La Vie d’Adèle

Cet article n’est pas un article sur la palme d’or mais sur un véritable coup de cœur !

Avec La Vie d’Adèle, Abdel Kechiche confirme deux de ses talents : sa capacité à représenter la vraie vie et ses vrais gens ainsi que son flaire pour repérer des prodiges et les mettre en lumière. Après Sara Forestier dans L’Esquive, voici Adèle dans sa vie…
Adèle est une lycéenne qui a un coup de foudre pour Emma. Le pitch est simple mais ce que le réalisateur nous donne à voir, ou devrais-je dire à ressentir est beaucoup plus complexe. La caméra accompagne l’évolution d’Adèle de l’adolescence à la vie de femme avec pour angle ses rapports aux autres et aux corps.

L’ambition du film n’est pas de s’engager dans le débat politique sur l’homosexualité mais simplement de représenter la jeunesse d’aujourd’hui : une jeunesse plus libre dans ses choix et dans sa vie.

Interpellant de réalisme, au-delà des scènes de sexe très explicites, le film propose une multiplication de petits riens, de petits détails qui au final font tout ; toute la crédibilité de ce personnage et de son parcours de vie. Tel un documentaire, le réalisateur laisse s’épanouir les scènes et nous fait complètement entrer dans l’intimité de l’héroïne. Dans la mise en scène comme dans le jeu d’acteur, tout semble vrai, de l’orgasme aux larmes de désespoir.

Un film éprouvant, tant pour l’actrice présente dans chaque plan du film et qui passe par toutes les émotions : doute, bonheur, tristesse, remise en question… que pour le spectateur dont tous les sens sont en éveil. Difficile de ne pas s’identifier, au moins le temps d’une scène, a l’un des personnages : l’histoire d’Adèle est avant tout une histoire d’amour, lesbien ou non, cela a peu d’importance.

Un film qui ne laisse pas de place à la simulation ; préparez-vous à 3h de vrai jouissance !

Orazi Mélanie

Le Palmarès enfin dévoilé

Une palme d’or française cette année, cinq ans après Entre Les Murs de Laurent Cantet, mais aussi quatre réalisateurs asiatiques primés, deux films américains, un iranien et un mexicain. Le territoire cinéma prouve une nouvelle fois son absence de frontières et son aura dans le monde entier.

Meilleur court-métrage : Safe de Byoung-gon Moon

Caméra d’Or : Ilo Ilo d’Anthony Chen

Prix d’interprétation masculine : Bruce Dern dans Nebraska

Prix d’interprétation féminine : Bérénice Béjo dans Le Passé

Prix du scénario : A Touch of Sin de Jia Zhang Ke

Prix du Jury : Tel père, tel fils de Kore-Eda

Prix de la mise en scène : Heli d’Amat Escalante

Grand Prix : Inside Llewyn Davis des frères Coen

Palme d’Or : La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche

Qui va là? (« Au-delà des collines »)

Joyeuse surprise (ou pas si joyeuse) dans la sélection du festival de Cannes. Cristian Mungiu revient sur les grands écrans (après avoir eu le Palme d’Or en 2007) avec un film très surprenant de part son thème.

« Mungiu livre un portrait génial et effrayant à la fois de l’irrationalité et la peur qui coexistent dans le cœur noir Européen. », résume The Guardian dans le chapeau de l’article dédié à la critique de ce film.

Pour résumer un peu l’histoire, il s’agit de deux jeunes filles (Alina et Voichiţa) qui se retrouvent dans un monastère loin d’un cadre urbain, la première ayant l’expérience d’être déjà partie à l’étranger pendant que l’autre semble bien endoctriné par la culture chrétienne orthodoxe. La bande annonce explique brièvement la situation des deux personnages et laisse au spectateur deviner leur relation amoureuse qui est en train de faire face à une crise.

En termes techniques, les critiques ne sont pas très parlantes. On peut supposer que le message derrière ce sujet frappant a bouleversé le champ journalistique cinématographique. Et c’est bien sûr attendu, car Mungiu (qui fait partie de ce qu’on appelle la « Nouvelle Vague » roumaine) se fait toujours remarqué par des scénarios moins « orthodoxes ». Pourtant sa mise en scène sera clairement particulière, vu que pour « 4 mois, 3 semaines et 2 jours » il avait laissé les personnages se balader dedans et en dehors du cadre tout en continuant leurs monologues. Entre autres techniques préférées de Mungiu on peut noter les plans-séquence et l’usage des éclairages spécifiques afin de reconstituer certaines atmosphères. Assez tentant, n’est-ce-pas ?

Je ne peux pas ne pas faire une liaison dans le cadre du cinéma Est-Européen, car la crise de la foi, de l’identité et des situations étranges dans des lieux étranges sont des sujets bien encrés et superbement exploités par les pays chrétiens-orthodoxes. D’après le modèle tarkovskyan  (notamment dans « Stalker »), Mungiu essaye de recréer une ambiance tout en changeant d’outils, car la force et la fragilité des femmes sont des traits assez particuliers qui rafraîchissent cette perspective et la remplissent de nuances dramatiques.

Les mots les plus recourents dans les critiques semblent être „exorcisme” et „mort”. Pour le spectateur sensible, la réponse est OUI, cela arrive, le film est inspiré d’une histoire vraie, marqué bien sûr par  la touche d’un grand réalisateur. On est clairement pressés de voir (et revoir, et revoir) ce film pour réussir à élargir notre perspective et, comme Mungiu lui-même veut, créer une polémique.

Edito

« Chers étudiants,

Dans le cadre de l’année du cinéma à l’université de Paris 8, je vous propose d’assister au festival de Cannes… »

 

Lundi matin, 9h…non ce n’est pas un rêve !

Notre mission : vous emmener virtuellement sur la croisette du 23 au 28 mai. Allons-nous être à la hauteur ? … Allez, c’est d’accord, mission acceptée ! Critiques de films, coups de cœur (ou non!), interviews et photos…Clap 8, c’est pour nous cinq jours intenses, et pour vous, un pas en exclusivité dans l’un des plus grands festivals de cinéma internationaux! Regards sur le palais des Festivals, la Semaine de la Critique, « Un certain regard », ou encore la Quinzaine des Réalisateurs : A nos plumes et caméras d’étudiants-cinéphiles pour vous faire partager notre expérience ! Film en compétition ou non, projections en avant-premières, rencontres avec des professionnels du cinéma, débats, expositions… Quand Paris 8 fait son cinéma, ça donne ça !

 

Vous pouvez retrouver tous les projets de l’année du cinéma à Paris 8 sur le site www.cinema2012.univ-paris8.fr.

 

Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une agréable montée des marches…