Un pied devant l’autre

Il en fallait une, car chaque année doit fournir un bêtisier digne de ce nom. Le redoutable tapis rouge, aussi effrayant qu’attirant a accompli son méfait. Une inconnue à la robe bleue et aux talons visiblement peu stables en a fait les frais.

Oh que je redoute cette montée des marches. Habitante en région parisienne, grande habituée des transports de la capitale où s’entasser ne relève plus de l’option, les escarpins et autres talons de 10 centimètres ne sont pas mon quotidien. Journaliste en devenir, mes journées alternent entre interviews, course folle pour attraper un métro et piétinements d’impatience en attendant mon RER. Autant vous dire que le combo robe longue et talons pointus risque de me mettre à l’épreuve.

C’est ce qui est arrivé à une jeune inconnue en robe bleue, pourtant fendue, et aux talons compensés. Après avoir titubé dangereusement sur les premières marches, le tapis rouge aura eu raison d’elle et ce qui devait être un moment magique au cœur des flashs s’est transformé en une chute en slow-motion.

Pour le moment, je rigole, mais lorsque mon tour viendra de grimper dignement jusqu’au Grand Théâtre Lumière, j’ose espérer ne pas attirer la lumière des projecteurs.
Verdict : mesdames et mesdemoiselles, le style, la classe, le glam, c’est important, mais l’équilibre c’est mieux.

À dans 5 jours petit tapis.

« The Assassin » de Hou Hsiao-Hsien, le film qui divise la croisette

Hier soir se déroulait la Première du film « The Assassin » (Nie Yinniang) réalisé par Hou Hsiao-Hsien. Après ses quelques minutes de gloire sur les marches du tapis rouge, Clap8 vous donne son avis sur ce film au couleur de la Chine médiévale.

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Les films ennuyeux sont-ils les plus récompensés ? C’est la question que Clap8 se posait l’année dernière, et qui est remise à l’ordre du jour pour cette 68ème édition.

L’histoire de « The Assassin » se déroule au XIème siècle, Yinniang (Shu Qi) est initiée aux arts martiaux par une nonne, et a pour mission de revenir dans son ancien empire pour tuer son cousin. Plus jeune, elle devait épouser ce qui est désormais sa cible. Belle synopsie qui donne envie, nous nous attendions a un film d’action où le kung-fu serait mit en valeur. Le film est attendu, le public est impatient, mais à la sortie, c’est le mot « déception » qui revient le plus souvent. Et quelle déception ! Les scènes sont longues, lentes, les dialogues presque inexistants et les scènes d’action beaucoup trop rapides. La culture médiévale chinoise trop méconnue des pratiques européennes, nous ne sommes pas complètement imprégnés par l’œuvre de Hou Hsiao-Hsien.

Le paradoxe, c’est qu’il fait partie des films favoris pour la Palme d’Or. Et il faut dire que malgré le côté soporifique du scénario, l’esthétique est réussi. Les costumes d’époque sont authentiques, colorés, et les lieux de tournage et décors nous plongent dans l’atmosphère à la fois paisible – un peu trop même – et angoissante du scénario. Cinéaste reconnu, Hou Hsiao-Hsien, pour certainement un de ses derniers longs-métrages, aura divisé l’opinion cannoise et fera durer le suspens jusqu’au bout : sera-t-il le prochain récompensé pour la Palme d’Or ?

Juliette Labracherie

Avant Cannes

Ça reste toujours incroyable à penser que notre équipe, moi y compris va partir le Mercredi à Cannes pour le festival de film. Cannes, d’après une chinoise, c’est une ville de la fête française représentative. Tous les grands clichés, le soleil, la mer, les riches, le luxe, des stars, un tapis rouge et un festival incontournable dans le monde.

 

Je suis allée à Cannes une fois l’été dernier. C’était tout simplement une ville des vacances et j’ai l’impression que les gens dans cette ville ne travaillent pas. C’est pourquoi à mon avis Cannes est une ville sans la vie quotidienne ordinaire. Autrement dit là-bas il n’y a pas de stresse à vivre, là-bas c’est un endroit où l’on vit les rêves. Donc qu’est-ce que les rêves que Cannes nous offre ?

 

Tout d’abord, le beau temps tout au long de l’année à côté de la mer Méditerranée. C’est déjà assez irrésistible. Puis Bling Bling, les stars entourées d’une aura mystérieuse et les élites cinéastes, tous brillent ! Ensuite, les films pendant le festival, chaque film est aussi construit par un rêve donné, n’est-ce pas ? Ils se retrouvent à Cannes et  constituent l’ensemble de rêve.

