8h30 Chrono

Il ne faut pas se faire d’illusions ! Ne vouez pas votre confiance absolue aux images que vous pourriez voir de ci de là et qui dresseraient un tableau à forte sémantique vacancière. Et bien non, figurez-vous qu’être festivaliers, ce n’est pas de tout repos.

Petit jeu de vrai ou faux pour savoir ce qui fait une vraie journée de festivalier.

[learn_more caption= »La Grasse Mat’ « ]

FAUX !

Chaque matin, il faut être connecté à 8h30 pour s’inscrire aux séances qui nécessitent une invitation. Pour cela 3 solutions :

1. Au palais du festival, connexion sur les bornes libre-accès.

Public : Levés à 7h pour être fins près à l’heure fatidique…Eux ils sont vraiment motivés.

2. Dans la salle du petit dej’ de l’hotel, connexion sur PC ou sur les applications mobiles.

Public : Les réveils respectifs s’échelonnent entre 7h30 et 8h28. A tendance un peu geek, ce public se lève plus ou moins tard selon son niveau sur l’échelle du geek.

3. Dans le lit, aucune connexion avec l’extérieur, finition des rêves et du capital sommeil.

Public : No stress, il reste les séances avec badges !  [/learn_more]

[learn_more caption= »Se coucher tôt « ]

FAUX !

Le couvre feu, ce n’est pas pour nous. Le retour au bercail pour le feuilleton du soir, encore moins. Habituellement, le pourtant bien mérité repos, se fait longuement désirer. A l’heure où le reste de la France se sustante de leur intellectuelle série de début de soirée, à Clap8, la part belle est faite à la douche, au smoking ou à la robe de soirée, au noeud papillon ou au maquillage en prévision de la projection de 22h30.
Montée des marches, projection, debriefing avec nos chers professeurs, after pour fêter le succès du film (ou oublier son existence, au choix), le programme est bien trop chargé pour envisager rejoindre les bras de Morphée avant 3h voire 4h du matin. Le tout, dans l’attente d’un réveil qui respecte les règles de la partie précédente, of course !
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[learn_more caption= »Plus de batterie  « ]

VRAI !

Il est évident qu’en bons étudiants d’InfoComm’, nous sommes équipés en tant que tels ! Nos smartphones en bons compagnons de poche, nous arrosons abondamment les réseaux sociaux de récits illustrés de nos aventures provençales au plus grand désespoir de nos « followers ». Inconvénient majeur : cette utilisation intensive provoque la fonte comme neige au soleil de la batterie de nos bijous de technologie. Du coup, pour éviter de devoir survivre de 18h à à 1h du matin sans téléphone, ce qui reviendrait à nous amputer de cette extension de cerveau, nous développons de nouvelles parades sur mesure. Première solution de base, recharger son téléphone toutes les nuits et ne le débrancher qu’en quittant la chambre. Seconde solution : toujours avoir son chargeur sur soi et squatter un café entre deux séances pour recharger. Solution d’ultime détresse : ETEINDRE son téléphone pendant les séances ! Mais ça c’est vraiment en cas de force majeure.
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[learn_more caption= »Prendre un verre avec les profs « ]

VRAI !

Il est minuit, Clap8 se laisse porter par la calme et délibérante foule pour quitter le Théâtre Louis Lumière. Mais le festival ne serait pas LE festival si le retour à la case hôtel était immédiat. Après tout, nous sommes à Cannes ! Alors l’objectif numéro un : retrouver nos profs qui nous attendent à la sortie pour aller savourer un Mojito au Grand Hôtel ou au Martinez en debriefant le film. Normal non ?
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Voilà, j’espère que vous voyez un peu mieux en quoi consistaient nos belles et sportives journées cannoises !

The Central Park Five : Wilding ?

