ne semble atteindre, et qui se bat contre les éléments avec une froideur acerbe. Michèle est imprévisible, et elle incarne à merveille le rôle d’une femme combative qui ne réagit jamais comme on pourrait l’attendre.

Un regard sur la sexualité

Verhoeven questionne sans arrêt l’identité sexuelle des personnages, soumis à des pulsions mécaniques. Michelle est au dessus ça, elle dirige sa société de jeux vidéo de manière autoritaire, règne sur son ex-mari écrivain et se bat pour faire réagir son fils immature et soumis. On frôle parfois les clichés mais sans jamais tomber dans le piège.

On découvre une certaine justesse dans le jeu de Virginie Effira et Laurent Laffite qui incarnent le rôle des voisins de Michelle habitant dans une banlieue cossue ou encore de Charles Berling qui joue l’ex-mari bohème. Il faut oublier les erreurs de parcours de certains acteurs pour se concentrer sur leur rôle joué dans ce film qui est juste et bien dirigé. Enfin, ce film, sur fond dramatique réussit à insérer une part de comique causé par l’absurdité de certaines situations. La salle s’est prise au jeu, et, aussi incroyable que cela puisse paraître à Cannes : le rire était omniprésent dans la salle!

Ce film sans morale apparente questionne sans arrêt notre rapport au regard autour du viol… Avec un tel rôle il se pourrait qu’Isabelle Huppert soit pressentie pour le prix d’impétration féminine. Affaire à suivre…

Le film sort en salle le 25 mai 2016, raison de plus de s’y rendre… 

Film français de Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert, Anne Consigny, Laurent Lafitte (2 h 10).

Thomas Colliac

Cannes au temps du bollorisme

Je déclare ouvert le soixante-neuvième Festival de Cannes. La même phrase, tous les ans, sauf le numéro bien sûr. Comme toutes les formules magiques, celle-ci a le pouvoir d’ouvrir dix jours de vies parallèles et d’univers insoupçonnés. Comme toutes les récurrences, celle-ci a quelque chose de rassurant, de ritualisé. C’est comme une famille sicilienne qui se retrouve à la mort de la mamma. Cette année, la mamma, c’était Prince.

 

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Et pourtant. Dans cette cérémonie d’ouverture, tout est pareil mais rien n’est pareil. Pas seulement parce qu’un Lafitte approximatif a remplacé un Wilson classieux, un peu comme on aurait substitué un mauvais mélange de Corbières en fond de cuve à un Dom Pérignon aérien. Lafitte s’est planté, c’est sûr, mais là n’est pas le problème. Malgré un dispositif visuel esthétiquement réussi grâce aux multi-écrans en fond de scène, la magie n’y était pas.

En 2016, les équipes de KM, producteur de la soirée, ont voulu rajeunir la cérémonie. Demande du big boss. C’est qu’il veut son retour sur investissement, Vincent Bolloré. Et un bon gestionnaire ne saurait se contenter de réduire les coûts (on ne reviendra pas sur la béance de 50 mètres que les vagues auront bien du mal à combler sur la plage du Majestic, en lieu et place du plateau du Grand Journal survolé par de nombreux fantômes). Il faut changer, renouveler, aller chercher un nouveau public, et surtout rajeunir. Maître-mot du groupe Canal+ depuis l’arrivée de l’industriel breton.

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Le plateau du Grand Journal en 2013. Absent à Cannes cette année

Une cérémonie d’ouverture cannoise à la sauce de ce jeunisme intéressé, cela donne une quantité invraisemblable de cheveux sur la soupe (vous savez, cette sensation inexprimable de ne pas savoir ce qu’il fait là, le cheveu…). Cela donne une Catherine Deneuve issue de nulle part roulant un patin gouleyant au maître de cérémonie, saynète dénuée de tout sens qui aura vu la reine de François Truffaut céder aux injonctions de la twittosphère. C’est débile mais ça fera des millions de retweets… La bêtise aussi, peut être twittosphérique.

Le cinéma n’a rien à gagner à ce mélange des genres constamment sensible dans le ton général de la cérémonie. Un vanne grasse sur le fait que Woody Allen n’est pas condamné pour viol aux Etats-Unis, et dix secondes après un hommage (réussi celui-là) au Paris cinématographique flingué par les attentats de novembre. Ce courant alternatif entre l’émotion et la déconne, sans fil rouge, sans talent d’anchorman, cela donne une cérémonie pleine de « coups », hétérogène et qui surtout fait l’impasse sur une magie du cinéma que Lambert Wilson savait incarner et évoquer.

