Retour sur les moments forts de la première journée du Festival

Des photocalls, une montée des marches, et de la pluie  au rendez-vous de la journée d’ouverture de la 66è édition du Festival de Cannes!

Film d’ouverture oblige, la première conférence de presse sur un film en compétition : Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann avec en Guest star Leonardo DiCaprio, Carey Mulligan et Tobey Maguire ouvre les successions de conférences qui auront lieu tout au long du festival. Se ressent une équipe heureuse d’être à Cannes pour présenter son film. Leonardo DiCaprio signe quelques autographes avant d’entrer dans le Palais des Festivals pour la conférence.

Le rituel du Photocall ne manque pas à l’appel. L’équipe de Gatsby le magnifique se prête au jeu. Costume en deux tons pour Baz Luhrman, plus classique pour Tobey Maguire et Leonardo DiCapro, les actrices Carey Mulligan et Isla Fisher ont également opté pour la sobriété afin de se prêter au jeu des photographes.

C’est ensuite sous un torrent de pluie que toute l’équipe du film prend dans la soirée la direction du Palais des Festivals pour inaugurer la première montée des marches menant à la cérémonie d’ouverture où l’on a pu apercevoir Ludivine Sagnier ou Freida Pinto.

Sur la cérémonie d’ouverture, c’est tout en émotion qu’Audrey Tautou, maîtresse de cérémonie déroule son discours jusqu’à la présentation du président du jury Steven Spielberg. Standing ovation pour le réalisateur, très ému qui lancera un « mon dieu! » en français. Spielberg présentera à son tour les membres du jury : Nicole Kidman, Daniel Auteuil, Lynne Ramsay, Christoph Waltz, Vidya Balan, Cristian Mungiu, Ang Lee et Naomi Kawase.

S’ensuit un hommage au président du jury par une reprise de la bande originale du film du réalisateur La Couleur Pourpre par un chœur gospel.

La cérémonie se termine par Leonardo Dicaprio et Amitabh Bachchan montant sur scène pour déclarer ouverte la 66ème édition du Festival de Cannes !

Mud – Sur les rives du mississippi

Petit retour sur Cannes 2012 avec Mud – Sur les rives du Mississippi.

Jeff Nichols a qui l’on doit le magnifique Take Shelter en 2011, nous présente l’histoire de Ellis et Neckbone, 14 ans, qui découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’Arkansas ?

On suit les aventures de deux enfants confrontés au monde des adultes. Nous sommes au niveau des enfants, partagé entre leurs croyances, leurs rêves et la réalité. Ce film navigue entre le film d’apprentissage, le drame et le polar. Comme le film sillonne sur plusieurs genres, il nous permet de traverser plusieurs stades envoûtement et romantisme, brutalité et innocence. Le Mississipi est un personnage du film, on le voit sous toutes ces faces à tous les moments de la journée. Contrairement à Shotgun Stories et Take Shelter, il y a plus de personnages et plus d’intrigues secondaires.

Superbe mise en scène, les mouvements de caméra suivent les mouvements du fleuve. La mise en scène est maîtrisée. Les acteurs sont excellents, mention spéciale pour Matthew McConaughey qui est parfait dans le rôle de ce péquenaud amoureux transit et un peu naïf.

Aucune récompense à Cannes l’année dernière, allez savoir pourquoi. Mais le film est encore en salle.

L’Affiche de la 66ème édition

L’affiche de la 66ème édition du festival se dévoile en animation…

Mettant en scène Joanne Woodward et Paul Newman lors d’un baiser vertigineux, elle est tirée du film « A new kind of love » de Melville Shavelson dont voici l’affiche originale :

Un film de 1963 qui raconte un chassé-croisé parisien et amoureux entre Samantha Blake, une jeune styliste, et Steve Sherman, un reporter qui vient enquêter sur le milieu de la mode. A découvrir ou à redécouvrir pour tous les amateurs de cinéma… et de ce couple mythique. Un avant-goût ici :

 

 

 

« Quelques heures de Printemps »… avant la délivrance

C’est parfois difficile de parler aux gens que l’on aime. Difficile de faire le point sur les bonnes et mauvaises actions de sa vie, et de savoir que, de toute façon, on ne peut pas revenir en arrière. « Quelques heures de Printemps » est l’histoire d’une relation mère-fils dont on ne connait pas le passé mais qui est chargé, on le devine. Chacun chargé d’un fardeau et après plusieurs mois, ils se retrouvent : Yvette (Hélène Vincent) a un cancer, et a décidé de planifier sa mort. Alain (Vincent Lindon), le fils tout juste sorti de prison, retourne vivre chez sa mère pour tenter de se reconstruire.