 

.. Burns est bien évidemment passionné par les droits civils, et il attribue la condamnation du Central Park et l’hystérie entourant le crime, au racisme de la société systématique et généralisée

Auteur du monumental « The Civil war », le documentariste Ken Burns vient de réaliser avec sa fille Sarah Burns (auteur du livre de cette affaire) et David McMahon, « The Central Park five », relatant une terrible erreur d’affaire judiciaire situé à New York en 1989, qui a bouleversé toute l’Amérique à peine sortie du combat contre la ségrégation. La vie et l’entourage de plus précisément, cinq jeunes de 14 à 16 ans, vont être renversés. Réputé grâce à ses documentaires « La guerre civile » ou « La Guerre », l’Américain Ken Burns relate à travers ce film documentaire un combat inéquitable, celui qui oppose le système judiciaire américain à cinq jeunes adolescents noirs et hispaniques, accusés à tort du viol d’une joggeuse à Central Park en 1989, c’est alors que l’on comprend que Ken Burns a abordé en globalité, l’histoire des Etats-Unis sous l’angle de la « race ».  En deux heures denses, le réalisateur retrace les différentes étapes de cette effroyable erreur judiciaire. Les analyses ADN ont beau disculper les accusés les jeunes adolescents, ils seront tout de même condamnés et emprisonnés. Et même les aveux du véritable coupable, quelques années plus tard, ne suffiront pas à faire changer d’avis quelques journalistes aveuglés par leurs préjugés. De nombreux intervenants, des archives éclairantes, pas d’effet superflu : tel est le choix de Ken Burns, qui a co-réalisé ce The Central Park Five (présenté à Cannes en Séance spéciale : « Un certain regard »). Une sobriété du traitement qui n’empêche pas l’émotion. C’est le talent des bons documentaristes de savoir trouver le cinéma, de créer l’information dans le réel. Les réalisateurs ont bénéficiés des services de récits de chaque adolescents qui ont aujourd’hui la trentaine  et qui dessinent leur portraits extraordinairement précis d’eux-mêmes, qui évoquent aussi bien ce qu’était la vie d’un jeune d’Harlem.

Tant d’indignation dans le traitement de ces jeunes new-yorkais, en particulier lors du verdict de la justice, où je ne vous cacherai pas, ont coulé des larmes de colère.

 

 

Paradise Liebe – Ulrich Seidl

Ce n’est pas tant l’exotisme des décors que Teresa et ses amies viennent chercher lors de leurs vacances au Kenya que celui des hommes. Ulrich Seidl dénonce dans Paradise Liebe le commerce sexuel et les clichés ravageurs dont font preuve les occidentales entre deux âges qui viennent ici dans le seul but de s’offrir un peu de plaisir. Mais ça ne prends pas, la visée n’est pas affirmée et la litanie de stéréotypes racistes finit par lasser, de même que ces images continuelles de nudités, jeunes corps noirs bien faits contre chair blanches flasques. On se demande quel est l’intérêt de cette exhibition et quelle part réelle elle apporte au film. Le scénario est léger, la construction hasardeuse. C’est dommage car l’idée de montrer la réalité nue, la misère sociale, la solitude, l’angoisse des corps vieillissants, qu’on ne regarde plus, d’entendre la voix triste de ces femmes qui ne s’appartiennent plus et qui cherchent – au delà des caresses sur leurs rondeurs – un regard sur elles, qui les ferait exister – cette idée là est forte mais mal exploitée. On retient néanmoins quelques scènes : la délimitation sur la plage entre les clientes occidentales et la ligne immobile des vendeurs noirs qui attendent qu’elles franchissent la petite barrière pour les aborder, image évidente du fossé qui sépare ces deux univers si éloignés ; le rire éclatant de Inge Maux alias Teresa qui l’embellit soudain et laisse percer, un instant, la femme tendre derrière ses airs cynique de néocolonialiste assumée ; la mer, l’horizon, qui s’étendent et qu’on ne peut toucher, à l’image du sentiment que Térésa cherche à tout prix dans le lit des hommes noirs ; sentiment qu’elle ne trouve finalement jamais.

The Angels’ Share

A Glasgow, Robbie, jeune père de famille est sans cesse rattrapé par son passé de délinquant, lorsqu’il croise la route d’Henri, éducateur dans le cadre de ses travaux d’intérêt général. Ce dernier initiera en secret Robbie et la petite bande de délinquants qui l’accompagne, à l’art du Whisky. Robbie se découvre alors un don. Va-t-il le transformer en arnaque ou en un avenir plein de promesses ?

