Après Cannes voila Paris

 

La différence entre le festival de Cannes et le festival Paris cinéma : c’est le partage.

 

Le festival Paris cinéma est un événement qui certes n’a pas autant d’ampleur que Cannes mais qui rassemble quand même beaucoup de monde depuis maintenant 10 ans.

 

Cette année que de beaux hommages tels que Raul Ruiz, Leos Carax, Olivier Assayas.

De grands événements comme la nuit Johnnie To ou le ciné mix de Jeff Mills. Sans oublier le ciné-karaoké au 104 ou la Brocante du cinéma.

 

Encore une fois pari réussi, de nombreuses avant-premières, de nombreuses tables rondes et masterclass. C’est bien le festival de la rencontre !

 

Si vous avez manqué Cannes alors Paris vous à offert des petites séances de rattrapages comme avec le film d’ouverture « Holy Motors », les avants premières « La chasse » ou encore  » Renoir » ou même « Amour »,  » A perdre la raison », « Confession d’un enfant du siécle »  » Laurence Anyway » ou même  » The We and the I » sans parler du film en compétition « Beyond the hill ».

 

Le festival paris cinéma a rendu un grand hommage au cinéma Hongkongais  en présence de grandes personnalités tel que de Johnnie To ou bien encore Yuen Wo Ping.

 

Personnellement mes plus belles rencontres reste Denis Lavant, Leos Carax, Edgar Ramirez qui n’est pas désagréable à regarder de même pour Melvil Poupaud sans oublier Sam Ho critique et ancien programmateur de la Hong Kong Film Archive qui est un homme charmant, j’ai bien du mal à parler anglais mais baragouiner deux ou trois mots avec lui fut un plaisir.

 

Quand on voit la programmation et l’engouement de ce festival on se demande bien ce qu’il y aura l’année prochaine !

 

Alors restez attentif et à l’année prochaine !

 

http://www.pariscinema.org/

 

Hélène VAUTIER

Después de Lucía

Une histoire d’une réalité brute, une image des adolescents digne de « Lord of the Flies ». Visionner un film comme « Après Lucía » donne carrément l’impression d’avoir un « avant » et  « après » autour de cette expérience.

Le deuxième film mexicain qui a crée des discutions à Cannes s’est annoncé dans la sélection pour « Un certain regard ». Pourtant il reste à l’opposé de « Post Tenebras Lux », puisque les réactions ont été plutôt positives malgré le sujet qui ne semble pas du tout optimiste. Il s’agit donc du déménagement d’un père de famille et sa fille après la mort regrettable de la figure maternelle cachée, Lucía. Roberto et Alejandra, les deux personnages principaux semblent alors être dans un état particulièrement sensible,  lui ayant des crises de solitude pendant qu’elle, dans un pacte silencieux avec soi-même, refuse de discuter sa condition avec ses proches.

Une fois arrivée dans son nouveau lycée, Alejandra réussit bientôt se faire remarquée parmi les élèves les plus « populaires » de l’école. Dans un essai d’intégration, elle participe à une « house party » où elle fait l’erreur (pseudo-voulue) de se laisser filmée en faisant l’amour avec un garçon du groupe, José, la « propriété » d’une autre fille du groupe. Dans des circonstances inconnues la vidéo devient virale dans l’école et le vrai cauchemar s’installe dans la vie déjà troublée d’Alejandra. On retrouve la preuve de la méchanceté dans son état pure, collée à une frustration qui ne cessera pas que dans les 10 dernières minutes.

Un vrai système d‘ hommages se met alors en place : de la part de Roberto, le père qui, malgré être dans un sale état de dépression est toujours là pour soutenir sa fille ; plus marquant, de la part d’une jeune fille qui se laisse moquée dans les pires conditions pour soulager son père. Alejandra est exposée à des épreuves de torture pure cause de ses faux amis pour une erreur infantile. Cependant, elle ne semble jamais perdre sa candeur, sa fierté et sa dignité. On la voit toujours la plus proche de nous, métaphoriquement mais aussi physiquement dans un gros plan sublime (le seul, d’ailleurs), le reste des personnages se perdant dans l’énorme profondeur de champ choisie par Michel Franco.

Le film touche l’apogée lors d’un voyage de classe à  Veracruz où l’empathie pour Alejandra ne peut pas aller plus loin, et on est donc prêts de la quitter et la laisser chercher son indépendance. Chargé de la justice (un choix inattendu de soulagement par Franco qui desservit aussi le poste de scénariste) Roberto calme l’atmosphère  par une activité qu’autrement semblerait immorale.