Lien

Le loup dort derrière les repas silencieux, les regards qui s’évitent, les banalités du quotidien. Entre la mère et le fils, il y a un volcan qui menace à chaque seconde de s’activer. Ce qui les rassemblent : le chien d’Yvette, et son voisin Monsieur Lalouette (Olivier Perrier), deux êtres aimés par la mère et le fils. Vincent Lindon, c’est ce grand cœur qui souffre. Seule alternative : l’agressivité, les mots durs qui achèvent sa mère, elle qui ne saura jamais lui parler d’autre chose que de son manque de savoir-vivre et ses erreurs du passé. Alain ne sait pas parler non plus. Derrière leurs « caractères de con », la conscience d’avoir échouer.  Alors Alain se contentera d’accompagner sa mère au bout de la vie, parce que c’est déjà ça. Elle ne lui demande pas mais n’attend que ça. Il aura toujours ce regard triste, ni aimant, ni haineux, juste résigné. Ce n’est certainement pas lui qui pèsera sur les choix de vie de sa mère, il n’essaie même pas. Il sait juste qu’il doit être là. Non pas parce qu’il comprend, ou parce qu’il a oublié le passé, mais juste parce que c’est sa mère, et qu’il l’aime, incontestablement, tout comme elle l’aime. Le passé, aucun flash-back pathos et boiteux ne le fera découvrir  au spectateur. On ne rejoue pas les malheureux épisodes d’une vie de famille, on n’essaie pas de trouver des excuses. Stéphane Brizé a choisi le moment d’une vie, celui qui n’efface pas les blessures mais qui compte plus que tout à cet instant précis.

« Jusqu’à la dernière minute vous pouvez changer d’avis »

« Quelques heures de Printemps », c’est aussi un positionnement très affirmé sur l’euthanasie. Hélène doit aller en Suisse pour pouvoir mourir. Les personnes qui l’accompagnent dans sa démarche lui demandent à nouveau ses « motivations », la questionnent sur ses croyances, tentent d’ouvrir la brèche qui lui fera faire marche arrière : « Jusqu’à la dernière minute, vous pouvez changer d’avis » lui précise-t-on.  Mais si les sanglots d’Hélène traversent les murs de la chambre de son fils, elle est sûre de ses choix. Les magnifiques montagnes suisses sous l’œil de Stéphane Brizé, Vincent Lindon conduit alors sa mère vers la mort qui a belle allure. Ce n’est que dans les dernières secondes que mère et fils tomberont dans les bras l’un de l’autre pour une étreinte faite de tremblements et d’un ultime message d’amour. Le premier et le dernier.

Vieux

La population est vieillissante. On ne l’entend que trop. Il y a là pour les cinéastes une source d’inspiration qui a été largement récompensée à Cannes : « Quelques heures de Printemps » n’est en effet pas sans nous rappeler « Amour », la palme d’or 2012. Michael Haneke abordait les thèmes de la vieillesse et de la mort, avec des plans d’une simplicité déconcertante, ceux qui montrent la vie, et l’amour. Devant le film de Stéphane Brizé, armez-vous de mouchoirs et prenez cette claque déconcertante. Saluez le jeu si juste de Vincent Lindon et d’Hélène Vincent. L’acoustique parfaite des non-dits, de cet on-ne-sait-quoi qui brise la gorge et empêche l’amour de s’exprimer. Et dans un peu moins d’un mois, si vous avez aimé « Quelques heures de Printemps », ne manquez « Amour » sous aucun prétexte.

Broken, devenir Adulte

Il faisait partie de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes. Une sélection parallèle qui révèle chaque année quelques chefs-d’oeuvre. Malheureux étudiants que nous sommes, à Cannes nous avons du faire des choix et l’impasse sur certains films. Broken, de Rufus Norris, fait partie de ceux que nous n’aurons pas eu la chance de voir en avant-première mais qui mérite largement une place de choix sur Clap 8 ! Séance de rattrapage.