Ken Loach revient avec une jolie comédie douce-amère, toujours soucieux d’exposer les réalités sociales. Il nous parle avec son humour anglais d’une jeunesse écossaise qui se cherche, se rebelle, et se trouve. Au travers d’un « Roi Arthur’ des temps modernes, en quête de son Saint Graal et entouré de ses chevaliers, Ken Loach réussit enfin à nous faire rire, au milieu d’une sélection cannoise assez dure. Et si The Angels’ Share restera un film mineure de sa filmographie, le réalisateur britannique remporte son pari d’aborder ce thème sensible avec légèreté et s’impose comme l’un des réalisateurs majeurs de Grande Bretagne. C’est en tout cas l’avis de Nanni Moretti et son équipe, qui décident de récompenser le film par le Prix du Jury. Cheers !

« Amour » ou l’évidence de la Palme d’or !

Quel talent !

Le réalisateur autrichien Michael Haneke nous livre encore un grand moment de cinéma ! Son film « Amour » est le Grand gagnant de ce festival avec l’attribution de la Palme d’or. Et ce serait peu dire que ce choix est mérité.

D’ailleurs Jean-Louis Trintignant lui même l’a dit, « Haneke est l’un des plus grands cinéastes du monde ». Son film « Amour » conte la difficile vieillesse d’un couple. Personnages magnifiquement interprétés par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, tous deux respectivement âgés de 81 et 85 ans. Ces deux acteurs qui ont traversé l’histoire du cinéma marqueront à jamais la 65ème édition de ce Festival de Cannes.

Il est vrai qu’ils sont l’essence de ce film. Ils l’ont fait à tel point que le spectateur pense assister à un scénario réel. La beauté de ce film se trouve dans le souci de réalisme que le réalisateur nous présente. Le spectateur s’attache tout de suite aux personnages et est touché par les malheurs dont ils sont les cibles. L’histoire ? Un mari amoureux qui accompagne attentivement son épouse qui s’en va vers la mort. Rien de plus touchant que de voir un homme se dévouer à la seule femme qu’il n’a jamais aimé et cela jusqu’à la fin et surtout au détriment de sa propre vie. La performance des deux acteurs est sublime et a d’ailleurs été salué par le président du jury Nanni Moretti qui a insisté sur leur « contribution fondamentale ».

Michael Haneke avec cette deuxième palme d’or, la première remporté en 2009 avec son fil « Ruban blanc », a réussi son pari de marier maîtrise technique et émotion authentique. Il rejoint ainsi Francis Ford Coppola, Bille August, Emir Kusturica, Shohei Imamura et les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne au rang des cinéastes ayant reçu deux fois le précieux trophée.

L’émotion du film a d’ailleurs été présente lors de la cérémonie de remise des prix. Le réalisateur et ses acteurs principaux tous réunis sur l’estrade ont ému la salle. Monté sur scène sous une pluie d’applaudissements Michael Haneke s’est vu accompagné de ses deux acteurs malgré une difficulté à se déplacer. Leurs discours ont bouleversé la salle surtout celui du réalisateur qui a définit ce film comme une promesse qu’ils se sont faits avec sa femme. Jean-Louis Trintignant quant à lui a fait couler quelques larmes du fait de sa fragilité et de la fin de son discours qui cite Jacques Prévert : « Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ? ».

Alors certains seront peut-être déçus, d’autres vont sans doute le trouver lent ou encore long mais une chose est sûre, l’amour sans être dit est représenté par des gestes qui en émouvront beaucoup plus.Le spectateur sera pris aux tripes !

Cependant, pour avoir la chance de le découvrir dans les salles, il faudra attendre le 24 Octobre prochain… alors bon courage !

Les courts métrages de Cannes 2O12

Le réalisateur turc L.Rezan Yesilbas, âgé de 34 ans, s’est vu décerné le prix du meilleur court-métrage pour « Sessiz-Be Deng » autrement dit « Silencieux ». Le film retranscrit l’histoire d’une femme qui en 1984, à Diyarbakir cherche à rendre visite à son mari alors emprisonné. Pour ma part, je ne suis pas de l’avis du jury ! Mais qui suis-je pour me permettre de porter un jugement sur sa décision ? Seulement une étudiante qui souhaite apporter son point de vue vis à vis des court-métrages qui lui ont été proposés durant le Festival. Et le gagnant ? Je me suis ennuyée et n‘y ai pas été réceptive du fait sans doute de sa lenteur et de son manque d’émotion. Pour les autres courts-métrages à l’affiche, ce fut le contraire car ils proposent un partage de sensations très plaisant pour le spectateur ! Mais lesquels sont-ils ?