Un goût amer n’est pas forcément associé à une expérience amère. On pourrait donc conclure que le mythe de Lucía sommes nous, les spectateurs. Franco nous met dans une position privilégiée qui mérite d’aller voir son film dans une salle de cinéma puisqu’on sortira sûrement avec « Un Certain Regard » dans la poche.

Courts métrages : nos coups de coeur

Comme nous l’avons déjà évoqué, le jury du festival a décidé de récompenser l’œuvre de L.Rezan Yesilbas pour son court-métrage Sessiz-be deng. Déception ? Oui, notre palmarès était tout autre !

Parmi les courts-métrages qui, selon nous, méritaient d’être récompensés :

 

YardBird de Michael Spiccia

Jusqu’ici réalisateur pour la publicité (notamment pour Publicis), Michael Spiccia se lance dans le cinéma et frappe un grand coup. Le rythme s’impose dès les premières images et l’immersion est instantanée. Au cœur du scénario, une jeune fille dont le prénom nous est tut, tout autant que sa voix, puisque aucun mot ne sortira de sa bouche au cours de ces 13 minutes. Son mutisme très parcimonieux renforce les traits tourmentés de ce personnage qui semble oppressé. Oppressée par la vie, oppressée par le personnage qui semble être son père, mais aussi oppressée par autre chose, quelque chose de supérieur et que nous percevons mal. Ce sixième sens, que semble posséder la fillette lui « offre » accès à la détresse des autres et l’empêche d’y rester indifférente. Mais comment pourrait-elle survivre à ce terrible et inhumain fardeau sans un appui, une force elle aussi surhumaine ? Un conseil, si son nez commence à saigner de façon impromptue, courez. Et vite.
Avec son rythme entraînant, ce court métrage nous tient en haleine du début à la fin et livre un spectacle charmant, notamment grâce à ses effets spéciaux particulièrement réussis. Bref, une reconversion réussie.

 

The Chair de Grainger David

Ce court-métrage, certains le détesteront à cause de la voix du jeune acteur Khari Lucas, qu’ils jugeront monotone tout au long du film, ou à cause d’une thématique reprise des grosses productions à l’américaine : une épidémie s’empare de la population et fait des ravages. Nous, on a adoré. The chair est original, poétique, et très esthétique. L’histoire progresse autour de la mort de la mère du jeune garçon, emporté par une moisissure empoisonnée, une épidémie dont on ne connaitra pas l’origine mais les conséquences sur la vie des gens. Et surtout, la souffrance silencieuse du garçon qui s’interroge sur la nature et sa suprématie sur l’homme, sur tout ce monde qui grouille sous terre et qui s’infiltre dans les corps humains. Les plans sont magnifiques, la voix platonique, à l’image d’un chaos inexplicable. La dernière scène : le fauteuil moisi brûle au bord de l’eau, devant le garçon et sa grand-mère qui espèrent que le geste symbolique anéantira l’épidémie. Enfin une production qui invite à l’humilité en imaginant l’épidémie à travers des yeux innocents, impuissants et non pas au travers de ceux qui parviendront à la combattre.

 

Chef de meute de Chloé Robichaud

Dans un tout autre style, le court métrage Chef de meute réalisé par Chloé Robichaud a su tirer son épingle du jeu. Préférant une trame humoristique à une thématique dramatique, ce film est une bouffée d’air frais, après une sélection traitant de sujets particulièrement durs. Trentenaire célibataire, Clara subit quotidiennement les moqueries de sa famille sur son statut de vieille fille. A la mort de sa tante, cette dernière se voit hériter du chien de la défunte. Le problème ? Clara, habituée à ne s’occuper que d’elle-même a du mal à supporter ce nouvel habitant qui vient chambouler sa vie. Dans ce film, qui joue sur l’opposition de ces personnages, la réalisatrice nous fait agréablement rire ! Les répliques fusent et les contextes familiaux nous rappellent des scènes quotidiennes de manière exagérée et décalée. Le tout est justement interprété, et l’accent québécois des acteurs, totalement irrésistible, participe au charme de ce joli court-métrage.

 

Josué, Aurélie  & Audrey

8h30 Chrono

Il ne faut pas se faire d’illusions ! Ne vouez pas votre confiance absolue aux images que vous pourriez voir de ci de là et qui dresseraient un tableau à forte sémantique vacancière. Et bien non, figurez-vous qu’être festivaliers, ce n’est pas de tout repos.