Cassure d’enfance

La perte d’innocence : on a beau tenter le passage en douceur, c’est parfois brutal et traumatisant. Souvent ce n’est pas un moment, mais une langueur faite «de moments tristes et de moments heureux » comme le père avocat, Archie, imagine la vie de sa fille d’une dizaine d’années, Skunk. Broken, c’est cette cassure entre enfance et brutalité du monde Adulte. La perte d’innocence d’une gamine de banlieue, Skunk Cunningham (Eloïse Laurence) qui va devoir faire face au tourbillon infernal de la vie. C’est est une enfant constamment étonnée et étonnante. Ni jolie, ni laide, un peu garçonne mais pas tant que ça. Une gamine intelligente, vivante, drôle, joueuse, avec pour seules contraintes de vie son diabète et un père relativement absent, mais très aimant. Sa plus grande crainte est encore la rentrée en classe de 6e et sa plus grande tristesse celle de ne plus pouvoir tutoyer son ami (Cillian Murphy), compagnon de sa nourrice à la fois mère et amie, devenu son professeur. Mais elle va vite tourner cette relation en jeu, seul moyen de contourner les vexations : si elle doit se plier aux règles du vouvoiement alors il faudra qu’elle aussi devienne  «Mademoiselle Cunningham», et non « Skunk » dorénavant ! La stratégie bien rôdée lui donnera le sourire, mais c’est tout. Parce qu’à 10 ans, on ne maîtrise rien. Jeux et bienveillance vont bientôt laisser place à des violences en chaîne, un tourbillon infernal engagé par un triste dérapage. La malsaine surprotection d’un père envers sa fille va entrainer une fausse accusation de viol, trois vies détruites et Skunk un pied dehors, un pied dedans, comme observateur fragile de la déchéance de son quartier. Elle n’est jamais au centre des violences mais toujours assez proche pour se sentir concernée. Jusqu’à ce qu’elle soit fatalement prise pour cible, elle aussi.

Comment lutter ?

Tim Roth embrasse le rôle d’Archie, le père de Skunk, irréprochable père de famille, ce qui ne donne que davantage de crédit à la thématique abordée par Rufus Norris. Comment prévenir la naturelle perte d’innocence ? Comment être honnête et protéger à la fois ? Faut-il inventer une explication logique à une suite d’évènements qui n’en n’a aucune, juste pour rassurer ? Relation fraternelle, amourette, décharge automobile et «repaire» sur terrain vague seront les refuges de Skunk. Mais bientôt, la réalité finira par tout lui dérober, même ces bouts d’amour et de divertissement. Elle contemplera incrédule un chemin pauvre, miteux, glauque au bout duquel elle devra faire un choix : le courage de la conscience ou la fuite. Eclairages et lieux de tournage donnent au film sa couleur de miel et sa dimension pop servie par une musique splendide, signée Damon Albarn, fondateur des groupes Blur et Gorillaz. Broken, c’est un petit bijou sensible et terriblement révélateur de la Vie qu’il faut s’empresser de découvrir.

 

« The We and the I » Gondry le retour !

« The We and the I », le nouveau Gondry !

 

C’est un peu l’ovni dans la filmographie de Gondry.

On pourrait croire que Cannes cette année avait un mot d’ordre : le road-movie.

Faut croire que le tournage dans un habitacle est à la mode.

C’est un film dérangeant qui peut plaire ou non.

 

Je m’explique, Gondry est unique dans son genre, sa poésie est unique et reconnaissable pourtant il y a quelque chose dans ce film qui est complètement diffèrent de la marque de fabrique de Gondry.

 

Film d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs et dernier film projeter en avant-première du festival Paris cinéma. « The We and the I » arrive et chamboule tout.

Le film se passe dans un bus dans le Bronx, c’est une bande d’ado qui rentre chez eux, c’est le dernier jour avant les grandes vacances, c’est donc l’effervescence dans le bus.

Pour ma part je pense qu’il aurait été plus pertinent en court métrage.  Au début du film on prend connaissance de l’ensemble des passagers, un certain malaise se crée et on en arrive à  détester les personnages. Plus le film continue, plus on à envie qu’il arrive au générique et pourtant on reste scotché. Les personnages se livrent difficilement, le spectateur se doit de faire un effort pour comprendre. Mais c’est un film qui porte à l’âme et puis, Gondry ne fait jamais dans la facilité.

Si vous voulez recevoir une claque, allez y mais armez-vous de patience car il en faut.

 

Pour l’anecdote lors de l’avant-première du film au festival Paris cinéma le réalisateur devait venir à la fin de la projection pour un débat avec le public mais il n’a pu venir car le tournage de « l’écume de nos jours » a duré un peu plus longtemps que prévu. Le producteur du film a donc fait avec les moyens du bord à la manière du réalisateur et le débat a pu se faire grâce à un IPhone et un micro. Comme quoi tout est possible.