Vivement donc que les pellicules tournent (hey bonhomme, arrête avec les pellicules, on est au temps du numérique), vivement que les films nous ramènent à l’essentiel, des histoires, des visions du monde, des cadres innovants, des montages étonnants, des choix qui font avancer le cinéma et la vie. Nous avons eu ce soir l’éclatante démonstration qu’un art et un média, ce n’est pas la même chose. Eteignez la télé. Et que la fête commence.

Jocelyn Maixent

 

 

 

All is lost de J.C. Chandor

All is Robert Redford

Un homme seul au milieu de l’océan indien dont le bateau heurte un conteneur, tente de survivre. Voilà le speech assez classique de All is lost, pourtant le film est très impressionnant. La réalisation de J.C. Chandor est maîtrisée, même si il ne semble s’intéresser qu’à son acteur en oubliant l’environnement qui l’entoure. Toute l’histoire tient sur les épaules du majestueux Robert Redfort. Il ne prononce qu’une dizaine de mots durant une heure et demie. À chaque fois, que le spectateur est à se lasser, une nouvelle mésaventure s’abat sur « Our man ». Car c’est ainsi qu’il est crédité dans le générique de fin, on ne sait rien sur cet homme, ni sur sa famille, ni sur sa vie et ni pour quelle raison il est en mer. Le scénario a évité tous les travers pathos qui serait évident dans ce genre de situation. Tout ce qui intéresse le spectateur, c’est que le personnage survive. Une sorte d’Odyssée de Pi moins lyrique, mais pourtant beaucoup plus impressionnant. Tout passe par l’interprétation. Si le film avait été en compétition, Robert Redford aurait pu avoir le prix d’interprétation masculine (mais ce n’est que mon opinion). Le film vaut le détour, All is lost est un film qu’il faut voir pour la performance d’acteur de Redford, il nous rappelle au passage qu’il est encore un acteur d’exception.
On peut voir dans ce film une double métaphore, tout d’abord la place de Redford dans le cinéma américain et aussi celle d’une humanité écrasée par un milieu hostile, d’individus qui tentent de survivre dans un monde globalisé. (via le conteneur de chaussure qui détruit le bateau dès les premières secondes du film).

Inside Llewyn Davis de Ethan et Joel Coen

Gran Prix du Jury : Inside Llewyn Davis, voyage au coeur de l’univers musical folk de Greenwich Village

Si vous voulez passer un moment de détente entre amis en écoutant de la musique folk : allez-voir le nouveau film des Frères Coen « Inside Llewyn Davis » avec Oscar Isaac, Carey Mulligan et Justin Timberlake.
En recréant des rencontres entre différents musiciens de l’époque, les frères Coen nous transportent dans le milieu de la scène musicale folk anglaise des années 60.
Le film nous plonge une semaine dans la vie de Llewyn Davis, jeune chanteur de folk dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961. Llewyn Davis lutte jour après jour face aux difficultés du métier de musicien pour gagner sa vie avec sa guitare qu’il emmène partout avec lui.
Dès les premières images du film, le spectateur est transporté par la voix de Llewyn Davis qui nous emmène découvrir son univers musical nous tenant en éveil durant tout le film. Les frères Coen manient encore une fois avec brio leurs acteurs dont le jeu s’harmonise parfaitement.
Oscar Isaac mène le film en interprétant avec une très grande justesse Llewyn. C’est un personnage attachant, mené par son rêve: celui de pouvoir vivre de sa musique à laquelle il dédie sa vie. Il se produit dans le même bar, plusieurs fois par semaine, où il retrouve sa bande d’amis. Le spectateur se sent proche de Llewyn qui se bat corps et âme pour sa passion.
Tous les ingrédients sont réunis pour arriver au final à un résultat plus que réussi. Les acteurs jouent juste, le scénario colle parfaitement à l’histoire, les lieux sont multiples, la musique, qui a une place primordiale dans l’histoire, nous plonge profondément dans la vie de Llewyn et son entourage.
Si ce film nous a autant plus c’est que les frères Coen ont su apporter les notes d’humour quand il le fallait, sans tomber dans la comédie, les situations en elles même sont drôles.
Inside Llewyn Davis se termine avec un petit clin d’œil à Bob Dylan qui fait lui aussi ses premiers pas dans le bar que fréquente Llewyn.
En une phrase, Inside Llewyn Davis est un film a aller voir ! Le spectateur, bercé par la voix d’Oscar Isaac qui interprète lui-même les chansons, ne s’ennuie pas un seul instant. Même si simple, l’histoire nous tient en haleine du début à la fin grâce à l’humour des personnages et des situations.
Et puis, pour finir en beauté : mention spéciale au chat du film Ulysse, sans qui ce film n’aurait pas lieu d’être.