Petit jeu de vrai ou faux pour savoir ce qui fait une vraie journée de festivalier.

[learn_more caption= »La Grasse Mat’ « ]

FAUX !

Chaque matin, il faut être connecté à 8h30 pour s’inscrire aux séances qui nécessitent une invitation. Pour cela 3 solutions :

1. Au palais du festival, connexion sur les bornes libre-accès.

Public : Levés à 7h pour être fins près à l’heure fatidique…Eux ils sont vraiment motivés.

2. Dans la salle du petit dej’ de l’hotel, connexion sur PC ou sur les applications mobiles.

Public : Les réveils respectifs s’échelonnent entre 7h30 et 8h28. A tendance un peu geek, ce public se lève plus ou moins tard selon son niveau sur l’échelle du geek.

3. Dans le lit, aucune connexion avec l’extérieur, finition des rêves et du capital sommeil.

Public : No stress, il reste les séances avec badges !  [/learn_more]

[learn_more caption= »Se coucher tôt « ]

FAUX !

Le couvre feu, ce n’est pas pour nous. Le retour au bercail pour le feuilleton du soir, encore moins. Habituellement, le pourtant bien mérité repos, se fait longuement désirer. A l’heure où le reste de la France se sustante de leur intellectuelle série de début de soirée, à Clap8, la part belle est faite à la douche, au smoking ou à la robe de soirée, au noeud papillon ou au maquillage en prévision de la projection de 22h30.
Montée des marches, projection, debriefing avec nos chers professeurs, after pour fêter le succès du film (ou oublier son existence, au choix), le programme est bien trop chargé pour envisager rejoindre les bras de Morphée avant 3h voire 4h du matin. Le tout, dans l’attente d’un réveil qui respecte les règles de la partie précédente, of course !
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[learn_more caption= »Plus de batterie  « ]

VRAI !

Il est évident qu’en bons étudiants d’InfoComm’, nous sommes équipés en tant que tels ! Nos smartphones en bons compagnons de poche, nous arrosons abondamment les réseaux sociaux de récits illustrés de nos aventures provençales au plus grand désespoir de nos « followers ». Inconvénient majeur : cette utilisation intensive provoque la fonte comme neige au soleil de la batterie de nos bijous de technologie. Du coup, pour éviter de devoir survivre de 18h à à 1h du matin sans téléphone, ce qui reviendrait à nous amputer de cette extension de cerveau, nous développons de nouvelles parades sur mesure. Première solution de base, recharger son téléphone toutes les nuits et ne le débrancher qu’en quittant la chambre. Seconde solution : toujours avoir son chargeur sur soi et squatter un café entre deux séances pour recharger. Solution d’ultime détresse : ETEINDRE son téléphone pendant les séances ! Mais ça c’est vraiment en cas de force majeure.
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[learn_more caption= »Prendre un verre avec les profs « ]

VRAI !

Il est minuit, Clap8 se laisse porter par la calme et délibérante foule pour quitter le Théâtre Louis Lumière. Mais le festival ne serait pas LE festival si le retour à la case hôtel était immédiat. Après tout, nous sommes à Cannes ! Alors l’objectif numéro un : retrouver nos profs qui nous attendent à la sortie pour aller savourer un Mojito au Grand Hôtel ou au Martinez en debriefant le film. Normal non ?
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Voilà, j’espère que vous voyez un peu mieux en quoi consistaient nos belles et sportives journées cannoises !

The Central Park Five : Wilding ?

 

.. Burns est bien évidemment passionné par les droits civils, et il attribue la condamnation du Central Park et l’hystérie entourant le crime, au racisme de la société systématique et généralisée