 

 

Michel Gondry : «Au sein d’un groupe, les valeurs changent»

 

Hélène VAUTIER

Après Cannes voila Paris

 

La différence entre le festival de Cannes et le festival Paris cinéma : c’est le partage.

 

Le festival Paris cinéma est un événement qui certes n’a pas autant d’ampleur que Cannes mais qui rassemble quand même beaucoup de monde depuis maintenant 10 ans.

 

Cette année que de beaux hommages tels que Raul Ruiz, Leos Carax, Olivier Assayas.

De grands événements comme la nuit Johnnie To ou le ciné mix de Jeff Mills. Sans oublier le ciné-karaoké au 104 ou la Brocante du cinéma.

 

Encore une fois pari réussi, de nombreuses avant-premières, de nombreuses tables rondes et masterclass. C’est bien le festival de la rencontre !

 

Si vous avez manqué Cannes alors Paris vous à offert des petites séances de rattrapages comme avec le film d’ouverture « Holy Motors », les avants premières « La chasse » ou encore  » Renoir » ou même « Amour »,  » A perdre la raison », « Confession d’un enfant du siécle »  » Laurence Anyway » ou même  » The We and the I » sans parler du film en compétition « Beyond the hill ».

 

Le festival paris cinéma a rendu un grand hommage au cinéma Hongkongais  en présence de grandes personnalités tel que de Johnnie To ou bien encore Yuen Wo Ping.

 

Personnellement mes plus belles rencontres reste Denis Lavant, Leos Carax, Edgar Ramirez qui n’est pas désagréable à regarder de même pour Melvil Poupaud sans oublier Sam Ho critique et ancien programmateur de la Hong Kong Film Archive qui est un homme charmant, j’ai bien du mal à parler anglais mais baragouiner deux ou trois mots avec lui fut un plaisir.

 

Quand on voit la programmation et l’engouement de ce festival on se demande bien ce qu’il y aura l’année prochaine !

 

Alors restez attentif et à l’année prochaine !

 

http://www.pariscinema.org/

 

Hélène VAUTIER

Después de Lucía

Une histoire d’une réalité brute, une image des adolescents digne de « Lord of the Flies ». Visionner un film comme « Après Lucía » donne carrément l’impression d’avoir un « avant » et  « après » autour de cette expérience.

Le deuxième film mexicain qui a crée des discutions à Cannes s’est annoncé dans la sélection pour « Un certain regard ». Pourtant il reste à l’opposé de « Post Tenebras Lux », puisque les réactions ont été plutôt positives malgré le sujet qui ne semble pas du tout optimiste. Il s’agit donc du déménagement d’un père de famille et sa fille après la mort regrettable de la figure maternelle cachée, Lucía. Roberto et Alejandra, les deux personnages principaux semblent alors être dans un état particulièrement sensible,  lui ayant des crises de solitude pendant qu’elle, dans un pacte silencieux avec soi-même, refuse de discuter sa condition avec ses proches.

Une fois arrivée dans son nouveau lycée, Alejandra réussit bientôt se faire remarquée parmi les élèves les plus « populaires » de l’école. Dans un essai d’intégration, elle participe à une « house party » où elle fait l’erreur (pseudo-voulue) de se laisser filmée en faisant l’amour avec un garçon du groupe, José, la « propriété » d’une autre fille du groupe. Dans des circonstances inconnues la vidéo devient virale dans l’école et le vrai cauchemar s’installe dans la vie déjà troublée d’Alejandra. On retrouve la preuve de la méchanceté dans son état pure, collée à une frustration qui ne cessera pas que dans les 10 dernières minutes.

Un vrai système d‘ hommages se met alors en place : de la part de Roberto, le père qui, malgré être dans un sale état de dépression est toujours là pour soutenir sa fille ; plus marquant, de la part d’une jeune fille qui se laisse moquée dans les pires conditions pour soulager son père. Alejandra est exposée à des épreuves de torture pure cause de ses faux amis pour une erreur infantile. Cependant, elle ne semble jamais perdre sa candeur, sa fierté et sa dignité. On la voit toujours la plus proche de nous, métaphoriquement mais aussi physiquement dans un gros plan sublime (le seul, d’ailleurs), le reste des personnages se perdant dans l’énorme profondeur de champ choisie par Michel Franco.