La Grande Bellezza

Le cinéma italien?

Heu… je n’y connais rien. Et depuis hier soir je le regrette.

Si je devais ne parler que d’un film de ce festival de Cannes 2013 ce serait La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino.

Bien que ce soit le genre de film qu’on aime voir plusieurs fois pour en comprendre l’essence et en détailler les images, je vous livre ici un premier avis.

Paolo Sorrentino présente une Rome bourgeoise faite de fêtards, dont quelques intellos, fatigués, passifs ou ratés. Face à eux, le monde religieux, toujours actif dans la société italienne (et aussi dans les représentations occidentales du bien et du mal). Ici le duel est présent mais achevé, les deux mondes échangent et les religieux sont plutôt malmenés.

Si le film ne semble pas avoir de scénario précis, au sens hollywoodien du terme, c’est pour mieux représenter l’errance métaphysique du personnage principal. Un philosophe moderne qui maîtrise l’art de la répartie et qui, bien que mondain, sera à jamais un Homme seul.

Jep, personnage principal incarné par Toni Servillo, est un journaliste et un écrivain abattu par le temps qui passe, sa misanthropie et la tristesse contemporaine. Grand observateur de la société mondaine et doté du charme italien, il cache sa tristesse et son manque d’ambition, passé en même temps que la fougue de sa jeunesse, dans le cynisme et les soirées délurées.

Pour représenter à l’écran cette société mondaine, le réalisateur et toute son équipe ont joué la carte de l’innovation et du renouveau.Les images et les couleurs du film sont à couper le souffle, la caméra est un véritable serpent dont les mouvements sont accentués par le montage visite. Les musiques sont classiques puis subitement modernes, notamment dans les soirées magistralement chorégraphiées, les décors magiques et historiques, les personnages de second rôle mystiques et délurés comme chez Lynch mais en plus abîmés, eux aussi en mal de vivre. Tant mieux, puisque ce sont ces personnages qui constituent l’intrigue et dévoilent les sentiments de Jep et les messages de Paolo Sorrentino.

Cette représentation de la Rome bourgeoise (dont l’intérêt est la similitude avec les cultures bourgeoises d’autres capitales occidentales) par l’auteur et sa façon de la mettre en scène parait très jeune, donc novatrice et ambitieuse. Le tout garde pourtant un côté classique qui fait de La Grande Bellezza un grand film, un nouveau classique indispensable.

La Grande Bellezza est au cinéma depuis le 22 mai ! Voir les séances. –

Loïc Lassus

Only Lovers Left Alive

De premier abord, il semble que ce film puisse ne pas intéresser tout le monde : il s’agit d’une histoire d’amour entre deux vampires (oui, ce genre on a déjà vu !).

Mais l’angle abordé permet un tout autre avis sur ce genre. La mise en scène des vampires est en fait un prétexte, pour parler de notre société de manière générale. Le réalisateur Jim Jarmusch nous place du côté des vampires, tel qu’est leur réalité, marquant ainsi un décalage avec les préoccupations des zombies – soit nous les humains.


Only lovers left alive n’est pas une simple copie de films préexistants mettant continuellement en avant des clichés sur les vampires. Les stéréotypes habituellement véhiculés ne sont ici pas « plaqués » sur le scénario d’une romance. Le réalisateur a su éviter les pièges. Les personnages sont ancrés dans leur monde mais surtout dans notre monde : au fur et à mesure du film, on redécouvre une vision de l’Histoire à travers les répliques des personnages. Les références sont nombreuses : elles enrichissent les dialogues entre les personnages, tout en apportant, de par leurs contextes, une touche humoristique au film.

Enfin, Only lovers left alive est un film profondément marqué par l’empreinte de son réalisateur. La première scène nous plonge déjà tendrement dans cet univers : on y découvre par une alternance de plans et sur fond musical les deux personnages, chacun dans un lieu différent (évitant là encore le piège du vampire dans un endroit exclusivement restreint et sombre et montrant l’universalité du propos du film).
Sous le regard de vampires, ce film vous apportera une nouvelle vision du monde dans lequel nous habitons. Outre un bon moment de culture, ce film est aussi un bon moment de drôlerie !

(sortie prévue le 5 décembre prochain)

Charlotte.