Auteur du monumental « The Civil war », le documentariste Ken Burns vient de réaliser avec sa fille Sarah Burns (auteur du livre de cette affaire) et David McMahon, « The Central Park five », relatant une terrible erreur d’affaire judiciaire situé à New York en 1989, qui a bouleversé toute l’Amérique à peine sortie du combat contre la ségrégation. La vie et l’entourage de plus précisément, cinq jeunes de 14 à 16 ans, vont être renversés. Réputé grâce à ses documentaires « La guerre civile » ou « La Guerre », l’Américain Ken Burns relate à travers ce film documentaire un combat inéquitable, celui qui oppose le système judiciaire américain à cinq jeunes adolescents noirs et hispaniques, accusés à tort du viol d’une joggeuse à Central Park en 1989, c’est alors que l’on comprend que Ken Burns a abordé en globalité, l’histoire des Etats-Unis sous l’angle de la « race ».  En deux heures denses, le réalisateur retrace les différentes étapes de cette effroyable erreur judiciaire. Les analyses ADN ont beau disculper les accusés les jeunes adolescents, ils seront tout de même condamnés et emprisonnés. Et même les aveux du véritable coupable, quelques années plus tard, ne suffiront pas à faire changer d’avis quelques journalistes aveuglés par leurs préjugés. De nombreux intervenants, des archives éclairantes, pas d’effet superflu : tel est le choix de Ken Burns, qui a co-réalisé ce The Central Park Five (présenté à Cannes en Séance spéciale : « Un certain regard »). Une sobriété du traitement qui n’empêche pas l’émotion. C’est le talent des bons documentaristes de savoir trouver le cinéma, de créer l’information dans le réel. Les réalisateurs ont bénéficiés des services de récits de chaque adolescents qui ont aujourd’hui la trentaine  et qui dessinent leur portraits extraordinairement précis d’eux-mêmes, qui évoquent aussi bien ce qu’était la vie d’un jeune d’Harlem.

Tant d’indignation dans le traitement de ces jeunes new-yorkais, en particulier lors du verdict de la justice, où je ne vous cacherai pas, ont coulé des larmes de colère.

 

 

Paradise Liebe – Ulrich Seidl

Ce n’est pas tant l’exotisme des décors que Teresa et ses amies viennent chercher lors de leurs vacances au Kenya que celui des hommes. Ulrich Seidl dénonce dans Paradise Liebe le commerce sexuel et les clichés ravageurs dont font preuve les occidentales entre deux âges qui viennent ici dans le seul but de s’offrir un peu de plaisir. Mais ça ne prends pas, la visée n’est pas affirmée et la litanie de stéréotypes racistes finit par lasser, de même que ces images continuelles de nudités, jeunes corps noirs bien faits contre chair blanches flasques. On se demande quel est l’intérêt de cette exhibition et quelle part réelle elle apporte au film. Le scénario est léger, la construction hasardeuse. C’est dommage car l’idée de montrer la réalité nue, la misère sociale, la solitude, l’angoisse des corps vieillissants, qu’on ne regarde plus, d’entendre la voix triste de ces femmes qui ne s’appartiennent plus et qui cherchent – au delà des caresses sur leurs rondeurs – un regard sur elles, qui les ferait exister – cette idée là est forte mais mal exploitée. On retient néanmoins quelques scènes : la délimitation sur la plage entre les clientes occidentales et la ligne immobile des vendeurs noirs qui attendent qu’elles franchissent la petite barrière pour les aborder, image évidente du fossé qui sépare ces deux univers si éloignés ; le rire éclatant de Inge Maux alias Teresa qui l’embellit soudain et laisse percer, un instant, la femme tendre derrière ses airs cynique de néocolonialiste assumée ; la mer, l’horizon, qui s’étendent et qu’on ne peut toucher, à l’image du sentiment que Térésa cherche à tout prix dans le lit des hommes noirs ; sentiment qu’elle ne trouve finalement jamais.

The Angels’ Share

A Glasgow, Robbie, jeune père de famille est sans cesse rattrapé par son passé de délinquant, lorsqu’il croise la route d’Henri, éducateur dans le cadre de ses travaux d’intérêt général. Ce dernier initiera en secret Robbie et la petite bande de délinquants qui l’accompagne, à l’art du Whisky. Robbie se découvre alors un don. Va-t-il le transformer en arnaque ou en un avenir plein de promesses ?

Ken Loach revient avec une jolie comédie douce-amère, toujours soucieux d’exposer les réalités sociales. Il nous parle avec son humour anglais d’une jeunesse écossaise qui se cherche, se rebelle, et se trouve. Au travers d’un « Roi Arthur’ des temps modernes, en quête de son Saint Graal et entouré de ses chevaliers, Ken Loach réussit enfin à nous faire rire, au milieu d’une sélection cannoise assez dure. Et si The Angels’ Share restera un film mineure de sa filmographie, le réalisateur britannique remporte son pari d’aborder ce thème sensible avec légèreté et s’impose comme l’un des réalisateurs majeurs de Grande Bretagne. C’est en tout cas l’avis de Nanni Moretti et son équipe, qui décident de récompenser le film par le Prix du Jury. Cheers !

« Amour » ou l’évidence de la Palme d’or !