Le film touche l’apogée lors d’un voyage de classe à  Veracruz où l’empathie pour Alejandra ne peut pas aller plus loin, et on est donc prêts de la quitter et la laisser chercher son indépendance. Chargé de la justice (un choix inattendu de soulagement par Franco qui desservit aussi le poste de scénariste) Roberto calme l’atmosphère  par une activité qu’autrement semblerait immorale.

Un goût amer n’est pas forcément associé à une expérience amère. On pourrait donc conclure que le mythe de Lucía sommes nous, les spectateurs. Franco nous met dans une position privilégiée qui mérite d’aller voir son film dans une salle de cinéma puisqu’on sortira sûrement avec « Un Certain Regard » dans la poche.

Courts métrages : nos coups de coeur

Comme nous l’avons déjà évoqué, le jury du festival a décidé de récompenser l’œuvre de L.Rezan Yesilbas pour son court-métrage Sessiz-be deng. Déception ? Oui, notre palmarès était tout autre !

Parmi les courts-métrages qui, selon nous, méritaient d’être récompensés :

 

YardBird de Michael Spiccia

Jusqu’ici réalisateur pour la publicité (notamment pour Publicis), Michael Spiccia se lance dans le cinéma et frappe un grand coup. Le rythme s’impose dès les premières images et l’immersion est instantanée. Au cœur du scénario, une jeune fille dont le prénom nous est tut, tout autant que sa voix, puisque aucun mot ne sortira de sa bouche au cours de ces 13 minutes. Son mutisme très parcimonieux renforce les traits tourmentés de ce personnage qui semble oppressé. Oppressée par la vie, oppressée par le personnage qui semble être son père, mais aussi oppressée par autre chose, quelque chose de supérieur et que nous percevons mal. Ce sixième sens, que semble posséder la fillette lui « offre » accès à la détresse des autres et l’empêche d’y rester indifférente. Mais comment pourrait-elle survivre à ce terrible et inhumain fardeau sans un appui, une force elle aussi surhumaine ? Un conseil, si son nez commence à saigner de façon impromptue, courez. Et vite.
Avec son rythme entraînant, ce court métrage nous tient en haleine du début à la fin et livre un spectacle charmant, notamment grâce à ses effets spéciaux particulièrement réussis. Bref, une reconversion réussie.

 

The Chair de Grainger David

Ce court-métrage, certains le détesteront à cause de la voix du jeune acteur Khari Lucas, qu’ils jugeront monotone tout au long du film, ou à cause d’une thématique reprise des grosses productions à l’américaine : une épidémie s’empare de la population et fait des ravages. Nous, on a adoré. The chair est original, poétique, et très esthétique. L’histoire progresse autour de la mort de la mère du jeune garçon, emporté par une moisissure empoisonnée, une épidémie dont on ne connaitra pas l’origine mais les conséquences sur la vie des gens. Et surtout, la souffrance silencieuse du garçon qui s’interroge sur la nature et sa suprématie sur l’homme, sur tout ce monde qui grouille sous terre et qui s’infiltre dans les corps humains. Les plans sont magnifiques, la voix platonique, à l’image d’un chaos inexplicable. La dernière scène : le fauteuil moisi brûle au bord de l’eau, devant le garçon et sa grand-mère qui espèrent que le geste symbolique anéantira l’épidémie. Enfin une production qui invite à l’humilité en imaginant l’épidémie à travers des yeux innocents, impuissants et non pas au travers de ceux qui parviendront à la combattre.

 

Chef de meute de Chloé Robichaud

Dans un tout autre style, le court métrage Chef de meute réalisé par Chloé Robichaud a su tirer son épingle du jeu. Préférant une trame humoristique à une thématique dramatique, ce film est une bouffée d’air frais, après une sélection traitant de sujets particulièrement durs. Trentenaire célibataire, Clara subit quotidiennement les moqueries de sa famille sur son statut de vieille fille. A la mort de sa tante, cette dernière se voit hériter du chien de la défunte. Le problème ? Clara, habituée à ne s’occuper que d’elle-même a du mal à supporter ce nouvel habitant qui vient chambouler sa vie. Dans ce film, qui joue sur l’opposition de ces personnages, la réalisatrice nous fait agréablement rire ! Les répliques fusent et les contextes familiaux nous rappellent des scènes quotidiennes de manière exagérée et décalée. Le tout est justement interprété, et l’accent québécois des acteurs, totalement irrésistible, participe au charme de ce joli court-métrage.

 

Josué, Aurélie  & Audrey