 

A propos de nous, nous expérimenterons ce rêve avec la perspective des jeunes, de Clap8 et de Paris8. On vous décrira notre perception à temps à partager cette expérience unique.

 

 

Meng

Cannes, festival de tous les excès

Regarder des films toute la journée, faire la fête tous les soirs, acheter des nouvelles chaussures et de nouveaux vêtements… Que permet le festival de Cannes qu’on ne fait pas dans la vie de tous les jours ? Ou plutôt que fait-on sous prétexte du festival de Cannes, et qui est infaisable dans la vie ordinaire ?

 

En préparation de mon séjour à Cannes depuis déjà une bonne semaine, j’ai réalisé le premier des nombreux excès autorisé par le festival : l’achat de vêtements, et plus particulièrement, celui de chaussures et de robes. Comprenez-vous, il me fallait bien une belle robe pour monter les marches et me pavaner sur le tapis rouge. Et puis des escarpins qui vont avec, sinon de quoi aurais-je l’air ? Et d’ailleurs, pendant que j’y pense, il me faut une autre robe pour aller avec les sandales à talons achetées sur internet. Ce n’est pas forcément pour moi mais pour le festival de Cannes !

Mettre ensuite tous ces habits dans une valise. Réaliser qu’elle est trop petite, qu’il n’y a plus de place. Et voir que la moitié des affaires n’y sont même pas mises. Pour partir cinq jours, le bagage aurait pourtant dû suffire. Mais là, c’est Cannes ! Et je m’indigne du fait que les fabricants de bagages n’aient pas prévu d’en faire une spécialement pour le festival. C’est-à-dire, une qui serait plus longue, plus large aussi, avec des pochettes pour quatre-cinq paires de chaussures, un espace pour que les robes ne se froissent pas et avec une promotion : pour tout achat, le porteur de valise offert ! Bon, je crois que le plus simple est que je prenne une valise plus grande.

Puis, regardant la pluie tomber (la même qui se déchaîne en ce moment sur Cannes, décidément on en revient toujours au même sujet), je pense à ce que je ferai là-bas. Et particulièrement à ce que ferai à Cannes que je ne pourrai pas dans ma vie ordinaire. Si ! vous savez ! La vie de tous les jours, celle vers qui je vais revenir après ma semaine de strass, de paillettes et de projecteurs.

Tout d’abord, je désobéirai à l’un des préceptes parentaux qu’on nous inflige dès notre plus tendre enfance : je vais regarder des films toute la journée. Mais ce, sans traîner sur le canapé ! En allant au cinéma plusieurs fois par jour, en y accédant avec cette chère accréditation. Et je ne deviendrai pas insociable pour autant, comme on aime à penser des individus qui se prélassent devant leur télévision toute la journée.

Et au contraire ! Dans les files d’attente (assez récurrentes) à l’entrée des salles de cinéma, nous serons entourés d’amateurs du 7ème art, de journalistes généralistes ou cinématographiques. En être social qui se respecte, je me socialiserai et romprai ainsi avec une règle instaurée par la société, par laquelle on ne parle pas aux inconnus. Au festival de Cannes, « parler aux inconnus » est aisé : dans la rue, sur la croisette, au restaurant, dans les soirées. Il n’y a plus (ou moins) de règles d’inhibition. Et ce, parce que le festival, outre d’être un événement cinématographique de référence, est également un lieu de rencontres et de contacts.

À la fin de cette journée entièrement consacrée au cinéma, il y a la soirée entièrement consacrée… à la fête ! Mon accréditation me permettant d’entrer dans tous les antres des Bacchanales modernes, le choix du lieu risquera d’être compliqué. Mais comme à Cannes, la fête, c’est tous les soirs, je vais pouvoir essayer de nombreux endroits. (Oui oui, j’ai bien dit tous les soirs.)

Si je résume, qu’est-ce Cannes ? Un grand festival cinématographique, oui. Mais encore ? C’est le festival de tout. Le festival de tous les prétextes pour acheter des vêtements et des chaussures en quantité infinie, pour discuter avec n’importe quelle personne. C’est le festival de tous les excès, qui nous autorise à visionner des films toute la journée et à faire la fête tous les soirs. Et si nous faisions toutes ces choses dans la « vie hors-Cannes », nous serions qualifiés d’accros du shopping, de superficiels,  de paresseux, et j’en passe. Finalement, Cannes, c’est aussi le festival du « Tout est permis » !

 

Florine Garreau