Quel talent !

Le réalisateur autrichien Michael Haneke nous livre encore un grand moment de cinéma ! Son film « Amour » est le Grand gagnant de ce festival avec l’attribution de la Palme d’or. Et ce serait peu dire que ce choix est mérité.

D’ailleurs Jean-Louis Trintignant lui même l’a dit, « Haneke est l’un des plus grands cinéastes du monde ». Son film « Amour » conte la difficile vieillesse d’un couple. Personnages magnifiquement interprétés par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, tous deux respectivement âgés de 81 et 85 ans. Ces deux acteurs qui ont traversé l’histoire du cinéma marqueront à jamais la 65ème édition de ce Festival de Cannes.

Il est vrai qu’ils sont l’essence de ce film. Ils l’ont fait à tel point que le spectateur pense assister à un scénario réel. La beauté de ce film se trouve dans le souci de réalisme que le réalisateur nous présente. Le spectateur s’attache tout de suite aux personnages et est touché par les malheurs dont ils sont les cibles. L’histoire ? Un mari amoureux qui accompagne attentivement son épouse qui s’en va vers la mort. Rien de plus touchant que de voir un homme se dévouer à la seule femme qu’il n’a jamais aimé et cela jusqu’à la fin et surtout au détriment de sa propre vie. La performance des deux acteurs est sublime et a d’ailleurs été salué par le président du jury Nanni Moretti qui a insisté sur leur « contribution fondamentale ».

Michael Haneke avec cette deuxième palme d’or, la première remporté en 2009 avec son fil « Ruban blanc », a réussi son pari de marier maîtrise technique et émotion authentique. Il rejoint ainsi Francis Ford Coppola, Bille August, Emir Kusturica, Shohei Imamura et les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne au rang des cinéastes ayant reçu deux fois le précieux trophée.

L’émotion du film a d’ailleurs été présente lors de la cérémonie de remise des prix. Le réalisateur et ses acteurs principaux tous réunis sur l’estrade ont ému la salle. Monté sur scène sous une pluie d’applaudissements Michael Haneke s’est vu accompagné de ses deux acteurs malgré une difficulté à se déplacer. Leurs discours ont bouleversé la salle surtout celui du réalisateur qui a définit ce film comme une promesse qu’ils se sont faits avec sa femme. Jean-Louis Trintignant quant à lui a fait couler quelques larmes du fait de sa fragilité et de la fin de son discours qui cite Jacques Prévert : « Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ? ».

Alors certains seront peut-être déçus, d’autres vont sans doute le trouver lent ou encore long mais une chose est sûre, l’amour sans être dit est représenté par des gestes qui en émouvront beaucoup plus.Le spectateur sera pris aux tripes !

Cependant, pour avoir la chance de le découvrir dans les salles, il faudra attendre le 24 Octobre prochain… alors bon courage !

Les courts métrages de Cannes 2O12

Le réalisateur turc L.Rezan Yesilbas, âgé de 34 ans, s’est vu décerné le prix du meilleur court-métrage pour « Sessiz-Be Deng » autrement dit « Silencieux ». Le film retranscrit l’histoire d’une femme qui en 1984, à Diyarbakir cherche à rendre visite à son mari alors emprisonné. Pour ma part, je ne suis pas de l’avis du jury ! Mais qui suis-je pour me permettre de porter un jugement sur sa décision ? Seulement une étudiante qui souhaite apporter son point de vue vis à vis des court-métrages qui lui ont été proposés durant le Festival. Et le gagnant ? Je me suis ennuyée et n‘y ai pas été réceptive du fait sans doute de sa lenteur et de son manque d’émotion. Pour les autres courts-métrages à l’affiche, ce fut le contraire car ils proposent un partage de sensations très plaisant pour le spectateur ! Mais lesquels sont-ils ?

Parlons d’abord du court métrage  « Cockaigne » d’Emilie Verhamme qui nous plonge au cœur d’une histoire dotée d’un souci de réalisme impressionnant. Le spectateur se retrouve face à une situation qui pose des questions sur l’immigration. L’histoire est celle d’un Ukrainien qui décide de quitter son pays avec ses deux fils pour s’installer à Bruxelles. Leur espoir ? Y trouver une vie meilleure. Cependant, dès leur arrivée, ils déchantent et réalisent que la vie est bien plus dure qu’ils ne le pensaient notamment du fait du manque de solidarité entre les immigrés. L’immigration : un sujet au cœur de nombreuses préoccupations.