Parlons d’abord du court métrage  « Cockaigne » d’Emilie Verhamme qui nous plonge au cœur d’une histoire dotée d’un souci de réalisme impressionnant. Le spectateur se retrouve face à une situation qui pose des questions sur l’immigration. L’histoire est celle d’un Ukrainien qui décide de quitter son pays avec ses deux fils pour s’installer à Bruxelles. Leur espoir ? Y trouver une vie meilleure. Cependant, dès leur arrivée, ils déchantent et réalisent que la vie est bien plus dure qu’ils ne le pensaient notamment du fait du manque de solidarité entre les immigrés. L’immigration : un sujet au cœur de nombreuses préoccupations.

Autres sujets d’actualité, la pauvreté et la précarité qui touchent beaucoup plus d’individus que ce que l’on croit. « Night Shift » de Zia Mandviwalla retranscrit de manière réelle les conditions difficiles d’une femme vivant dans sa voiture avec ses deux filles. En période d’essai pour un emploi de nuit comme « femme de ménage » au sein d’un aéroport, le film nous montre comme il lui est difficile d’avoir une vie sociale, de nourrir sa famille, de se laver, de garder son emploi …  Autant de situations qui ont réussi à émouvoir le spectateur et qui mettent en avant le sentiment d’inquiétude qu’il véhicule.

Quand à Michael Spiccia, il crée la surprise avec « Yardbird » grâce à son personnage central. Une jeune adolescente qui possède un pouvoir surnaturel et qui s’en sert pour protéger les siens! Une histoire fantastique qui réveille le spectateur en l’étonnant.

Je ne vous en dis pas plus mais vous laisse découvrir ce court-métrage ainsi que les autres avec nos coups de cœur. Humour, réalisme et originalité seront au rendez-vous…

Rencontre avec Reza Serkanian, réalisateur et sélectionneur Cannois

Membre du comité de sélection Acid (Association de Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) du festival de Cannes, nous avons rencontré Reza Serkanian, qui nous livre son parcours et son point de vue sur le festival de Cannes 2012.

Il a 17 ans quand il réalise son premier court-métrage, et en a réalisé une quinzaine depuis. Il a intégré une école de cinéma en spécialité de chef opérateur d’images alors que son expérience dans le court-métrage était déjà étendue. Pour le projet cinématographique à rendre à la fin de ce cursus, il avoue avoir présenté un de ses court-métrages réalisé avant son entrée dans cette école… Pas peu fier de sa supercherie, Reza Serkanian aura impressionné le jury de cette école et plus tard celui de la sélection d’Acid  pour Cannes 2011, avec son premier long-métrage présenté en film d’ouverture d’Acid. Côté distribution, l’association a permis à son film d’être montré d’abord à une vingtaine de salles, pour en atteindre 110 quelques mois plus tard. Pourtant cette jolie ascension n’était pas gagnée : Entre l’idée de ce film et sa réalisation, Reza Serkanian s’est heurté entre autres aux difficultés de financement. S’il médite sur son projet  à partir de 2006, le tournage ne commence que fin 2009 grâce à un budget octroyé par le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée). Aujourd’hui, le réalisateur a fait du chemin et est heureux de faire partie cette année du comité de sélection d’Acid, qui fête en 2012 ses 20 ans, soutient des films d’auteur originaux et la plupart du temps à petit budget. Il soutient cette année un film israélien, « Charquya », présenté en film d’ouverture de la sélection Acid. Il plaisante en disant qu’il est devenu un « one man show », grâce à l’aide d’Acid : pendant 4 mois, il a participé à une centaine de débats publics sur « Noces éphémères » à travers la France.

Nous n’avons pas pu nous empêcher de lui demander qu’il nous fasse part de son sentiment sur les films de la sélection Cannoise. Le jour de notre rencontre, Reza Serkanian avait vu « Mud » de Jeff Nichols et « Do-nui mat » (The taste of money) d’Im Sang-Soo.  Déception pour les deux, qui ne méritent pas d’apparaître en sélection officielle selon lui : « Mud est un bon film mais vraiment pas passionnant, sans surprise et trop conventionnel pour mériter la sélection officielle de Cannes ». La désillusion est aussi forte pour «Do-nui mat », et pour la sélection de cette année plus généralement : sur les dix films qu’il a vu jusqu’ici, il constate que cinq ou six  jouent de la violence car ils ne parviennent pas à surmonter la plus grande difficulté d’un film méritant la sélection cannoise : «parvenir à faire quelque chose qui se tient pendant deux heures sans tomber dans la facilité, c’est-à-dire sans recourir au sexe et à la violence qui réveillent le spectateur, même inconsciemment ». C’est quand un film parvient à captiver Reza Serkanian dés le début mais qu’il « décroche » en cours de route qu’il dit se sentir trahi, comme si le réalisateur avait sali la confiance que le spectateur lui accorde…