Autres sujets d’actualité, la pauvreté et la précarité qui touchent beaucoup plus d’individus que ce que l’on croit. « Night Shift » de Zia Mandviwalla retranscrit de manière réelle les conditions difficiles d’une femme vivant dans sa voiture avec ses deux filles. En période d’essai pour un emploi de nuit comme « femme de ménage » au sein d’un aéroport, le film nous montre comme il lui est difficile d’avoir une vie sociale, de nourrir sa famille, de se laver, de garder son emploi …  Autant de situations qui ont réussi à émouvoir le spectateur et qui mettent en avant le sentiment d’inquiétude qu’il véhicule.

Quand à Michael Spiccia, il crée la surprise avec « Yardbird » grâce à son personnage central. Une jeune adolescente qui possède un pouvoir surnaturel et qui s’en sert pour protéger les siens! Une histoire fantastique qui réveille le spectateur en l’étonnant.

Je ne vous en dis pas plus mais vous laisse découvrir ce court-métrage ainsi que les autres avec nos coups de cœur. Humour, réalisme et originalité seront au rendez-vous…

Rencontre avec Reza Serkanian, réalisateur et sélectionneur Cannois

Membre du comité de sélection Acid (Association de Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) du festival de Cannes, nous avons rencontré Reza Serkanian, qui nous livre son parcours et son point de vue sur le festival de Cannes 2012.

Il a 17 ans quand il réalise son premier court-métrage, et en a réalisé une quinzaine depuis. Il a intégré une école de cinéma en spécialité de chef opérateur d’images alors que son expérience dans le court-métrage était déjà étendue. Pour le projet cinématographique à rendre à la fin de ce cursus, il avoue avoir présenté un de ses court-métrages réalisé avant son entrée dans cette école… Pas peu fier de sa supercherie, Reza Serkanian aura impressionné le jury de cette école et plus tard celui de la sélection d’Acid  pour Cannes 2011, avec son premier long-métrage présenté en film d’ouverture d’Acid. Côté distribution, l’association a permis à son film d’être montré d’abord à une vingtaine de salles, pour en atteindre 110 quelques mois plus tard. Pourtant cette jolie ascension n’était pas gagnée : Entre l’idée de ce film et sa réalisation, Reza Serkanian s’est heurté entre autres aux difficultés de financement. S’il médite sur son projet  à partir de 2006, le tournage ne commence que fin 2009 grâce à un budget octroyé par le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée). Aujourd’hui, le réalisateur a fait du chemin et est heureux de faire partie cette année du comité de sélection d’Acid, qui fête en 2012 ses 20 ans, soutient des films d’auteur originaux et la plupart du temps à petit budget. Il soutient cette année un film israélien, « Charquya », présenté en film d’ouverture de la sélection Acid. Il plaisante en disant qu’il est devenu un « one man show », grâce à l’aide d’Acid : pendant 4 mois, il a participé à une centaine de débats publics sur « Noces éphémères » à travers la France.

Nous n’avons pas pu nous empêcher de lui demander qu’il nous fasse part de son sentiment sur les films de la sélection Cannoise. Le jour de notre rencontre, Reza Serkanian avait vu « Mud » de Jeff Nichols et « Do-nui mat » (The taste of money) d’Im Sang-Soo.  Déception pour les deux, qui ne méritent pas d’apparaître en sélection officielle selon lui : « Mud est un bon film mais vraiment pas passionnant, sans surprise et trop conventionnel pour mériter la sélection officielle de Cannes ». La désillusion est aussi forte pour «Do-nui mat », et pour la sélection de cette année plus généralement : sur les dix films qu’il a vu jusqu’ici, il constate que cinq ou six  jouent de la violence car ils ne parviennent pas à surmonter la plus grande difficulté d’un film méritant la sélection cannoise : «parvenir à faire quelque chose qui se tient pendant deux heures sans tomber dans la facilité, c’est-à-dire sans recourir au sexe et à la violence qui réveillent le spectateur, même inconsciemment ». C’est quand un film parvient à captiver Reza Serkanian dés le début mais qu’il « décroche » en cours de route qu’il dit se sentir trahi, comme si le réalisateur avait sali la confiance que le spectateur lui accorde…

Reza Serakanian va profiter de ses dernier instants à Cannes avant de retourner à Paris et de parcourir les campagnes françaises cet été pour réaliser un nouveau long-métrage qui portera sur le monde rural. On lui souhaite une belle réussite !