Reza Serakanian va profiter de ses dernier instants à Cannes avant de retourner à Paris et de parcourir les campagnes françaises cet été pour réaliser un nouveau long-métrage qui portera sur le monde rural. On lui souhaite une belle réussite !

La soirée de clôture de la Quinzaine des Réalisateurs comme si vous y étiez !

L'affiche officielle de la Quinzaine des réalisateurs - 2012

Sorties de la Villa Inrocks, grisées par de délicieux cocktails aux couleurs multiples, nous nous dirigeons vers la Croisette. Il est 23h, la Villa Inrocks ferme ses portes, l’alcool vient à manquer. Contre toute attente, la Villa Inrocks n’est pas à la hauteur de sa réputation : ambiance familiale, bandes d’adolescents, mauvaise bière ; malgré un groupe présent et volontaire, l’ambiance ne décolle pas. Seuls le cadre et les mélanges vodka/vitamine water rattrapent l’ensemble.

Ayant en notre possession un pass de la Plage Orange, la suite de la soirée s’annonce pétillante… mais la désillusion ne se fait pas attendre, l’entrée nous est refusée. Nous errons comme des âmes en peine sur la Croisette, en quête de la soirée qui saura nous mettre des paillettes dans les yeux. Soudain, nos corps suivent le rythme d’une musique attrayante : sous le chapiteau de la plage de la Quinzaine, l’ambiance bat son plein. Une lumière violette, une foule déchainée et une file d’attente interminable qui se masse devant l’entrée très sélective : c’est la soirée de clôture de la Quinzaine des Réalisateurs, The plage to be ce soir là.

Un peu hébétées et naïves, nous ne savons pas quelle attitude adopter : se donner de la contenance ou passer notre chemin. Nous observons les aspirants à l’entrée, leurs comportements, leurs mines dépitées devant le refus continuel des videurs. Il semble évident que l’invitation est la condition sine qua non à l’accès tant désiré. Il nous la faut ! Nous sommes dépassées par quelques groupes d’élus, ayant le fameux sésame-ouvre-toi. Parmi eux, se trouve Brandon, un jeune homme affable et joyeux que Marie N. alpague sans détour. Euphorique de la victoire de Aqui y alla de Antonio Mendez Esparza – que ses amis et lui co-produisent – au grand prix de la Semaine de la critique,  il se porte rapidement garant de notre entrée.

Brandon ne ment jamais : quelques minutes plus tard et quelques mètres plus bas, nous dansons, une coupe de champagne à la main.

Nous sommes entrées à la soirée de clôture de la Quinzaine des réalisateurs !

Ici, les looks sont affirmés, les attitudes aussi. Nous sommes au cœur du petit monde du cinéma. Autour de nous : trois bars, une grande plage, un DJ, des fauteuils, du monde, du monde, du monde et du beau monde – nous reconnaissons Clotilde Hesme, premier rôle du film Trois Mondes de Catherine Corsini. La musique est entraînante, l’ambiance au top, et bien sûr champagne à volonté ! C’est impressionnant comme le contact s’établit facilement à l’intérieur, alors qu’à l’extérieur…

Les barrières tombent, nous dansons et discutons naturellement, nous nous mélangeons sans le savoir à des acteurs, producteurs, réalisateurs…

Quand nous ressortons, ivres de joie, de danse, de champagne, nous avons l’impression de faire partie de ce milieu privilégié, tout est à portée de main, les portes s’ouvrent devant nous, nous nous voyons déjà l’année prochaine écumer les plages de la Croisette, prendre une chambre au Martinez. Avec balcon. Avec vue sur la mer. Avec Léonardo. Avec Brad. Avec Johnny…

En gros, on s’est enflammées.

 

Marie Ravet, Marie Nguyen Phu Qui, Tiana Ranaivoson

« POST TENEBRAS LUX » : OSÉ/RECOMPENSÉ

Tenebras, le mot le plus long du titre, souvent manqué par les spectateurs, représente parfaitement l’état d’esprit, le goût ressenti pendant la projection du film..

Post Tenebras Lux (« Après les ténèbres, la lumière ») est un film OSÉ, c’est bien la thèse que je soutiens depuis le début. Synopsis : une petite famille (à deux enfants) habitant quelque part à la campagne au Mexique autour de laquelle on envisage toutes les ténèbres d’une génération : commençant  par des problèmes au niveau local (cauchemars des enfants, crises de violence, alcoolisme, soucis de mariage) et continuant par des problèmes au niveau global (destruction des forêts, maladies incurables, MST).

Loin d’être inclus parmi les films de la journée en cause (haut standard étant imposé par « Paperboy » et « 7 Días en la Habana »), Post… pose des problématiques dignes d’une vraie polémique cannoise.

Pour disséquer cette polémique, nous allons comparer les points négatifs et positifs de ce film, pour que vous soyez prêts à ce qui vous attend, et  que vous preniez le recul nécessaire pour regarder le film en entier sans se sentir perdu ou vexé.

D’abord il faut savoir que le choix du cadrage est assez spécial, l’écran prend une forme carrée, avec un effet pseudo-fisheye (un cercle focalisé qui rend les marges floutées, le passage se faisant en doublant l’image). Le scénario est surchargé d’idées et de symboles de manière que pour un débutant en cinéma le sujet devient presque incompréhensible. Cette stupeur de la part du spectateur pourrait être expliquée par deux raisons : d’un côté le film est une semi-autobiographie du réalisateur ou bien les liaisons entre les trois histoires remarquées par les changement de personnages qui sont mal liées. Parallèlement à l’histoire de famille on retrouve des scènes avec un pseudo-diable luisant qui vient déranger le sommeil du petit garçon, des rêves de la petite fille et, finalement,  entraînement d’une équipe de football scolaire anglaise.

Or, ce film n’a pas que des défauts. Le story-board en combinaison avec la direction de la photographie donnent des scènes qui coupent carrément le souffle : au début, les premières minutes du film constituant le rêve de la petite fille (qui se trouve sur un champ ouvert et est entouré par des animaux qui circulent sous un ciel menaçant) font surgir les mémoires d’enfance du spectateur et offrent un spectacle absolument merveilleux. Il y a aussi des scènes comparables au cinéma symboliste comme, par exemple, la mère entouré de ces enfants qui semble à la fois religieuse mais aussi bourgeoise. Par ailleurs, les idées infiltrées dans ce film, même s’il y en a trop peut-être, sont pas à ignorer : l’écologie (une scène époustouflante d’un arbre en pleine gloire en train d’être coupé), et la fin apothéotique d’une scène avec une catharsis sanglant qu’on vous laissera découvrir.

Possiblement le film le moins bien reçu à Cannes, mais chacun à son goût, on ne peut pas nier que le réalisateur(Carlos Reygadas) n’a été ni plus ni moins …qu’osé.

 

 

GUETTO PLAYA

 

Le Festival de Cannes c’est surtout la hiérarchie du badge, si t’en as pas, t’es un pauv’ type. Heureusement le Festival a pensé à toi, pauvre petit cinéphile sans badge, tu vas pouvoir participer à la magie du cinéma grâce aux séances sur la plage tous les soirs à 21h30 et accessibles au grand public. Pas d’exclusivité ( ça c’est seulement pour les badgés ) ici ce ne sont que des grands classiques : James Bond, Les Dents de la mer etc. Mais ça te permettra toujours d’occuper tes soirées plutôt que de prendre en photo les badgés qui montent les 24 marches tant désirées.

On redécouvre ces grands classiques avec délectation, les pieds dans le sable mais le festival nous offre une jolie surprise avec une soirée spécialement dédiée à des courts-métrage de jeunes réalisateurs du collectif Banlieuz’art. Parce que oui, le cinéma de la plage, c’est le guetto du festival.

Mais ne te fais pas d’illusions, ici la sélection naturelle fait loi. Les badgés sont installés dans des transats, chauffés par des plaids et toi, tu dois lutter pour ta survie et défendre ton petit carré de sable face à tes semblables non-badgés.

Bon film !

 

Lucie Miel, Sylvain Ducharne, Marion Clavière.